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Tournage de Mafia Inc.: Crimes et sentiments

Mafia Inc.
Henri Picard et Marco Marinaro sur le plateau de Mafia Inc. Photo: Josie Desmarais/Métro

La fine ligne entre humanité et brutalité est au centre de Mafia Inc., prochain film du réalisateur Podz dont Métro a visité le plateau de tournage mardi.

Saint-Léonard sous la neige. Deux jeunes hommes, dont l’un a le visage ensanglanté après avoir subi une raclée, se traînent dans la tempête vers une gigantesque résidence aux allures de manoir mafieux. Les automobiles d’époque dispersées dans la rue rappellent que l’action se déroule au début des années 1980.

En seulement deux prises, les deux acteurs adolescents, Henri Picard et Marco Marinaro, tournent ce qui devrait constituer la scène d’ouverture de Mafia Inc.

Le long métrage, qui réunit Marc-André Grondin, Mylène Mackay, Gilbert Sicotte et le renommé acteur italien Sergio Castellitto, est librement inspiré du best-seller du même nom.

Écrit par les journalistes de La Presse André Cédilot et André Noël, Mafia Inc.: grandeur et misère du clan sicilien au Québec racontait les péripéties du clan sicilien de la mafia montréalaise avec à sa tête les parrains Nico et Vito Rizzuto.

Au grand écran, la fiction prendra toutefois le pas sur la réalité. Sous la plume du scénariste Sylvain Guy, les Rizzuto sont devenus les Paterno, alors qu’une autre famille, les Gamache, a été inventée de toutes pièces en s’inspirant de faits réels.

«Le film est une fiction inspirée de faits vécus, explique Daniel Grou, alias Podz, qui tourne son sixième long métrage, son premier depuis King Dave (2016). Ce qui reste c’est le côté business, la façon dont l’argent voyage, la façon dont cet argent est partout dans la société québécoise. «Le livre était tellement fort et les détails sont tellement savoureux qu’on a préféré s’inspirer du livre plutôt que d’inventer une histoire totalement fictive. Il y a des choses qu’on ne peut pas inventer.»

Des choses comme ces personnages plus grands que nature qui peuplent le monde interlope.

«Ce sont des personnages riches, complexes, précise Marc-André Grondin, qui incarne Vince Gamache, fils d’un tailleur québécois qui fait tout pour grimper les échelons au sein du clan Paterno. Ils sont amoraux, mais ils ont leur morale à eux, leurs codes qu’ils doivent respecter.»

«C’est un paradoxe, une organisation criminelle qui a dans son vocabulaire les mots les plus beaux de la langue italienne: onore, rispetto, fedeltà (honneur, respect, fidélité). Tout cela au service de la criminalité, de la violence. C’est très intéressant au point de vue de l’acteur», estime Sergio Castellitto, qui se glisse dans la peau de Frank Paterno, le parrain fictif de la Cosa Nosta montréalaise.

«C’est un diable, mais en même temps, c’est un père, un fils, un mari, quelqu’un qui tient à sa famille, qui a fait étudier ses enfants, qui a aidé les gens autour de lui quand ils en avaient besoin. L’humanité et la “déshumanité” sont toujours proches. La ligne entre les deux est tellement fine. Les personnages méchants doivent être attachants, séduisants. S’ils n’étaient pas séduisants, ils n’arriveraient jamais à obtenir les choses qu’ils veulent.»

«Ce n’est pas parce qu’ils sont dans la mafia qu’ils n’ont pas d’émotions, tranche Pina Di Blasi, interprète de Caterina Paterno, la femme de Frank. Les émotions d’une mère restent les mêmes.»

«Il y a une puissance tellement créative et artistique en Italie. Les Italiens ont exploré la créativité dans toutes les directions, y compris dans la direction criminelle.» –Sergio Castellitto (à gauche, face à Podz), interprète de Frank Paterno. En tant qu’Italien, est-ce dérangeant d’être constamment associé à la mafia? «Je me sens tout autant associé à Caravaggio, à Leonard de Vinci, à Rosselini, à De Sica», rétorque l’acteur de 65 ans.

Est-ce tout de même dangereux pour un créateur de mettre sur un piédestal des gens aux comportements plus que discutables?

«C’est touchy d’humaniser des mafieux, juge Podz. On veut que les spectateurs les suivent dans leur quête, mais en même temps ils font des choses plus ou moins kosher. On peut les aimer, mais on ne veut pas les glorifier.»

«Évidemment, mon personnage fait des choses amorales, qui vont à l’encontre de la façon dont nous, gens respectables de la société, nous nous comportons, ajoute Marc-André Grondin. Mais en même temps, mon but, c’est que les gens aient envie de voir ce que je fais, qu’ils aient une fascination morbide pour lui».

Dans les pas des grands
Francis Ford Coppola (Le parrain), Martin Scorsese (Goodfellas) et même Denys Arcand (Réjeanne Padovani): les grands cinéastes se sont souvent frottés aux films de gangsters. Un stress supplémentaire pour un réalisateur? «On est terrifié, avoue Daniel Grou en riant. Il y a eu plein de films sur le sujet, et des grands. On veut leur rendre hommage, mais sans les copier.»

«L’idée de faire un film sur la mafia est toujours dangereuse, parce qu’il y a des icônes historiques, des stéréotypes. Mais je trouve qu’il [Podz] a trouvé une façon très particulière, très intéressante de raconter cette histoire», rassure Sergio Castellitto, qui est aussi réalisateur.

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