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Charles Richard-Hamelin: Un succès pas si piano

Photo: Elizabeth Delage/Collaboration spéciale

Un peu plus d’un an après avoir remporté la médaille d’argent au prestigieux Concours international de piano Frédéric-Chopin, Charles Richard-Hamelin surfe toujours sur la vague du succès. Conscient que ce dernier est «souvent éphémère», il croit qu’il doit «continuer de s’améliorer».

Mardi soir, au Théâtre Outremont, vous présentez un récital tout Chopin. Pourquoi revenez-vous toujours à ce compositeur?
Parce que c’est de la musique que tout le monde aime, évidemment!

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans le langage musical de Chopin?
C’est de la musique qui est très lyrique et les harmonies sont très avancées pour l’époque aussi. Tout le monde, même ceux qui ne connaissent pas beaucoup la musique classique, peuvent apprécier Chopin. C’est à la fois très accessible instantanément, et très profond et complexe.

Malgré cette complexité, ça ne sonne pas lourd. Est-ce là un trait que vous appréciez?
C’est vrai que c’est rarement lourd, comme peut l’être Liszt, par exemple, et j’aime que ce soit aérien. Mais il n’y a rien de facile dans Chopin, surtout pas dans les dernières pièces, qui ont un contrepoint extrêmement compliqué. C’est de la musique difficile à interpréter.

Vous avez lancé un second album à l’automne sur lequel il y a du Chopin, mais aussi du George Enescu, un compositeur qui a œuvré surtout au XXe siècle. Souhaitez-vous enregistrer davantage de répertoire plus moderne?
Enescu, j’ai écouté son octuor en concert un jour et je me suis embarqué dans une longue recherche pour le découvrir. Il n’a pas écrit énormément pour piano, mais la Suite no 2, que j’ai enregistrée, je trouve que c’est un chef-d’œuvre du même niveau que les grandes pièces de Debussy ou de Ravel. Je suis content que des gens aient pu la découvrir grâce à mon enregistrement. J’utilise un peu la tribune qui m’a été donnée avec le concours Chopin pour donner une chance à certains compositeurs qui méritent d’être entendus et qui ne l’ont pas été.

À l’automne, en plus de lancer un nouveau disque, vous avez remporté le Félix de l’Album de l’année dans la catégorie Classique/soliste et petit ensemble pour Chopin. Après le concours Chopin, vous attendiez-vous à un tel succès?
La grosse surprise, ç’a été de recevoir le prix! Mais je savais que les récipiendaires des trois premiers prix du concours Chopin allaient recevoir des offres un peu partout dans le monde.

«Quand on étudie à l’université en musique, on travaille fort, mais il ne faut jamais croire que tout nous est dû. C’est impossible qu’il y ait de la place pour tout le monde.» –Charles Richard-Hamelin

Vous attendiez-vous à pouvoir vivre du piano un jour?
Vraiment pas! Je n’ai jamais eu ces ambitions-là et j’ai toujours été très réaliste. J’ai travaillé très fort et c’est sûr qu’il y a une part de talent, mais il y a aussi une énorme part de chance et j’en suis conscient. Je suis aussi conscient que la vague qui suit les concours est souvent éphémère. Tout indique que ça va continuer pour quelques années, mais il ne faut jamais que je le tienne pour acquis et je dois continuer de m’améliorer.

Songez-vous à enseigner?
L’enseignement ne fait pas encore partie de ma vie. J’ai été invité à donner quelques classes de maître et j’aime beaucoup ça. Étant donné que j’ai 27 ans, il n’y a pas une grosse différence d’âge entre les pianistes qui y jouent et moi. Ils trouvent mon parcours inspirant et je peux leur expliquer que tout le monde a accès à ce que je fais, avec un peu de talent, beaucoup de travail et énormément de chance.

À partir de janvier, vous arpenterez les salles du Québec. Au milieu de cette tournée, il y a un séjour au Japon. Est-ce particulier, un enchaînement Hiroshima-Terrebonne?
[Rires] Pour moi, c’est pareil de jouer partout. Que ce soit à Terrebonne, à Varsovie, à Prague… En fin de compte, c’est moi au piano qui joue la musique de grands compositeurs devant des gens. L’essentiel reste pareil. Mais j’aime beaucoup le Japon. J’y suis déjà allé deux fois depuis le concours. Ils ont des salles de concert fantastiques, un public très cultivé et respectueux. Les pianos aussi sont incroyables là-bas.

Vous allez faire une série de concerts avec le Quatuor Saguenay (anciennement Quatuor Alcan) en janvier. On vous connaît surtout comme soliste, mais appréciez-vous aussi la musique de chambre?
J’adore faire de la musique de chambre. On perd une certaine liberté, mais on gagne beaucoup avec ce que l’autre fait. On peut être inspiré par les choix de notre partenaire au niveau des nuances, du phrasé, du tempo. J’aime beaucoup cette tension dans la musique de chambre, surtout avec un partenaire qui écoute bien.

Récital tout Chopin
Mardi 20 h
Théâtre Outremont

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