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Pony, une artiste qui vous veut du bien

L'artiste visuelle Gabrielle Laïla Tittley, alias Pony. Photo: Josie Desmarais/Métro

Un dessin ou un morceau de vêtement peuvent-ils changer notre perception de la santé mentale? C’est le pari que s’est lancé l’illustratrice Gabrielle Laïla Tittley, alias Pony.

Comme la tempête de neige qui sévit à l’extérieur ce jour-là, Gabrielle Laïla Tittley arrive en coup de vent à l’Ausgang Plaza, où elle présente sa nouvelle collection, Mental Wealth.

Alors que son chien déambule comme bon lui semble dans la salle, la jeune femme s’affaire à gauche et à droite pour régler les nombreux détails avant le lancement.

«Je suis en mode all by myself! Je ne sais pas pourquoi, je pense que j’avais besoin d’un défi! lance-t-elle avec son immense sourire lorsqu’elle s’assoit enfin pour l’entrevue. J’aime les moments d’intensité. Je suis capable de gérer mon stress quasiment mieux que dans des moments vides, plus incertains, qui provoquent plus d’anxiété chez moi et à cause desquels j’ai de la difficulté à accomplir une tâche ou deux.»

Mental Wealth (surprise!) porte justement sur l’importance de la santé mentale, la fin des tabous et l’importance de parler de ses problèmes. Le tout se décline en plusieurs thématiques: la dépendance, les troubles alimentaires, l’estime de soi, les troubles de la personnalité.

«C’est vrai qu’on parle davantage de santé mentale ces dernières années, mais ce ne sera jamais assez. Il va toujours y avoir des gens qui ont plus de mal à vivre leurs problèmes quotidiens par rapport à leur état psychologique. Tout le monde n’est pas à l’aise avec l’idée d’aller trouver un thérapeute ou un psychiatre. Ça reste un grand tabou.»

Un tabou que la dessinatrice brise avec un malin plaisir depuis une dizaine d’années sur une multitude de canevas (t-shirts, affiches, murales, étuis de cellulaire et même sous-vêtements).

«J’ai eu des problèmes avec l’anxiété quand j’étais très jeune, plusieurs phobies, et je n’étais pas dans un climat familial idéal, raconte l’artiste, qui a grandi entre Gatineau et Terre-Neuve. Ma tête était remplie de tracas, mais aussi d’imagination. J’ai vite compris que le bricolage, ou n’importe quoi de créatif, me libérait de cette charge mentale. C’était une forme de libération.»

Cette «thérapie» par l’art, Gabrielle Laïla Tittley avait envie de la transformer en réconfort. Le réconfort dont on a besoin quand les choses ne vont pas du tout, mais aussi celui qu’on éprouve lorsqu’on aide un ami à sortir du trou.

«On ressent un grand bien-être quand on est là pour un ami qui sort d’une peine d’amour, par exemple, fait remarquer celle qui se décrit à la fois comme une grande anxieuse et une grande optimiste. Ça nous fait du bien de sentir qu’on a un but plus grand que nous-mêmes et qu’on se décentre de notre personne. On a tous une raison d’être en tant qu’humain et je pense que ça passe beaucoup par l’entraide.»

Elle s’est d’ailleurs associée à l’organisme Tel-jeunes pour répandre la bonne nouvelle à l’aide d’une série de vidéos humoristiques campés dans le monde coloré de Mental Wealth.

«Je voulais m’associer à quelqu’un qui a des outils réels. Il n’y a pas de ligne 1 800 PONY où je suis au bout du fil et où j’ai toutes les solutions! [rires] Tant mieux si on peut rejoindre plus de personnes et répandre un message positif!»

«Je veux avoir le sentiment de faire quelque chose de bien, pas seulement avoir un brand de linge et faire ce qui me tente quand ça me tente. J’ai toujours voulu qu’il y ait un sens derrière tout ça.» Gabrielle Laïla Tittley, alias Pony, à propos de sa démarche artistique

Un monde à part

On pourrait décrire l’univers créatif de Pony comme une rencontre entre la dureté du monde adulte et la candeur de l’enfance.

«C’est un univers vulnérable, où il n’y a pas de tabous, mais où il y a beaucoup d’acceptation, d’amour et d’entraide, explique-t-elle avec douceur. Ça ressemble à mon monde idéal, où on peut parler de tout et laisser plus de place à l’authenticité et au droit de faire des erreurs. Un monde où on essaie d’éliminer la honte et la culpabilité en comprenant qu’on est tous un peu dans les mêmes dilemmes. En tant qu’humains, on se ressemble beaucoup plus qu’on pense.»

Visuellement, on reconnaît rapidement le trait «cartoonesque» de l’artiste, ses couleurs fortes et surtout son humour, parfois doux, parfois grinçant. Comme sur un de ses plus célèbres «cotons ouatés», où l’inscription «Club optimiste» survole une maison en flammes. Comme lorsqu’on arrive à sourire même lorsque ça brûle en dedans.

«L’humour m’a sauvée très souvent dans ma vie, avoue l’illustratrice. Quand on est dans un état sombre, la vie a l’air tellement sérieuse! Ça fait du bien de se rappeler que personne ne sait ce qu’on fait ici! On est tous sur une boule flottant dans l’univers. C’est là que l’humour entre en compte et nous aide à nous rappeler qu’on ne sait pas grand-chose et que la vie est vraiment absurde.»

De l’art ou pas?

Une illustration a-t-elle la même valeur artistique, qu’elle soit exposée dans une galerie ou imprimée sur un t-shirt? Gabrielle Laïla Tittley est persuadée que oui.

«Je ne vois pas la différence entre une toile et un dessin reproduit à plusieurs exemplaires. La démarche est la même pour moi. C’est seulement un médium différent. Le monde de l’art a encore des problèmes avec cette conception. Il ne devrait pas y avoir de hiérarchisation», déplore-t-elle.

«Quand j’ai commencé à peindre, la finalité, c’était la galerie d’art. Étant donné que j’ai été élevée dans un quartier pauvre, dans une famille pauvre, je n’ai jamais eu accès à ce monde-là. Je ne me sentais pas à ma place. La solution que j’ai trouvée, c’est de faire de l’art moins cher, notamment des reproductions. Je vois la mode, les vidéos, les murales comme des médiums pour transposer mon univers de différentes façons.»


La collection Mental Wealth de Pony est présentée à l’Ausgang Plaza (6524, rue Saint-Hubert).

 

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