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«La belle époque»: les rôles que l’on se donne

La belle époque
La belle époque prend l’affiche aujourd’hui. Photo: Collaboration spéciale

Nicolas Bedos s’assume de plus en plus derrière la caméra et propose un deuxième film, La belle époque.

Les scénarios réellement originaux se font rares au cinéma. Le dramaturge et écrivain Nicolas Bedos en a toutefois pondu un qui sort de l’ordinaire, permettant à un sexagénaire (Daniel Auteuil) de revivre n’importe quelle époque. Il jette son dévolu sur les années 1970, où il a rencontré l’amour de sa vie…

«J’avais envie de considérer le vertige que certaines personnes de différentes générations peuvent ressentir face à la modernisation tellement rapide de la société, explique le metteur en scène en entrevue. De parler d’un homme en rupture avec son temps et de le balancer comme un cadeau qu’on lui ferait dans un passé dans lequel il serait plus à l’aise, où il pourrait respirer davantage sa propre jeunesse.»

Affinités avec Woody Allen

Le procédé aurait pu sentir la nostalgie à plein nez en raison de cette façon d’enfermer le héros dans ses souvenirs. Il n’en est rien, s’il faut en croire celui qui adore le travail de Milos Forman et à qui on peut prêter plusieurs affinités avec l’art de Woody Allen.

«On peut avoir de la nostalgie un jour et le soir se réconcilier avec son présent, assure-t-il. Le personnage de Daniel Auteuil part dans le passé, mais ça lui permet de revenir dans le présent et de reprendre goût au progrès.»

Ce «saut» dans le temps est possible grâce à une entreprise de divertissement qui se sert d’artifices théâtraux et de reconstitutions historiques.

«On fait des films qui ressemblent à nos angoisses. C’est vrai que j’ai l’amour inquiet. Je n’ai pas totalement trouvé ma sérénité et je me pose trop de questions.» Nicolas Bedos, cinéaste

Rapidement, le long métrage devient un hommage personnel à la création et au cinéma. Une mise en abyme où un homme (Guillaume Canet, comme alter ego de Nicolas Bedos) se permet de tirer les ficelles, de faire jouer son amoureuse (Doria Tiller), etc. Jusqu’au personnage de Daniel Auteuil qui évoque le célèbre paternel du cinéaste: l’humoriste Guy Bedos.

«Si ce que je fais est totalement fictionnel, je m’ennuie, et si c’est totalement autofictionnel, je m’ennuie aussi, déclare celui qui va bientôt réaliser le troisième épisode d’OSS 117. J’ai envie de mélanger les deux.»

Un «style» qui fait mouche, s’il faut en croire l’accueil réservé à La belle époque et à son premier film, Monsieur et Madame Adelman. De quoi le réconcilier avec une partie de l’industrie.

«Je voyais bien qu’il y avait une partie de ce métier, de ce milieu ou même du public, qui m’était même parfois hostile, confie Nicolas Bedos. Parce que j’avais commis des erreurs, et je payais aussi beaucoup le fait d’avoir un nom célèbre. C’est quelque chose qui n’est pas bien vu en France… Maintenant, il y a des portes qui s’ouvrent, des sourires, des coups de téléphone, des mains qui se tendent!»

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