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Grande Ourse: Les trois fantastiques

Marc-André Lemieux, Métro

Pour plusieurs, cinéma fantastique rime avec effets spéciaux. Et qui dit effets spéciaux, dit aussi gros budget. Voilà sans doute pourquoi le genre a rarement été exploité au Québec.

Frédéric Ouellet, l’auteur de la saga Grande Ourse  n’arrive toujours pas à comprendre la logique derrière ce raisonnement. Le scénariste ne s’explique pas cette peur d’explorer le surnaturel au grand écran.

«Je ne pense pas qu’on ait besoin de dépenser des dizaines de millions de dollars pour réaliser un bon film fantastique, observe-t-il. Prenez The Sixth Sense, par exemple. Du monde pendu qui apparaît de nulle part, une petite fille qui sort d’en dessous d’un lit, des portes qui s’ouvrent, pis qui se ferment… Tu peux faire peur au monde pour pas cher.»

C’est d’ailleurs le défi que se sont donné les artisans de Grande Ourse – La clé des possibles (en salle dès le 27 mars).

Le film, qui débarque au cinéma trois ans après la fin de la série télé, raconte la quête de Louis-Bernard (Marc Messier), qui fera tout pour sauver la vie de son meilleur ami, Émile Biron (Normand Daneau).

Pour y parvenir, il devra se transporter dans un monde parallèle afin de mettre la main sur la «clé des possibles», un objet légendaire permettant à son possesseur de visiter un nombre infini d’univers où toutes les possibilités de la vie prennent forme.

Grande Ourse – La clé des possibles a été réalisé au coût de 5,7 M$, une somme fort enviable pour un long métrage québécois, mais bien loin de celles dont bénéficient les productions hollywoodiennes à la Lord of the Rings.

«Les Américains nous ont habitués à des films fantastiques tape-à-l’Å“il, avec de gros budgets et de gros monstres. C’est plate. Le vrai cinéma fantastique, c’est beaucoup plus que ça.»

Patrice Sauvé (La vie, la vie, Cheech) abonde dans le même sens. Le cinéaste dit privilégier les Å“uvres qui se servent du fantastique comme tremplin poétique.

«Star Wars, c’est en fait l’histoire d’un père qui trouve sa rédemption en offrant sa vie pour sauver celle de son fils. Harry Potter, c’est la difficulté de se définir en tant qu’être humain, explique-t-il. C’est la même chose avec Grande Ourse, où des enjeux bien réels sont transposés dans ce qui devient une quête métaphorique.»

«Le personnage [joué par] Marc Messier vit avec la peur de perdre les gens qu’il aime, et ça l’empêche de s’embarquer dans une nouvelle relation. La « clé des possibles » le renvoie en fait à des choses qu’il n’a pas réglées, un deuil qu’il n’a pas fait… On aurait pu illustrer ça en racontant l’histoire de Monsieur taciturne qui, chaque jour, va chercher son journal sans oser parler à la fille derrière le comptoir, mais on a opté pour autre chose.»

Pour le plaisir
Le tournage de Grande Ourse – La clé des possibles a permis aux comédiens de toucher à un registre qu’ils ont rarement la chance d’explorer, particulièrement au Québec, où le cinéma fantastique se fait plutôt discret.

«C’était tripant à jouer, raconte Marc Messier. On passait notre temps à se sauver de quelqu’un ou à courir après quelqu’un. Quand je lisais le scénario, je me disais : « Mon Dieu! Ça n’a pas de bon sang! »»

«C’est très l’fun de faire semblant de voir des choses! s’exclame Fanny Mallette, qui campe le rôle de Gastonne. Mais pour ça, il faut faire confiance au réalisateur, parce que sinon, on a juste l’air fou!»

Du petit au grand écran
Grande Ourse n’est pas la première série télévisée québécoise à être portée au grand écran. Les belles histoires des pays d’en haut et Le survenant ont toutes deux été adaptées au cinéma au cours des dernières années. Après Séraphin, c’est maintenant au tour de Louis-Bernard Lapointe, d’Émile Biron et de Gastonne Béliveau de connaître leur moment de gloire en salle.

Même si le passage de Grande Ourse au cinéma leur paraissait naturel, le scénariste Frédéric Ouellet et le réalisateur Patrice Sauvé ont dû faire quelques ajustements pour donner corps à leur vision. «Pour éviter de m’éparpiller, j’ai dû abandonner tous les personnages secondaires, explique Frédéric Ouellet. Mais ça ne me gênait pas, parce que j’aime beaucoup Louis-Bernard, Émile et Gastonne. Je pourrais leur écrire des histoires pendant 10 ans. Je ne me tannerais jamais.»

«La rythmique narrative est totalement différente, ajoute Patrice Sauvé. À la télévision, il y a des pauses publicitaires, des fins d’épisode… Au cinéma, ce n’est pas la même game.»

Quatre ans plus tard
C’est en 2005 qu’est né le projet de long métrage de Grande Ourse, alors que la deuxième saison de la série n’avait pas encore pris l’antenne de Radio-Canada.

«On savait qu’on ne reviendrait pas, parce qu’ils n’avaient plus les moyens pour produire des séries lourdes», se rappelle Marc Messier.

À l’origine, les artisans de la série n’étaient pas tous convaincus de la pertinence de transposer la série au grand écran. De son propre aveu, l’actrice dienne Fanny Mallette (Gastonne Béliveau) appréhendait le projet.

«Je ne savais pas trop ce que ça allait donner, mais quand j’ai lu le scénario, j’ai vu qu’on avait un vrai film entre les mains», raconte-t-elle.

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