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Les fauves: ressusciter le mythe

Les fauves Photo: Axia Films

La bête sort de sa cachette dans Les fauves, la plus récente création de Vincent Mariette.

Le cinéma de la croyance est en pleine effervescence, libérant l’univers des possibles au sein d’œuvres aussi différentes que Burning, Under the Silver Lake et Glass.

Cette mouvance s’avère profondément ancrée dans Les fauves, un récit d’initiation mystérieux au possible, sur une adolescente marginale (Lily-Rose Depp) qui tente de faire la lumière sur la disparition de gens.

«C’est un film mental, on est toujours dans la tête de l’héroïne, raconte Vincent Mariette, rencontré à Paris dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance. La phrase “On a tellement voulu y croire qu’on l’a fait exister” est un leitmotiv pour moi. On se trouve dans une sorte de quête, d’indécision, entre ce qui est de l’ordre de la réalité, du prosaïque, et ce qui est de l’ordre du fantasme.»

«Il n’y a plus de mystère de nos jours. C’est un peu gris. Peut-être est-ce dû au flux d’informations, de référents, à l’internet. Je ne désire qu’une chose: c’est que des mystères apparaissent. Si on m’apprenait aujourd’hui que des extraterrestres débarquent, je me sentirais sûrement un peu plus vivant.» Vincent Mariette, réalisateur et coscénariste des Fauves

Tout passe ainsi par le regard de cette jeune fille, opaque et insaisissable, dont l’étrange aura ne cesse de déconcerter. «Je voulais vraiment la filmer comme un objet de fascination, explique celui qui explore encore plus en profondeur la notion de simulacre après son remarqué premier long métrage Tristesse Club. J’avais comme référence cinématographique Under the Skin [film de Jonathan Glazer mettant en vedette Scarlett Johansson]. Filmer la comédienne prenait presque le pas sur le récit. C’est juste un déroulé, un flux d’images qui se joue.»

Privilégier le visuel par rapport au narratif permet de développer un lancinant climat éthéré qui n’est pas sans rappeler celui de Virgin Suicides.

Une nature étrange et hantée comme celle de The Swimmer, où agit en toute impunité une panthère. Un animal sauvage qui sert, à l’instar de Cat People, de métaphore à la perte d’innocence de sa protagoniste, au danger qui sommeille en sourdine.

Cette odyssée d’une bête magique ne manque pas d’enjoliver le quotidien, de briser l’ennui de l’existence en y apportant une enquête, de l’humour et même du
romantisme.

«Comment est-ce qu’on parle du réenchantement, de la mythologie, de tout ce qui à un moment réunit les gens et qui a tendance à disparaître?, se questionne l’acteur Laurent Lafitte, qui campe un chasseur hors de l’ordinaire. On est chacun un peu dans une consommation individuelle des histoires de fiction.»

Les fauves permet ainsi aux cinéphiles de quitter le cartésien pour embrasser l’imaginaire.

«C’est un truc de gamin, avoue Vincent Mariette, qui a réalisé ce projet avec Marie Amachoukeli. Mais faire des films, c’est un truc de gamin. On est là avec les comédiens et on joue. On se sent plus vivant par le jeu et on cherche une part d’enfance en soi. C’est vraiment ce que raconte le film.»

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