Busy P: le pro de l’électro
Au fil de sa carrière, Busy P a géré Daft Punk, a découvert Justice, a fondé l’étiquette de disques Ed Banger et a accompli tellement plus encore. En cette fin d’année, le DJ et producteur parisien débarque à la SAT pour accueillir 2013 derrière les platines. En prévision de cette chouette soirée, nous avons discuté avec lui.
C’est quoi la définition d’une bonne soirée, selon Busy P?
Beaucoup de gens trouvent que l’endroit définit l’esprit de la fête. Moi, je pense au contraire que ce sont les gens qui rendent l’endroit cool, agréable et festif! Pour ce qui est du 31, c’est déjà le passage d’une année à l’autre qui va mettre l’ambiance. Ensuite, musicalement, ce sera à moi et aux autres DJ d’emmener les gens vers quelque chose. Soit leur faire découvrir un nouveau style, soit leur faire fredonner des airs qu’ils connaissent en faisant jouer des tubes. Moi, je compte faire tourner beaucoup de nouveautés qu’on va sortir sur Ed Banger, tout en essayant de retracer l’année 2012, qui a été plutôt riche musicalement.
L’année a également été riche pour votre label! Vous avez notamment signé Laurent Garnier, un grand nom de la musique électronique française. Un beau moment?
Oui! Un grand moment! Laurent, c’est quelqu’un que je connais depuis plusieurs années, que je respecte énormément. La rencontre s’est faite très naturellement. Reste que c’est aussi une rencontre qui en a surpris plus d’un. Mais c’est aussi le but du jeu. J’ai envie de mettre le label en danger, de faire des choses un peu différentes, de ne pas forcément être là où tout le monde nous attend!
Lorsque vous avez lancé Ed Banger, en 2003, vous disiez ne pas avoir de stratégie particulière. Vous vouliez vraiment vous laisser porter par le courant, «go with the flow», comme on dit. C’est toujours le cas?
Ouaip! Toujours le cas, même après 10 ans. Je n’ai rien planifié, à part continuer de faire résonner le son de la musique électronique française dans le monde entier. C’est mon seul objectif, ma seule passion. Le jour où je planifierai, c’est que je serai vieux et fatigué.
Votre parcours a été ponctué de beaux hasards. Je pense par exemple à la rencontre des gars de Justice, lors d’un souper de raclette impromptu! La chance, vous y croyez beaucoup?
Moi, je dois tout au hasard! Ma rencontre avec Daft Punk aussi, ç’a été un hasard! Même Ed Banger, c’était un coup de hasard. C’est sûr qu’il y a une grosse part de chance dans les arts, la création. Après ça, la chance, il faut aussi la provoquer!
On sait que Gaspard et Xavier [de Justice] vous considèrent un peu comme leur père. Eux, ils ont les filles, vous, vous payez les drinks, blaguez-vous! C’est une position que vous aimez bien?
Absolument! De toute façon, j’ai toujours été comme ça. Même quand j’étais manager de Daft Punk, j’étais une espèce de papa poule. Philippe Zdar, de Cassius, me compare d’ailleurs à Otto. Vous savez, le chauffeur de l’autobus scolaire qui porte toujours un baladeur dans Les Simpson? J’adore ce personnage, et ça ne me déplaît pas d’être, comme lui, celui qui conduit, qui guide, qui accompagne tous ces artistes.
Vous avez commencé à organiser des partys en 1995 au deuxième étage du club de David Guetta. Presque 20 ans plus tard, est-ce qu’on fait la fête de la même façon?
Heureusement que non! (Rires) Heureusement aussi qu’on ne fait pas la fête de la même façon à Montréal et à Paris. Même s’il y a une certaine envie de mondialisation de l’entertainment, du fun et de la musique, on a chacun nos cultures et nos visions.