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Half Moon Run: l’art de se mettre en danger

Half Moon Run
Des spectacles, Half Moon Run va en enchaîner d’ici le mois de mars 2020. Photo: Courtoisie - Half Moon Run

Half Moon Run a œuvré longtemps sur son troisième opus. Quatre ans après Sun Leads Me On, le groupe indie rock montréalais a décidé de faire «des choses qui lui faisaient peur» pour donner naissance à un album ambitieux aux sonorités multiples.

Half Moon Run se cachait «derrière un rideau» lors de l’élaboration de ses deux premiers albums studio, Dark Eyes et Sun Leads Me On, selon Dylan Philips, membre du groupe. Avec A Blemish in the Great Light, le quatuor monte sur scène, explique-t-il.

«Avec Dark Eyes, on ne pensait pas avoir de carrière. Au deuxième album, c’était excitant d’avoir une carrière, mais, en même temps, on était souvent sur la route. Rendu au moment d’écrire, on n’était pas nécessairement présents», se rappelle le multi-instrumentaliste en entrevue avec Métro.

Le groupe formé dans la métropole il y a environ 10 ans donne naissance, avec son troisième opus, à un amalgame de styles musicaux encore jamais essayés. Même que Half Moon Run livre un produit aux antipodes de ce qu’il avait produit auparavant.

«Les genres et les styles qu’on a essayés… On a essayé de faire quelque chose de différent», avance Dylan Philips.

«On a pris du temps individuellement, aussi. Moi, j’ai pris du temps pour travailler sur mes capacités d’écrire musicalement. Les autres aussi», ajoute-t-il.

À l’origine un groupe qui collait plus souvent qu’autrement à un son indie rock, Half Moon Run étend maintenant ses tentacules vers le punk rock, la musique country et même la bossa nova.

De nouveaux outils

Ces nouvelles sonorités s’expliquent aussi d’une façon très simple, remarque Dylan Philips. «Conner [Molander] a appris à jouer de la guitare pedal steel, affirme-t-il. Isaac [Symonds] a appris des nouveaux instruments aussi. Il a appris la flûte et il a abandonné la flûte.» (Rires)

Le pedal steel de Molander occupe d’ailleurs une place prépondérante sur l’album, ce qui a tendance à lui donner des couleurs country. 

«C’est déjà un instrument qui donne un peu une vibe country. On ne peut pas l’éviter, mais je trouve que ça fonctionnait très bien avec notre musique», lance Dylan Philips. Flesh and Blood, la troisième chanson de l’opus, regorge d’éclats vibrants de pedal steel.

Half Moon Run a tout essayé pour créer de nouveaux morceaux durant les deux années consacrées à la conception de l’album. À un moment lors de l’élaboration, les quatre musiciens ont tenté de trouver «le son de Fleetwood Mac», légendaire groupe de rock. «C’était une exploration», observe Philips.

Bob Dylan, Leonard Cohen – les inspirations folk faisaient aussi partie du répertoire sur lequel le groupe s’est appuyé, dit le rockeur. Les créations du groupe de musique électronique Boards of Canada ont aussi été utiles.

«On essayait des choses qui nous faisaient peur. L’important c’était d’essayer encore et de ne pas arrêter.» Dylan Philipps, membre de Half moon run

De «vieilles idées»

Mais Half Moon Run n’a pas uniquement puisé dans du nouveau pour construire A Blemish in the Great Light. La chanson d’ouverture, Then Again, était une «vieille idée», convient Philips.

«Certaines des nouvelles chansons viennent de vieilles idées qui n’ont pas marché dans le passé. On a une grosse liste dans notre salle de répétition. Quand on est bloqué, on les essaie», dit-il.

La chanson Razorblade, un mastodonte de presque huit minutes, évoque le Half Moon Run de Sun Leads Me On… jusqu’à la moitié de la chanson. Le groupe sort alors de son chapeau une envolée musicale aux sonorités métal. Le résonnant passage fait partie des préférés de Dylan Philips.

«C’était très difficile, mais très excitant à composer. C’était une des chansons où il y avait plein de petites idées. On ne savait pas comment les mettre ensemble», se remémore-t-il.

Philips est assuré que Razorblade va faire fureur en spectacle.

Half Moon Run de retour en tournée

Des spectacles, Half Moon Run va en enchaîner d’ici le mois de mars 2020. Le groupe fera plusieurs arrêts dans des villes européennes comme Vienne, Milan et Munich. Un arrêt obligé parce que les Européens ont adopté la musique de ces quatre Canadiens dans les dernières années, constate Dylan Philips.

Montréal revient toutefois toujours dans le cœur des membres de Half Moon Run, quatre Montréalais d’adoption. «On a vu tellement de villes et je vois encore Montréal comme la seule place où je pourrais habiter», souligne Philips.

«Il y a tellement de personnes qui travaillent dans les arts ici. Il y a plein de gens qui y sont intéressés. Il y a tellement de petits bars de musique avec de nouveaux band qui se forment», affirme l’artiste.

En 2009, Half Moon Run était dans ces mêmes souliers, alors qu’il tentait de se démarquer dans la métropole. Dans une industrie où les groupes se séparent plus souvent qu’autrement, le quatuor tient toujours debout, 10 ans plus tard.

«On a tellement évolué, soutient Dylan Philips. C’est la période de plus de temps la plus longue que j’ai passée à faire quelque chose dans ma vie.»

«Aujourd’hui, il faut qu’on trouve plus de profondeur. On est tout le temps en train de chercher ce qu’on veut dire dans notre musique.» 

A Blemish in the Great Light le laisse paraître. Les paroles toujours poétiques de Devon Portielje viennent enjoliver les variations de styles musicaux offertes dans les 10 morceaux de l’opus.

En «sautant dans le vide», Half Moon Run s’aliénera peut-être certains de ses fans de la première heure. Le band montréalais réussit malgré tout sa réinvention mélodique.


A Blemish in the Great Light

Half Moon Run

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