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Chez les Miyazaki, dessiner dans l’ombre du maître de l’animation

Chez les Miyazaki, dessiner dans l'ombre du maître de l'animation
«Aya et la sorcière» de Goro Miyazaki Photo: Collaboration spéciale Studio Ghibli

Une première chez les maîtres du dessin animé japonais : l’illustre studio Ghibli (Chihiro , Mononoké…) se risque à l’animation numérique, sous la direction du fils du fondateur, Hayao Miyazaki, pas prêt pour autant à ranger ses crayons.

Parfois qualifié de Walt Disney japonais —pour sa puissance d’imagination—, le maître de l’animation japonaise vient de fêter ses 80 ans, et continue de travailler à son prochain film.

«Il y a des chances que je prenne ma retraite avant lui !», plaisante son fils, Goro Miyazaki, 54 ans.
Même sourire, même bouille ronde, même goût pour le fantastique et la magie : l’héritier sort de l’ombre avec Aya et la sorcière, premier film en animation numérique estampillé Ghibli, visible en ligne à l’occasion du festival de Gérardmer (27-31 janvier).

Le film, qui fait partie de la sélection Cannes 2020, conte l’histoire d’une petite orpheline courageuse et espiègle, amie d’un chaton, placée dans une famille de sorciers.
Une trame très «miyazakienne»… Mais les fans des plus belles oeuvres de Hayao Miyazaki, comme Mon voisin Totoro ou Le Château dans le ciel seront déroutés par le rendu plus froid de l’animation 3D.

Pour un studio réputé pour l’harmonie visuelle de ses créations, c’est un pari, reconnaît Goro Miyazaki, conscient du risque de décevoir «par défaut, presque au préalable, les attentes des fans de Ghibli», attachés au trait traditionnel qui a fait sa renommée.

Pour autant, Goro Miyazaki assure que son perfectionniste de père lui a «laissé les mains libres» : «il n’a quasiment eu aucune remarque au cours de la production (…). Il venait se renseigner régulièrement (mais) du fait de la différence technologique avec le dessin animé traditionnel, il n’avait aucune prise. Ce n’est pas son médium».

Pas question non plus «d’entrer dans une espèce de concurrence» avec les géants américains de l’animation, et leurs énormes moyens techniques et financiers.
«On pourrait comparer les grosses productions américaines aux voitures automatiques Tesla, et ce que l’on essaie de faire nous à un vélo à assistance électrique pour mère de famille», explique Goro Miyazaki à l’AFP. «Mais il y a aussi des paysages qui ne sont visibles que parce que l’on est dans cette lenteur du vélo…».

«Un atelier de quartier»

Que les gardiens de la tradition se rassurent, «le dessin sur papier, l’animation traditionnelle comme la pratique mon père, va continuer à exister au sein du studio», souligne Goro Miyazaki.

Mais l’infographie numérique offre «une nouvelle possibilité d’avenir», envisage celui qui avait déjà signé Les contes de Terremer (2006) et La Colline aux Coquelicots (2011). «Les studios Ghibli portent un héritage de plus de 30 ans d’histoire. Mais tout le monde à l’intérieur se demande aussi comment va s’écrire l’avenir».

Car chez Ghibli, la question de la succession du maître, qui a fondé le studio en 1985 et reçu l’Oscar du meilleur film d’animation en 2003 pour Le Voyage de Chihiro, n’est pas tranchée.
Certains auteurs talentueux sont morts, d’autres ont fondé leur propre studio, et aucun nom ne s’est imposé.

Malgré une renommée artistique internationale, «nous ne sommes ni un grand studio, ni une grande compagnie. Mais plutôt un atelier de quartier, un petit lieu de création. Je ne pense pas qu’on puisse planifier un changement de génération qui fonctionne comme on l’escompte. On l’a tenté à plusieurs reprises, et ça n’a pas marché comme prévu», se remémore Goro Miyazaki.

D’autant que Hayao Miyazaki pourrait «travailler encore une dizaine d’années !», s’enthousiasme son fils, «impressionné par sa capacité d’imagination toujours intacte».

Huit ans après son dernier opus, Le Vent se lève, le film sur lequel Hayao Miyazaki continue de travailler est «un projet assez touchant», glisse-t-il, sans en dévoiler davantage.
De toute façon, son père «a pris l’habitude de prendre sa retraite… et de revenir sur sa décision un certain nombre de fois par le passé», s’amuse-t-il.

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