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The Exchange, une leçon de cinéma signée Clint Eastwood

Jennifer Lesieur, Métro France

La couverture complète du Festival de Cannes: www.journalmetro.com/cannes 

 

Après un début timide, le festival s’enflamme pour L’Echange, le dernier film de Clint Eastwood.

Clint Eastwood n’est pas Indiana Jones, mais c’est tout comme. A la conférence de presse, on se pressait pour approcher la légende. Elégant et courtois, Clint aurait presque volé la vedette à une Angelina Jolie très en forme – dans tous les sens du terme. Mère de famille nombreuse, l’actrice pouvait s’attendre aux questions touchant à son expérience pour aborder ce personnage de mère courage. « Cette femme est très moderne pour les années 1920. Lorsque j’ai lu le script, je n’ai pas arrêté d’y songer. Mais j’ai dû aller plus loin que la simple identification. J’ai perdu ma mère quelques mois avant de tourner ; elle était douce et calme, mais quand il s’agissait de ses enfants, elle pouvait devenir une vraie lionne. Christine me faisait penser à elle. »

Clint Eastwood a été souvent interrogé sur son regard de justicier. Il admet : « Même avec un siècle d’écart, l’histoire peut se répéter, qui sait ? C’est toute une histoire des caractères humains, cette femme qui se bat contre une ville entière. » Basé sur des faits réels, le scénario s’est attaché à ne rien cacher des horreurs de l’époque : « J’ai incorporé tels quels les témoignages au tribunal et les rapports des médecins, ils sont vraiment effrayants à lire. » La quête de vérité du film est d’ailleurs à la source de sa création : « Les histoires vraies sont des intrigues plus complexes, conflictuelles et irrésolubles que la fiction, c’est ce qui m’intéresse le plus. » Le réalisateur aurait-il pu se donner un rôle devant la caméra ? Il rit : « Je suis trop jeune pour jouer l’un des enfants ! »

On évoque la rumeur d’un nouveau Dirty Harry ; il dément. Et si on lançait une autre rumeur, celle d’une Palme d’or ? Il sourit humblement : « Le festival est aussi une compétition, donc autant y participer ! Etre hors compétition serait trop tranquille… Pour autant, gagner un prix n’est pas le plus important pour moi, je suis juste heureux de pouvoir présenter mon film à Cannes. »

Critique express

  • L’échange (The Exchange)
  • Réalisateur: Clint Eastwood
  • Casting:Angelina Jolie, John Malkovitch, Jeffrey Eore

  • Le voilà, le grand film qu’on attendait depuis le début du festival. Clint Eastwood, à bientôt 78 ans, donne une leçon de cinéma magistrale en 2 h 21 dont on ne perd aucune seconde.

    Le sujet à lui seul a de quoi intriguer, entre film d’époque et thriller psychologique, à la limite du fantastique. L’histoire, réelle, commence à Los Angeles en 1928. Le fils de Christine Collins disparaît. Cinq mois plus tard, on lui ramène un enfant qui n’est pas le sien. Plus elle clame l’erreur, plus on la traite de folle. C’est que les pouvoirs publics, police et hôpitaux, sont corrompus jusqu’à la fibre… Au lieu de protéger Christine et repartir à la recherche du garçon, la police la fait interner. Pendant ce temps, un serial killer enlève et tue des enfants à la hache dans son ranch. « Ne commence jamais une bagarre, dit Christine à son fils au début du film, mais finis-la. » Cet adage, elle le mettra en Å“uvre pour contre-attaquer les puissantes institutions, épaulée par un pasteur clairvoyant (John Malkovitch) et un avocat généreux.

    Qu’admirer le plus ? Le suspense permanent, la reconstitution fine de l’époque, les couleurs délavées, l’interprétation éblouissante ? Bouleversante, Angelina Jolie n’est plus une belle plante : c’est une mère éplorée, qui puise dans son combat la force de repousser l’impossible deuil.

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