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Être Noir à Montréal: des jeunes se racontent pendant le Festival du film black

Marina Mathieu et Stella Lemaine, deux cinéastes qui présenteront leurs oeuvres au festival international du film black de Montréal.
Marina Mathieu et Stella Lemaine ont participé au programme Être Noir.e au Canada l'an dernier. Photo: Josie Desmarais/Archives Métro

«On peut parler de diversité du matin au soir, ça va ne rien changer si on ne prend pas des décisions concrètes», lance Fabienne Colas, la fondatrice du Festival International du Film black de Montréal. La réalisatrice a lancé le projet Être noir.e au Canada pour encourager les jeunes cinéastes noirs du pays. Quinze cinéastes provenant de Montréal, Toronto et Halifax présenteront leurs courts-métrages documentaires dans le cadre du festival ce soir au Cinema du Parc. Des cinéastes de la branche montréalaise se sont confiés à Métro.

Une lueur d’espoir

La future comédienne Stella Lemaine, 20 ans, a réalisé le court-métrage Prendre sa lumière. À travers des rencontres intimes, on comprend les réalités quotidiennes des acteurs et actrices noirs de la Montréal. Ce film relève des sentiments de la future comédienne.

«Au début, j’avais un regard amer parce que je ne pouvais pas me retrouver dans le contenu des divertissements québécois et c’est quelque chose qui me faisait mal»,  dit-elle. Mais l’opportunité de créer ce film lui a donné une lueur espoir. «J’ai vu qu’il y a des choses qui se passent et il y a des gens qui croient à ce que moi je crois aussi.»

La blogueuse Marina Mathieu, 25 ans a réalisé son court-métrage F sur les fibromes utérins.

«Ça me rend fière parce qu’on ne parle jamais de nos utérus», nous confie-t-elle.

L’opportunité de présenter un film au sein du festival lui donne un sentiment particulier.

«C’est tellement d’émotions de sentir qu’il y a des gens qui nous écoutent et c’est fort parce que personne ne nous le dit jamais. Ce sont nos films et on nous dit: ‘on te voit, on t’écoute, ça a de la valeur’.» – Marina Mathieu

La jeune cinéaste perçoit le Festival International du Film black de Montréal comme un moment pendant lequel des personnes blanches font l’effort de comprendre les réalités des personnes noires vivant à Montréal.

Les médias anglophones plus inclusifs

Les deux femmes estiment que les médias francophones québécois les effacent.

«On ne permet pas aux personnes noires d’exister dans les médias. Lorsqu’on le dénonce, on nous nomme certaines personnes, mais si t’es capable de les nommer il y a un problème», illustre Marina Mathieu.

La cinéaste estime que les médias anglophones sont plus inclusifs.

Pour la comédienne francophone Stella Lemaine, cet effacement la pousse malgré elle vers le marché anglais.

«J’ai grandi en français, j’adore le français. Mais parce que j’ai choisi un certain milieu, il faudrait que je m’intéresse à l’anglais parce que sinon je n’ai pas de chances», avance-t-elle.

C’est pour cela qu’elle a décidé de parler de diversité dans les médias dans le cadre de son court-métrage.

«Si les gens voyaient comment ça peut affecter les jeunes de ne pas être représentés, c’est une autre façon de revendiquer mon existence sans me victimiser non plus.» – Stella Lemaine

Être noir à Montréal: «racisme subtil »

Mais qu’est-ce que c’est alors, être noir ou noire à Montréal? Pour Mme Lemaine, l’expérience montréalaise est très différente que dans les autres villes canadiennes.

«C’est très précis, parce qu’il y a cette idée de la discrétion dans la discrimination et chaque fois c’est violent. Et quand tu essaies de dire qu’il y a du racisme, de la discrimination, ben tu n’as pas raison parce que c’est tellement subtil et sournois».

Même constat pour Marina Mathieu. «C’est être au courant d’un historique de racisme très encré, mais très discret. C’est aussi faire partie de plusieurs communautés noires. Souvent, on oublie que l’Afrique ce n’est pas un pays. C’est une éducation constante et si tu n’as pas le goût de faire ça tout le temps, tu vas être perçu comme une personne agressive», constate-t-elle.

«C’est aussi des nuances de gris et découvrir un peu, what is our Blackeness?», conclut Marina Mathieu.

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