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Amanda: après le drame, la lumière

Dans Amanda, David (Vincent Lacoste) se retrouve à élever sa jeune nièce (Isaure Multrier) après la mort de sa sœur. Photo: MK2 films/Collaboration spéciale

Avec son fragile Amanda, Mikhaël Hers filme une ville où la lumière finit par éclipser l’obscurité qui tenaille ses habitants.

«Je voulais faire un film sur ma ville, lance simplement le cinéaste français, rencontré dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance. Capter quelque chose du Paris d’aujourd’hui, capturer son électricité, sa fragilité, sa beauté, ses blessures. Et mon Paris, c’est un Paris post-attentat.»

Comme le précédent long métrage du metteur en scène, le bouleversant et mélancolique Ce sentiment de l’été, Amanda est porté par un deuil implacable.

Un massacre a emporté de nombreuses personnes, obligeant un jeune homme de 24 ans (Vincent Lacoste) à s’occuper d’Amanda (Isaure Multrier), sa nièce de sept ans.

«Tous les personnages se cherchent à un moment très difficile, explique la comédienne Stacy Martin, qui campe la nouvelle amoureuse du héros. Les choses ne sont pas fixées, elles sont en transit.»

«C’est important pour moi que les gens puissent se lover dans mes films. Si les points de départ sont sombres et dramatiques, et il était nécessaire de trouver une manière d’y insuffler de la lumière.» – Mikhaël Hers, réalisateur d’Amanda

C’est pendant cette période d’indéfinition que la poussière commence à se déposer, ayant des conséquences insoupçonnées sur ces êtres complexes et résilients.

«L’humain est le plus intéressant là où il n’a pas conscience de ce qu’il fait», expose l’actrice franco-britannique, que l’on a pu voir dans Nymphomaniac, Le redoutable et Vox Lux.

Amanda aurait pu être un film lourd et déprimant comme il y en a tant. Derrière la tragédie s’opère un retour à la vie, une renaissance salvatrice d’un lieu et de ses âmes.

«Je ne supporterais pas l’idée que les gens sortent avec l’idée d’un film glauque ou dénué d’espoir, maintient le réalisateur. Il fallait transmettre un peu de la violence du monde et trouver une façon de la rendre recevable.»

La tristesse est ainsi nappée dans un cocon de douceur, de beauté et de silence, se déployant dans une mise en scène simple et transparente, au service des excellents interprètes.

Le ton, calme et pudique, rend encore plus déchirantes les quelques mélodies – de Jarvis Cocker, de Pale Saints, de Girls – distillées ici et là.

Une sensibilité singulière qui mature selon l’espace et les saisons, à la faveur du passage du temps, qui permet de se relever d’à peu près tout et n’importe quoi.

«Il faut voir le temps à l’œuvre, rappelle Mikhaël Hers, qui ne cache pas son affection pour le cinéma de sa sœur spirituelle, Mia Hansen-Love. Parfois les choses prennent du temps. On prend du temps à s’autoriser des choses, on met du temps à digérer les choses. Donc, il faut trouver une manière cinématographique de transposer ce temps-là sans créer de l’ennui.»

«On peut se servir des temps faibles de la vie. Le cinéma doit en tenir compte, mais il est très important de trouver une manière de les magnifier, de leur donner une poésie, une forme de grâce.»

Amanda prend l’affiche le 22 mars.

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