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Virginie Fortin: Je pense, donc je ris

Photo: Julie Artacho/Collaboration spéciale

Alors qu’elle mène trois projets de front cet automne, Virginie Fortin se donne la mission de terminer une maîtrise en philo avant ses 40 ans. Entrevue avec une artiste réfléchie.

Occupée, Virginie Fortin? Parallèlement à sa tournée de spectacles, l’humoriste-actrice-animatrice prend part à deux émissions au petit écran. «Tu me dis ça, et je me dis: “Seigneur, je vais être gossante cet automne!”»

Tout ça est un beau hasard, assure-t-elle. «Le plaisir est à la base de tout. Je ne veux pas jouer, animer ou être sur scène à tout prix. Mais tant que j’aurai la chance d’avoir des projets aussi galvanisants, j’espère pouvoir garder cet équilibre.»

Ces projets, ce sont son premier one-woman show, Du bruit dans le cosmos, la série Trop et l’émission L’heure est grave, qu’elle coanime avec Guillaume Girard.

«C’est ma première expérience d’animation à la télé, dit-elle à propos de L’heure est grave. Mais, c’est drôle, j’ai l’impression que c’est quelque chose que j’ai déjà fait.»

Son parcours en improvisation y est pour beaucoup. «En impro, on est appelé à jongler avec tous les outils, on porte tous les chapeaux. Ç’a été très formateur», affirme celle qui a fait ses classes dans le domaine notamment à Chicago et à Toronto.
Virginie Fortin a cheminé sans plan de carrière défini. «J’aime bien pousser les portes lorsqu’elles s’entrouvrent», résume-t-elle.

Après avoir fait un bac en littérature il y a une dizaine d’années, elle prévoyait faire des études supérieures, mais l’impro a pris le dessus.

«Maintenant, j’aimerais terminer une maîtrise en philo avant d’avoir 40 ans», laisse-t-elle tomber. Ah bon? «À 25 ou 26 ans, je voulais faire un doctorat. J’ai de multiples envies et ambitions», explique-t-elle.

En attendant, elle philosophe sur scène dans son premier one woman-show, Du bruit dans le cosmos. Dans ce spectacle, qu’elle décrit comme «existentialiste et niaiseux», l’humoriste porte un regard distancé sur l’humanité. «On stresse, on est triste, on est heureux, on capote… Mais tout ça, au final, c’est juste un peu de bruit dans le cosmos. Tout ce qu’on fait ici, lorsqu’on “dézoome” de la Terre, c’est tellement futile.»

À Télé-Québec, elle coanime L’heure est grave, qui aborde sous diverses formes des enjeux de société. «On ne parle pas de l’actualité du genre “Il y a eu une explosion à l’usine d’essuie-tout”, mais plutôt de l’actualité du genre “Crisse, il faudrait peut-être qu’on arrête d’en utiliser, des essuie-tout”», illustre-t-elle.

«C’est conséquent avec ce que je veux faire en humour, c’est-à-dire réfléchir sur des enjeux de société tout en me permettant une petite blague niaiseuse on the side.» – Virginie Fortin, à propos de L’heure est grave

Décrite comme un croisement entre Bazzo.TV et SNL Québec, L’heure est grave n’a pas peur d’aborder des sujets délicats. Dès la première diffusion, une blague a écorché le metteur en scène Robert Lepage, «celui qui a eu le plus chaud cet été, malgré son air conditionné de première classe». «Je pense que c’est une vérité de dire qu’il a eu chaud cet été. [Rires] Cela dit, on ne veut pas tomber dans le ton moralisateur, mais plutôt dans la réflexion, nuance Virginie Fortin. L’humour est le meilleur véhicule pour faire valoir un propos.»

Depuis deux semaines, on peut aussi revoir la comédienne sous les traits d’Anaïs, le personnage bipolaire qu’elle interprète dans Trop. «C’est un thème dont on ne parle pas beaucoup dans le milieu de la télévision, et surtout pas dans celui de la comédie, parce que c’est délicat. Mais l’écriture de Marie-Andrée Labbé est si sensible et brillante que ça réussit à être drôle, touchant et triste à la fois», assure-t-elle, visiblement fière de cette série et des tabous qu’elle déconstruit sur la maladie mentale.

L’affaire Rozon, un an plus tard
Près d’un an après l’éclatement de l’affaire Rozon, Métro a demandé à Virginie Fortin comment le milieu de l’humour a évolué depuis. «Rien n’a tangiblement changé, sinon que la porte de la conversation est grande ouverte, dit-elle. On a levé un flag et je ne trouve pas ça malsain du tout.»

Mais tout ça n’est que le commencement, selon elle. «On a tendance à penser que parce qu’on nomme le problème, on l’a réglé. C’est déjà une bonne étape de faite. Maintenant, peut-être qu’on peut travailler collectivement à rendre le milieu plus sécuritaire, plus équitable et plus agréable.»

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