Jérémie Renier: devenir Claude François
À 31 ans, Jérémie Renier, l’acteur belge révélé en 1996 dans La Promesse des frères Dardenne, a décroché le rôle le plus fort de sa carrière. Entretien avec un «Cloclo» plus vrai que nature.
À quel point êtes-vous «devenu» Claude François?
J’ai eu à un moment le fantasme de basculer, de m’oublier totalement pour n’être plus «que» le personnage. Que je me regarde dans le miroir un matin et que je me dise… C’est Claude François. Sauf que ce n’est pas possible. Même avec un maquillage fantastique, je restais Jérémie Renier! Heureusement d’ailleurs. Parce que le boulot d’acteur, c’est de glisser une part de soi pour donner de l’humanité à un personnage.
Que fallait-il éviter pour ne pas être un sosie de plus?
Comme c’est un personnage haut en couleurs, qui se caricature presque lui-même, il fallait être vigilant en permanence. Dans l’interprétation, mais aussi dans le look. On a essayé certaines coupes de cheveux de l’époque qui faisaient «too much» (sourire).
Psychologiquement, comment avez-vous abordé le personnage?
De façon générale, j’essaie de comprendre pourquoi un personnage agit comme il agit, les émotions qu’il traverse. Dans ce cas précis, l’idée de Florent-Emilio Siri, c’était de découvrir la vie de Claude François à travers ses yeux, comme si on était par-dessus son épaule en permanence. Si bien que même s’il est par moment tyrannique, exécrable, jaloux, on est touché.
La famille a-t-elle été une aide, parfois un frein?
Ils avaient des craintes, des questions. Ils se demandaient si on n’allait pas le présenter comme un monstre. Très vite, ses fils ont compris que si on devait raconter leur père, il fallait le faire dans toute sa «largeur». Dans ses côtés noirs comme dans les bons. Alors qu’une vision édulcorée, un portrait de fan l’aurait desservi.
Le côté maniaque de Claude François, son souci de perfection, font-il écho à votre façon de travailler?
Sa constante remise en question, son exigence, ça me parle, oui. Je suis quelqu’un qui se juge beaucoup, j’essaie des choses, je travaille dur mais je me dis toujours que je peux faire mieux. Sur ce film, je savais que j’étais attendu au tournant. Mais ça ne m’a pas «bouffé». Au contraire, c’était grisant.
Cloclo: La fabuleuse histoire de Claude François
En salle le 29 juin