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Une pause en solitaire

Après avoir créé et mis en scène les très imposantes pièces de théâtre Incendies et Forêts, Wajdi Mouawad avait besoin d’une pause.

«J’avais besoin de passer par autre chose, avoue l’auteur au bout du fil en entrevue à Métro. J’avais besoin d’une remise en question profonde. Et cette remise en question, c’est Seuls.»

Cette dernière création, qui sera présentée dès le 9 septembre au Théâtre d’Aujourd’hui, met en scène un seul comédien : Wajdi Mouawad. Et elle est écrite par un seul auteur, qui signe aussi la mise en scène: Wajdi Mouawad.

Porté par des envies et des impulsions, notamment celle de la solitude, l’auteur libano-québécois s’est isolé dans un local de répétition. «Je ne savais pas quels étaient les liens entre toutes ces envies, dit-il. Comme elles ne me quittaient pas, le seul moyen de les comprendre était de les rencontrer dans le local de répétition.»

Ses réflexions en solitaire l’ont amené à créer le personnage d’Harwan, un Libanais exilé au Québec. Ce dernier, en pleine écriture d’une thèse de doctorat sur Robert Lepage, se rend jusqu’en Russie pour rencontrer l’homme de théâtre québécois. Puis, il se retrouve au musée de l’Ermittage, où il passe la nuit. Une profonde introspection s’ensuit.

«Il va réaliser que jusque-là, il a eu un rapport scolaire avec la vie, explique Wajdi Mouawad. La question « qu’est-ce que tu fais de ta vie? » nous amène à penser toujours à notre vie de manière scolaire. Au moment de mourir, on ne voudra surtout pas y répondre de manière scolaire. On espère tous qu’on ne répondra pas au moment de notre mort « j’aurai été auteur » ou « j’aurai été ingénieur ». Mais on ne pourra pas dire autre chose, parce que c’est ce qu’on a continuellement répété. Le personnage d’Harwan réalise que ce qu’il disait être ne donne aucun sens à sa vie.»

Près de la réalité

Wajdi Mouawad ne veut pas trop dévoiler l’histoire de cette pièce qu’il a créée
à l’Espace Malraux, à Chambéry, en Savoie. Mais, de prime abord, le personnage principal lui ressemble beaucoup.

«Même quelqu’un qui ne me connaît pas va pressentir que c’est très proche de moi, explique-t-il. C’est peut-être la différence entre Seuls et les autres spectacles. Ça vient du fait que c’est moi qui le joue, qu’il y a seulement moi sur scène et qu’il n’y a pas d’autres personnages sur lesquels je peux projeter des choses.»

Comme dans ses pièces précédentes, Wajdi Mouawad aborde la question de l’identité. Mais cette fois-ci, plutôt que d’explorer l’identité par rapport à son passé, son personnage l’analyse par rapport à son présent. «Seuls, c’est quelqu’un qui découvre l’importance du présent», mentionne-t-il.

Après cette pause qu’est Seuls, la réflexion de Wajdi Mouawad sur l’identité se poursuivra dans sa prochaine pièce. Le très attendu Ciels clôturera sa tétralogie qui compte jusqu’à maintenant Littoral, Incendies et Forêts.

Seuls
Du 9 septembre au 4 octobre au Théâtre d’Aujourd’hui

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