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«Les hirondelles de Kaboul»: Le courage des oiseaux

Les hirondelles de Kaboul
Photo: Collaboration spéciale

Les hirondelles de Kaboul détonne dans le paysage cinématographique actuel, ce qui est loin de déplaire à sa coréalisatrice Zabou Breitman.

Surprise! Ce film librement inspiré du populaire livre de Yasmina Khadra qui évoque la destinée de quelques personnages dans l’Afghanistan contrôlé par les talibans prend la forme d’un dessin animé.

«Je me suis posé la question: si ça avait été en prise de vue réelle, est-ce que je l’aurais fait? C’est évident que non, déclare Zabou Breitman, rencontrée lors de son passage à Montréal dans le cadre de Cinemania. Mais le faire en animation, c’était intéressant et cohérent, parce que la représentation de l’être humain est interdite chez les talibans. Et il y a une distance qui permet de supporter ce qu’on voit, tout en sachant que, oui, c’est vrai.»

Les magnifiques images en aquarelle de la coréalisatrice Éléa Gobbé-Mévellec (qui a travaillé sur Ernest et Célestine) se heurtent rapidement à un son aussi présent que prenant, créant un résultat étonnant. Le trait a beau être simple et épuré, son réalisme emporte l’adhésion. Surtout au niveau des protagonistes qui tranchent avec ceux des dessins animés usuels.

«J’avais accepté de faire ce film à condition que ce soit à ma manière qui était un petit peu hors norme, révèle la cinéaste, qui en est à sa sixième réalisation au cinéma et à sa première en animation. J’avais réuni les acteurs dans un studio d’enregistrement et ils ont joué.»

«C’est une animation qui sort de l’ordinaire, avec des dessins traditionnels, en deux dimensions, sans 3D.» Zabou Breitman, coréalisatrice du film Les hirondelles de Kaboul, qui estime que les gens étaient frileux au début du projet.

Les comédiens ont ainsi été filmés, puis dessinés et animés! Une méthode peu commune pour un récit qui recourt aux techniques de l’évocation et de l’abstraction, traitant de thèmes essentiels – liberté, religion qui muselle, violence quotidienne faite aux femmes – dont la résonance est bien actuelle.

Comme un acte de rébellion face à l’obscurantisme à la faveur duquel la petite histoire fait constamment écho à la grande.

«Tout était un acte de résistance, affirme celle qui mène en parallèle une carrière d’actrice. Notamment en trahissant le roman pour faire de l’héroïne non pas une avocate, mais une dessinatrice. Elle devient un dessin elle-même. Elle se dessine. C’est la résistance de se dessiner.»

Un véritable cri du cœur pour des personnages qui tentent de survivre dans cette histoire d’amour au temps de l’intégrisme.

«C’est romantique et politique, assure Zabou Breitman le regard brillant. Il faut mélanger les deux. Tout est politique. Si ce n’est pas politique, c’est qu’il n’y a eu de réflexion sur rien. Il faut être vigilant dans ce qu’on raconte. Au montage, quand on choisit de mettre ça à côté de ça, ce n’est pas rien. Ce sont des choix. C’est civique, c’est citoyen, c’est politique.»


Les hirondelles de Kaboul prend l’affiche le 17 janvier.

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