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Dans la tête de Robert Lepage

C’était l’événement du 400e anniversaire de la ville de Québec, au même titre que la présence de Paul McCartney sur les plaines d’Abraham et la polémique qui s’en est suivie.

Contrairement à l’ex-Beatles, il est de retour cet été, toujours au terminal Bunge, dans le Vieux-Port de Québec. Il s’agit de l’inclassable Moulin à images de Robert Lepage et de sa compagnie Ex Machina qui a été projeté sur une surface industrielle de 600 m. Un spectacle plus grand que nature qui a donné naissance à un documentaire.

Ce n’est pas une séance filmée ou une revue de tournage qui fait l’objet de Dans le ventre du Moulin. Plutôt un regard privilégié de la réalisatrice Marie Belzil – qui était également coordinatrice à la production d’images de ce populaire projet (800 000 personnes y ont assisté) – et de son conjoint cinéaste Mariano Franco.

Pendant trois mois, ils ont été les témoins voyeurs de cette immense ruche où tous les artisans s’activaient autour de Robert Lepage pour lui fournir son précieux miel. Un procédé intime qui permet d’infiltrer la bulle créatrice du metteur en scène de La face cachée de la lune.

«Robert Lepage n’est pas quelqu’un qui va écrire le scénario le soir chez lui et arriver le lendemain en disant : « C’est ça qu’on fait », explique Marie Belzil. Dans une journée, il va avoir trois différentes sessions de travail : une sur Le Cirque du Soleil, une sur le Moulin à images et une sur un opéra. Il est assis avec des collaborateurs, il échange des idées et c’est là que ça se passe. En se posant des questions et en attendant des répon­ses, en y allant par essais et par erreurs.»

Pièges à l’horizon

Avec un tel sujet, il était aisé d’être didactique. Il fallait trouver le fil d’Ariane pour ne pas montrer de simples techniciens au travail.

«On ne savait pas exactement comment cela allait se dérouler, ce qu’il fallait filmer, comment on allait structurer cela, se rappelle Mariano Franco. On s’est laissé guider par les images, par les événements, par notre instinct.»

L’indépendance était en outre essentielle, surtout pour que le récit ne devienne pas un outil de promotion.

«Ce n’était pas une commande d’Ex Machina, souligne Marie Belzil. On n’a pas été censurés et on ne s’est pas censurés. On leur a fait un démo et on leur a dit que c’était notre vision. Ils ont trouvé cela intéressant.»

À partir de là, tout était possible dans ce portrait d’une aventure d’êtres humains. L’essence des 60 heures de tournage a été conservée dans un document de près d’une heure.

«Quelle est la minute où se déroule une histoire, la minute où passe l’émotion? se demande la cinéaste qui avait offert Tais-toi Jaloux en 2006 avec son co-réalisateur. On regardait nos heures au complet et on allait chercher ce qui était le plus riche. Ce n’était pas l’information, mais la poésie, l’émotion, le côté lyrique.»

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