L’ascension de Kimbra
Les mélodies jazz-pop tonifiées de Kimbra nous font oublier que la jeune compositrice s’est d’abord fait connaître comme «chanteuse invitée».
Le nom vous dit quelque chose? Fort probable, car les radios commerciales de la planète entière ont joué en boucle cet été l’incontournable Somebody That I Used To Know, un duo indie-pop dans lequel le musicien australo-belge Gotye se vide les tripes à propos d’une ex-copine. Celle qui l’accompagne au micro, et surtout qu’on aperçoit dans le plus simple appareil, recouverte de peinture corporelle, dans le vidéoclip en stop motion, c’est la chanteuse néo-zélandaise Kimbra Lee Johnson.
La jeune compositrice au répertoire jazz-pop plutôt théâtral sillonne présentement le continent nord-américain afin de partager les mélodies accrocheuses de son premier album, Vows, dont plusieurs pièces datent déjà de cinq, voire six ans! «Certains font parfois l’erreur de penser que je jouis d’un succès instantané, nous dit Kimbra d’une voix délicate lorsqu’on la joint à Washington, en pleine tournée. En réalité, depuis l’âge de 10 ans, je travaille très fort. Mais je serai toujours reconnaissante à Gotye, car de nombreuses personnes ont ainsi découvert ma musique.»
La chanteuse au registre unique, qui attire déjà les comparaisons avec les voix tout aussi envoûtantes de Florence Welch et de Nina Simone, considère que la grande liberté créatrice qu’on lui a accordée à l’adolescence lui a permis de peaufiner son style aux accents soul. «Les jeunes artistes doivent souvent composer avec la pression d’un label qui veut sortir leur premier disque en vitesse, sans forcément soutenir leur vision.
«Après le secondaire, j’avais un tas d’idées et je me sentais prête à lancer un disque, mais mon producteur de l’époque voulait plutôt que je prenne le temps nécessaire pour inventer un son qui m’était propre. Avec le recul, je constate qu’il avait raison. J’ai ainsi pu explorer un tas d’idées farfelues et créer mon propre terrain de jeu.»
Celle qui a plié bagage pour Melbourne il y a quatre ans et qui cumule depuis peu les collaborations avec Foster the People, A-Trak, Miami Horror et même Tim Burton (pour son nouveau film, Frankenweenie) s’est installée pendant quelques semaines à Montréal en août dernier, afin d’enregistrer avec le producteur émérite Damian Taylor (Björk, The Killers).
Une expérience dont elle garde de précieux souvenirs. «J’ai passé l’année sur la route, alors pouvoir m’arrêter quelques semaines, c’était énorme pour moi! J’ai tellement aimé la ville! J’en ai profité pour pratiquer mon français, je suis devenue une adepte du Club Social et j’ai vécu de beaux moments de contemplation au parc du Mont-Royal. Quel bonheur!»
Kimbra
Au Théâtre Corona
Vendredi à 21 h