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Truffe: Au-delà du réel

Marc-André Lemieux, Métro

«C’est vraiment flyé!» s’est exclamée Céline Bonnier. «Je veux le faire», a pensé Roy Dupuis.

Voilà comment les deux acteurs ont réagi après avoir lu le scénario de Truffe, le deuxième long métrage de Kim Nguyen. Présenté en ouverture du Festival Fantasia un peu plus tôt cet été, le film arrive en salle vendredi prochain.

Truffe nous transporte dans un monde parallèle. En 2010, dans les sous-sols du quartier d’Hochelaga-Maisonneuve, des gisements de truffes noires prolifèrent. La population du coin en profite pour se remplir les poches. Chaque jour, ils sont nombreux à partir à la recherche de ces étranges petits champignons pour arrondir leurs fins de mois.

Comme tout ce qui monte redescend, cette nouvelle opulence ne dure qu’un temps et la misère des débuts refait rapidement surface. Ce dur retour à la normale coïncide avec l’arrivée d’une mystérieuse et inquiétante compagnie dont l’unique objectif est de contrôler la production mondiale de truffes noires.

C’est fantastique

Le fantastique n’est pas le genre le plus en vogue chez les réalisateurs québécois. Rares sont les cinéastes qui ont exploré le style, et encore plus rares sont ceux qui ont récolté du succès en cours de route, à l’exception des films Dans une galaxie près de chez-vous. Quoique ceux-ci ne mettaient pas en scène de mystérieux cols de fourrure qui, la nuit venue, s’attaquent à leurs vulnérables propriétaires…

«Je voulais voir si on pouvait pousser un peu plus loin la forme dans notre industrie», dit Kim Nguyen, qui avoue s’être inspiré des films de Gondry et de Kaurismäki au cours du tournage.

S’il n’a pas eu de problème à persuader Céline Bonnier et Roy Dupuis de prendre part au tournage, Nguyen a eu plus de difficulté à convaincre les grandes institutions de se joindre
à la fête.

«Je savais que c’était un film qui n’allait pas faire le consensus, dit-il. La SODEC lui a réservé un bel accueil, mais ça n’a pas été le cas avec Téléfilm, qui l’a rejeté catégoriquement. Ç’a été l’un des pires rapports de lecture que j’ai jamais vus!»

En noir et blanc

C’est en noir et blanc que Kim Nguyen a décidé de tourner Truffe. Un mode qui correspondait non seulement au budget limité du film (1,2 M$), mais qui répondait à la vision du cinéaste.

«On voulait que le spectateur soit conscient qu’il est dans un autre univers, où la logique n’appartient pas au monde de tous les jours», explique le réalisateur.

Alors que l’absence de couleurs a grandement influé sur le travail des maquilleurs et des costumiers, elle n’a pas joué sur celui des acteurs. Céline Bonnier y a même vu des avantages insoupçonnés.

«Quand je me levais fatiguée le matin pis que j’avais des poches sous les yeux, je me disais : « C’est pas grave, c’est noir et blanc… on ne le verra pas! »» raconte la comédienne en riant.

Désir = danger

Au-delà de l’exercice de style, Truffe se veut également une fable sur les dangers de la surconsommation.

«Je suis entré en période d’écriture semi-éveillée pendant un mois et j’en suis ressorti avec le symbole du fruit interdit : celui que tout le monde convoite et que tout le monde veut, mais qui n’apporte la satisfaction à personne», relate Kim Nguyen.

Nul besoin de souligner que le cinéaste espère que, contrairement à ses truffes fictives, Truffe saura répondre aux attentes du public.

Le retour au cinéma de l’ex- reine du petit écran

Truffe marque le retour de Michèle Richard au grand écran. Son dernier rôle au cinéma remonte à 1992. Cette année-là, on l’avait vu à moitié nue avec des cornes d’orignal sur la tête dans La Postière, de Gilles Carle.

Dans le long métrage de Kim Nguyen, l’ancienne reine de TQS se glisse sous la peau de Mme Kinsdale, une femme d’affaires énigmatique prête à tout pour prendre le contrôle du
marché des truffes noires.

La présence de la star chanteuse se veut un clin d’Å“il au cinéaste américain David Lynch (Blue Velvet, Lost Highway, Mulholland Drive), dont les films ont marqué l’imaginaire de nombreux cinéastes.

«Il réussit à superposer des icônes pop à un univers très particulier, explique Nguyen. Pour faire comme lui, je me suis demandé : « Qui représente le mieux la culture populaire québécoise? » Le nom de Michèle Richard m’est tout de suite venu à l’esprit.»

Truffe
En salle dès le 22 août

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