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Tout ce qu’il me reste de la révolution: ensemble, c’est toujours mieux

Photo: Collaboration spéciale

Le «nous» rassembleur existe encore, s’affirmant plus que jamais dans le film Tout ce qu’il me reste de la révolution, de Judith Davis.

Comment s’engage-t-on dans une société aux idéaux souvent sans envergure où les combats politiques sont de plus en plus flous? Pour Judith Davis, cela s’est fait par la cocréation du collectif de travail L’avantage du doute.

«L’idée n’était pas de remonter Molière une nouvelle fois, mais d’enquêter sur le monde qui est le nôtre et d’essayer d’en faire du théâtre, explique la comédienne, rencontrée dans le cadre des Rendez-vous du cinéma français, à Paris. Chacun est parti de sa propre réalité.»

La pièce Tout ce qu’il me reste de la révolution est née en 2008, et son extension cinématographique voit maintenant le jour. Elle raconte les tribulations d’une jeune urbaniste sans travail (Judith Davis) qui cherche ses repères. La troupe originale est toujours au rendez-vous, bien que le passage du temps n’ait pas manqué d’influencer le propos.

«Le monde va encore plus vite qu’il y a 10 ans, et on ne sait plus nécessairement sur quel front s’engager, estime l’actrice et réalisatrice trentenaire. La misère, la pauvreté, la précarisation, l’agressivité au travail et la souffrance quotidienne­ sont encore plus préoccupantes, tout comme la montée en flèche des fascistes qui récupèrent cette violence…»

«Je me croise les doigts pour que le film soit la graine qui inspirera les gens à fabriquer du collectif.» Judith Davis, réalisatrice et actrice

«Mais j’ai tout de même l’impression qu’il y a de plus en plus de gens qui se retroussent les manches. Ça ne passe peut-être plus par un parti politique, mais par cette urgence d’agir sur tous les plans. Des consciences se sont éveillées.»

Afin d’élargir son rapport aux autres, l’héroïne doit briser son isolement et rejoindre la communauté réelle. Un combat face à l’aliénation qui ne manque pas d’humour et d’humanité.
«J’avais besoin d’exposer aux spectateurs toute l’importance de choses simples comme le rire, la joie et l’amour, dit celle qui réalise un long métrage pour la première fois. Pas parce qu’il faut les mépriser, mais parce qu’elles sont aussi dures à atteindre que les changements sociaux et économiques.»

Tout cela commence par le rêve qui crée l’univers des possibles, à l’image de cette production farouchement indépendante sur le langage.

«On peut changer le monde avec des idées qui s’incarnent, mais on le fait avec les mots qui vont nous permettre de fabriquer de nouvelles idées, assure Judith Davis. Si on ne fait pas attention à nos mots, qui sont déjà en train de devenir des objets de marchandise, si on ne préserve pas notre imaginaire, qu’on ne se permet pas de faire des films éclatés comme le mien, qui est autant un drame familial qu’une comédie sociale et romantique, alors ça va être la galère pour fabriquer de nouvelles idées, de nouveaux récits et une nouvelle société.»

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