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La pop engagée d’Angèle gagne les Francos de Montréal

Cumulant les centaines de millions de vue sur la Toile, celle qui a étudié le jazz et le piano avant de connaître une fulgurante ascension ne se met pas plus de pression qu’il n’en faut en vue de son second album. Photo: Crédit photo: Charlotte Abramow

Devenue ambassadrice d’une génération et figure marquante du féminisme chez les jeunes, la chanteuse pop Angèle – qui est de passage à Montréal et à Québec en juin – avoue avoir eu «longtemps peur» du militantisme qui fait maintenant partie de sa musique. De plus en plus connue à travers le monde, la Belge de 23 ans s’offrira en performance au centre Bell, le 13 décembre prochain.

«Ce rôle-là, je n’en avais pas tellement conscience au départ, dit la chanteuse en entrevue à Métro, quelques heures avant son concert dimanche soir au MTelus dans le cadre des Francos de Montréal. C’est en parlant de l’homosexualité ou de féminisme que je me suis rendue compte que je rejoignais plein de gens. Pour moi, c’est un peu le début de cet engagement. Il y a plein de sujets qui méritent d’être discutés et c’est une manière de rendre ces enjeux visibles.»

Si elle reconnaît avoir accès plus facilement que d’autres à des tribunes médiatiques, Angèle entend aussi profiter de celles-ci pour changer les mentalités.

«Je suis écoutée et j’ai une visibilité, mais je pense qu’il y a quand même là-dedans le fait que je sois blanche et blonde, que je rentre dans les codes de la société, envisage-t-elle. C’est encore plus une force pour moi de parler de sujets qui ne me concernent pas.»

Dans sa chanson Balance ton quoi, tirée de son premier album Brol écouté par des dizaines de millions de personnes depuis octobre dernier, la jeune artiste aborde de plein fouet le mouvement de dénonciation des agressions sexuelles #Balancetonporc, s’en prenant notamment aux hommes sexistes qui, en étant conscients de leurs gestes, contribuent à perpétrer une culture normative du non-consentement.

«Le féminisme, le tabou, ça me faisait peur avant. Je craignais d’être mise dans une case, j’avais peur de brusquer les gens, poursuit-elle. Sauf qu’en grandissant, j’ai compris la grande différence que c’est de vivre au quotidien en tant que femme. C’est là que j’ai compris que ça avait vraiment un sens et à partir de là, je savais qu’il fallait que j’écrive là-dessus.»

Au fil du temps, Angèle estime aussi avoir ouvert les yeux sur «un féminisme plus intersectionnel et plus inclusif», celui des femmes racisées, homosexuelles ou trans pour lesquelles elle espère également pouvoir chanter et porter leurs revendications.

Le temps d’une pause
Cumulant les centaines de millions de vue sur la Toile, celle qui a étudié le jazz et le piano avant de connaître une fulgurante ascension ne se met pas plus de pression qu’il n’en faut en vue de son second album, qui n’arrivera pas «tout de suite», prévient-elle par ailleurs.

«Tout a été très vite dans mon cas et je ne sens pas, pour le moment, que j’ai la force de raconter une autre histoire avec un autre visuel. Pour moi, un album, c’est un tout, c’est une saison et jusqu’ici, je suis encore dans la lignée de Brol. J’ai même encore des choses à y ajouter.»

«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait de la musique. À cinq ans, je jouais du piano et j’ai fait du classique jusqu’à mes 18 ans. Vers mes 20 ans, le café pour lequel je bossais a fait faillite. J’ai interrompu mes études. Et tranquillement, j’ai commencé à faire des petits concerts, ici et là.» -Angèle

Envisageant d’ici peu «une réédition» de son dernier album, la native de Uccle en Belgique se voit prendre une pause avant de sortir de nouveaux morceaux. «J’écris toujours des chansons pour moi. Il y a plein de chansons que je n’ai pas nécessairement envie de sortir, parce que c’est très personnel, et d’autres qui pourraient suivre Brol je pense, renchérit-elle. Mais avant, j’ai envie de voyager, peut-être d’écrire ailleurs, de prendre une pause.»

D’autant plus que le public de la chanteuse change avec le temps, au fil de son ascension. «Il y a encore un an et demi, mon public était très jeune et assez féminin. Ce qui est assez fou, c’est que maintenant, il y a des familles, des parents, des grands-parents, des enfants et des adolescents dans mes concerts», indique-t-elle.

L’expérience «Montréal»
En étant déjà à sa deuxième présence aux Francofolies de Montréal, Angèle arrive cette fois dans la métropole avec une notoriété beaucoup plus importante. Ce qui, outre-mer, fait doublement plaisir, dit la principale intéressée.

«On vient de passer quelques jours dans le Mile-End – un quartier que j’adore – et j’étais étonnée de voir que dans chaque boutique, chaque restaurant, j’étais reconnue. En France, c’est mon quotidien, ça peut devenir fatigant, mais ici, ça me rend tellement heureuse», note-t-elle.

La jeune artiste voit d’ailleurs un peu de son coin de pays dans la ville de Montréal.

«C’est très américain ici, mais en même temps il y a une mentalité assez différente et assez belge en fait, dans la manière dont les gens sont bienveillants, relax, sans se prendre la tête. J’aime beaucoup», lâche-t-elle sans hésiter.

En rafales

  • Ta musique en un mot: «Exutoire»
  • Ta personnalité en un mot: «Lunatique»
  • Ton film préféré: «Eternal sunshine of the spotless mind»
  • Ta série de l’heure: «Please Like Me»
  • Ta chanson favorite: «That look you give that guy (du groupe EELS)»

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