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Facebook & cie en ont-ils fait assez pour combattre la désinformation?

FILE - This April 26, 2017, file photo shows the Twitter app icon on a mobile phone in Philadelphia. A tech-focused civil liberties group on Tuesday, June 2, 2020, sued to block President Donald Trump's executive order that seeks to regulate social media, saying it violates the First Amendment and chills speech. Trump's order, signed in late May, could allow more lawsuits against internet companies like Twitter and Facebook for what their users post, tweet and stream. (AP Photo/Matt Rourke, File) Photo:
Matt O'Brien et Mae Anderson - The Associated Press

Avant les élections, Facebook, Twitter et YouTube ont promis de réprimer la désinformation électorale, y compris les accusations non fondées de fraude et les déclarations prématurées de victoire des candidats. Et c’est essentiellement ce qu’ils ont fait — mais pas sans quelques hoquets.

Mais dans l’ensemble, leurs mesures n’ont pas vraiment résolu les problèmes exposés par la présidentielle de 2020, affirment les critiques des plateformes sociales.

«Nous voyons exactement ce à quoi nous nous attendions, ce qui n’est pas suffisant, en particulier dans le cas de Facebook», a déclaré Shannon McGregor, qui est professeure adjointe de journalisme et de médias à l’Université de la Caroline du Nord.

Un test a émergé tôt mercredi matin alors que le décompte des voix se poursuivait dans les États chaudement contestés, notamment le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie.

Le président Donald Trump a fait une apparition à la Maison-Blanche devant ses partisans, déclarant qu’il contesterait les résultats du scrutin. Il a également publié des déclarations trompeuses au sujet de l’élection sur Facebook et Twitter, après des mois à signaler ses doutes non fondés sur l’élargissement du vote par correspondance et son désir de résultats définitifs des élections à la fermeture des bureaux de vote le 3 novembre.

Alors, qu’ont fait les entreprises technologiques à ce sujet? Pour la plupart, ce qu’elles ont dit qu’elles feraient, soit étiqueter les messages électoraux faux ou trompeurs afin de diriger les utilisateurs vers des informations fiables. Dans le cas de Twitter, cela signifiait parfois masquer les publications incriminées, obligeant les lecteurs à cliquer sur les avertissements pour les voir. Pour Facebook et YouTube, cela signifiait surtout de joindre des informations faisant autorité aux publications liées aux élections.

Par exemple, YouTube, propriété de Google, a montré une vidéo des propos de M. Trump à la Maison-Blanche suggérant une fraude et des victoires prématurées, tout comme l’ont fait certaines chaînes d’information traditionnelles. Mais Google a placé un «panneau d’information» sous les vidéos indiquant que les résultats des élections pourraient ne pas être définitifs et renvoyant à la page des résultats des élections de Google avec des informations supplémentaires.

«Ils apposent simplement cette petite étiquette aux messages du président, mais ils les apposent à tout politicien parlant de l’élection», a déploré Mme McGregor, qui a blâmé à la fois les géants de la technologie et les médias traditionnels pour avoir abdiqué leur responsabilité de limiter la propagation de désinformation sur les résultats des élections au lieu d’amplifier un mensonge simplement parce que le président l’a dit.

«Permettre à toute fausse déclaration de se répandre peut amener plus de gens à l’accepter une fois qu’elle est là», a-t-elle déclaré.

M. Trump n’était pas le seul à se mériter de telles étiquettes. Le sénateur républicain Thom Tillis s’est valu une étiquette sur Twitter pour avoir déclaré sa réélection prématurée en Caroline du Nord. La même chose est arrivée à un responsable démocrate affirmant que l’ancien vice-président Joe Biden avait remporté le Wisconsin.

La vague d’affirmations de M. Trump qui a commencé tôt mercredi matin s’est poursuivie après le lever du soleil sur Washington. En fin de matinée, M. Trump lançait sur Twitter une plainte non fondée selon laquelle son avance précoce dans certains États semblait «disparaître comme par magie» à mesure que la nuit avançait et que de plus en plus de bulletins de vote étaient comptés.

Twitter l’a rapidement rabroué avec un avertissement disant que «la totalité ou une partie du contenu partagé dans ce message est contestée et pourrait être trompeuse au sujet d’une élection ou d’un autre processus civique». Twitter a appliqué au moins trois avertissements aux gazouillis de M. Trump mercredi, ce qui rend plus difficile pour les internautes de voir les messages sans avoir d’abord lu l’avertissement.

Une grande partie du ralentissement de la compilation des résultats était largement prévue depuis des mois, car la pandémie de coronavirus a conduit de nombreux États à faciliter le vote par correspondance, et des millions de personnes ont choisi de voter de cette manière plutôt que de s’aventurer à voter en personne. Les bulletins de vote par correspondance peuvent prendre plus de temps à dépouiller que les bulletins de vote déposés en personne.

Dans un article du 3 septembre, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a déclaré que si un candidat ou une campagne tentait de déclarer la victoire avant que les résultats ne soient annoncés, le réseau social étiquèterait sa publication pour noter que les résultats officiels ne sont pas encore connus et dirigerait les gens vers les résultats officiels.

Mais Facebook a apparemment limité cette politique aux candidats officiels et aux campagnes. Les messages d’autres personnes qui ont déclaré une victoire prématurée dans des États spécifiques n’ont pas été signalés.

Twitter était un peu plus proactif. Sur la base de sa «politique d’intégrité civique» mise en œuvre le mois dernier, Twitter a déclaré qu’il étiquèterait et réduirait la visibilité des messages contenant «des informations fausses ou trompeuses sur les processus civiques» afin de fournir plus de contexte. Il a étiqueté les messages de M. Trump déclarant une victoire prématurée ainsi que les affirmations du président et d’autres concernant une victoire prématurée dans des États spécifiques.

Les actions sur Twitter et Facebook étaient un pas dans la bonne direction, mais pas si efficaces — en particulier dans le cas de Twitter, a estimé Jennifer Grygiel, une professeure à l’Université de Syracuse et une experte des médias sociaux.

C’est parce que les gazouillis de personnalités peuvent obtenir une traction presque instantanée, a expliqué Mme Grygiel.

Ainsi, même si Twitter a signalé les messages de M. Trump plusieurs minutes après leur diffusion, la désinformation s’était déjà répandue. Mercredi, le gazouillis de M. Trump se plaignant à tort que les travailleurs électoraux «travaillaient dur» pour que son avance dans le décompte en Pennsylvanie «disparaisse» n’a pas été étiqueté pendant plus de 15 minutes et n’a pas été obscurci.

Mme Grygiel a suggéré que, pour des personnalités comme M. Trump, Twitter pourrait pré-modérer les publications en retardant la publication jusqu’à ce qu’un modérateur humain puisse décider si elle a besoin d’une étiquette. Cela signifie que les messages signalés seraient publiés avec une étiquette, ce qui rendrait plus difficile la diffusion de fausses informations non étiquetées, en particulier lors d’événements importants comme l’élection.

C’est moins un problème sur Facebook ou YouTube, où les gens sont moins susceptibles d’interagir avec les publications en temps réel. YouTube pourrait devenir plus problématique au cours des prochains jours, a suggéré Mme Grygiel, si les fausses allégations de M. Trump sont adoptées par les youtubeurs qui analysent l’élection.

«En général, les plates-formes ont des politiques en place qui sont une tentative de faire quelque chose, mais en bout de compte, cela s’est avéré assez inefficace, a déclaré Mme Grygiel. Le président s’est senti habilité à lancer ses allégations.»

Matt O’Brien et Mae Anderson, The Associated Press

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