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Janette Bertrand: la famille avec un grand F

Marie-Eve Shaffer et Audrey Lavoie - Métro

Tout au long de sa carrière, Janette Bertrand s’est inspirée de la famille, voire de sa famille. À la barre d’émissions comme Parler pour parler et L’amour avec un grand A, elle a contribué à lever des tabous entre autres sur l’homosexualité, le sida et la violence faite aux femmes. Après plus d’un demi-siècle à bousculer les grands, elle a décidé d’attendrir les plus petits avec son dernier né, le livre Ti-Boutte.

Pourquoi avez-vous décidé de vous adresser aux enfants avec le livre Ti-Boutte?
Pourquoi pas! Je m’intéresse pas mal à tout. Quand on m’a demandé d’écrire un conte pour enfants, j’ai été surprise, mais je me suis dit que ce ne serait pas bête. Je me suis souvenue d’un conte que j’avais écrit pour Martin, mon fils. Je l’ai réécrit et j’ai trouvé ça amusant. C’est moins long qu’un roman (rire). Je suis prête à recommencer, mais pour l’instant, comme j’écris un roman, je ne peux pas.

Qui vous a servi d’inspiration pour Ti-Boutte?
Tous les enfants. Quand ils sont petits, ils veulent être grands. Les filles veulent être grandes comme maman pour pouvoir se mettre du rouge à lèvres. Quand il était petit, mon fils Martin croyait qu’on se bourrait de boisson gazeuse et de chips quand il était couché. Il pensait qu’on attendait qu’il soit couché pour avoir du plaisir. Il voulait être grand pour veiller. C’est ce qui m’a inspiré.

À la fin de l’histoire, Ti-Boutte redevient petit et il en est très heureux….
Il est heureux parce qu’il a réalisé que ce n’est pas si drôle être grand. C’est sûr que c’est un conte fantastique. Je l’ai lu dans l’école de ma belle-fille qui est enseignante. J’ai eu deux groupes de 70 enfants de huit et neuf ans. Et ça marche! À aucun moment, ils ne se sont demandés pourquoi Ti-Boutte grandit subitement. Ils ont trouvé cela tout à fait naturel. Il faut être près de l’enfance pour le comprendre. Leur imaginaire est très très grand.

Aujourd’hui, est-ce qu’on laisse assez les enfants être des enfants?
Je pense que oui. Mais ce ne sera jamais comme dans le temps où on était enfant. Ce temps est révolu. C’est autre chose. On pense toujours que c’est le meilleur temps, mais ce n’est pas vrai. C’est un temps différent.

Au fil des ans, le Québec a connu de nombreux bouleversements. Vous en avez été témoin. Est-ce que le Québec favorise l’épanouissement de ses enfants?
Oui! Ils sont chanceux d’être stimulés comme cela. Je faisais garder mes enfants par une tante ou une voisine, mais elles avaient en plus du travail. Des fois, elles n’aimaient pas trop les enfants. Maintenant, ils sont tout de suite entre les mains de spécialistes. C’est sûr que ça va faire d’autres sortes d’enfants. Ils sont stimulés et sont intelligents.

Enviez-vous les parents d’aujourd’hui?
Oui. Je n’étais pas aidée. la mode n’était pas au partage des tâches entre conjoints. Je faisais tout en double. J’avais ma vie de femme, ma vie de mère et ma vie de pourvoyeur. Quand Dominique est née, je travaillais à CKAC. Tous les jours, j’amenais mon bébé à ma voisine d’en face. J’allais la rechercher en vitesse. On s’organisait. Il y avait un réseau d’entraide plus dangereux, plus risqué que les centres de la petite enfance. Les femmes et les hommes
qui s’occupent des enfants sont des spécialistes.

Avez-vous confiance en l’avenir pour les familles?
Tout à fait. J’ai des preuves. J’ai des petits-fils qui sont en couple et ce sont des hommes nouveaux sans en être conscients. Pour eux, c’est tout à fait naturel de partager les tâches, pas nécessairement comme une mère, mais comme parent à part entière. Alors qu’avant, les hommes ne s’occupaient jamais des enfants.

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