Retomber en adolescence avec À l'ouest de Pluton
Premier baiser, première bière, premier joint : l’adolescence est la période des intrigantes premières fois. C’est un moment très intense de la vie, fait de confrontations et de conflits avec l’extérieur.
C’est à cette courte, mais important période de l’existence que s’intéresse le premier film d’Henry Bernadet et de Myriam Verreault, À l’ouest de Pluton.
Décidés à mettre en images l’âge ingrat, les deux réalisateurs se sont tournés vers un cinéma-vérité, très proche du documentaire.
Ils ont fait appel à des acteurs non professionnels pour tenir les rôles de la dizaine de jeunes de 15 et 16 ans que l’on suit durant 24 heures.
C’est à leur ancienne école secondaire, au Mont-Saint-Sacrement, à Loretteville, près de Québec, que les cinéastes ont trouvé leurs interprètes. Ils sont allés voir leur ancien animateur de vie étudiante avec qui ils ont préparé quelques soirées d’auditions. Après la sélection, ils ont organisé plusieurs ateliers avec les jeunes pour dessiner les lignes directrices de leur scénario.
«Dans les ateliers, on leur faisait faire des scènes de la vie courante, explique Myriam Verreault. Il a fallu les convaincre que c’était intéressant de faire un film sur leur vie banale. Parce qu’au départ, ils voyaient un film avec des kidnappings et des meurtres. Quand ils ont compris que c’étaient eux qui nous intéressaient, ils ont vraiment embarqué.»
Inspirés par les jeunes
Le tournage a débuté en 2004, s’est poursuivi en 2005, pour se terminer en 2006. Il s’est tenu dans trois écoles de la banlieue de Québec ainsi que dans des quartiers résidentiels de Loretteville et de Charlesbourg.
Tout au long du processus, les deux réalisateurs se sont laissé guider par les adolescents.
«Il y a des jeunes qui étaient plus à l’aise si on leur mettait des mots dans la bouche, souligne Henry Bernadet. D’autres étaient meilleurs quand ils improvisaient les dialogues. On avait toujours un canevas de la scène, mais ils étaient libres de s’exprimer comment ils le voulaient.»
Ces libertés donnent donc des scènes plus vraies que nature où on a l’impression que les jeunes ont été filmés à leur insu.
«On ne voulait pas que ça soit trop lu, comme ce qu’on voyait dans Watatatow, ajoute-t-il. On a eu le temps de les diriger, de les mettre à l’aise. La période des ateliers d’improvisation nous a permis de créer un lien de confiance, ce qui fait que les acteurs sont plus naturels.»
En quatrième et cinquième années du secondaire lors du tournage, les jeunes ont été appelés à jouer surtout la fin de semaine.
«Pour eux, c’était presque une activité parascolaire, décrit Myriam Verreault. Il fallait qu’ils aiment ça pour les faire travailler les vendredis et samedis soirs! Coordonner les horaires d’une dizaine de jeunes a été un grand défi!»
Un défi qu’ils ont relevé et qui a été récompensé par une présence au Festival du nouveau cinéma. À l’ouest de Pluton se retrouve en compétition dans la sélection internationale.
Une belle victoire pour les deux cinéastes, qui ont au départ financé eux-mêmes leur projet qui a pris plusieurs années à voir le jour. Ils ont bien hâte de connaître la réaction des jeunes comédiens qui verront le film pour la première fois ce samedi, à la première mondiale.
Pas si différents
Avec ce plongeon dans l’adolescence, Henry Bernadet et Myriam Verreault ont d’ailleurs constaté que les ados d’aujourd’hui ressemblaient drôlement à ceux qu’ils ont eux-même été.
«Leur langage n’est pas celui qu’on utilisait, concède la jeune réalisatrice. Quand on essayait d’écrire des textes pour eux, ça faisait un peu matante. Mais ils nous ressemblent, ils sont peut-être même un peu plus allumés qu’on l’était à leur âge!»
À l’ouest de Pluton
À l’Ex-Centris
Demain à 21 h 15
Au Cinéma du Parc
Dimanche à 17 h
En salle le 17 octobre