L’avenir est incertain pour la relève artistique du Québec
L’ère post-pandémique soulève plusieurs inquiétudes sur la prospérité de l’industrie des arts et de la culture.
« Est-ce qu’on va aller vers des artistes plus établis et comment va-t-on faire pour que la relève prenne une place? « – Louise Lantagne (SODEC)
Plusieurs acteurs de la sphère culturelle du Québec et du Canada ont discuté du futur de la création artistique et littéraire de la relève et en particulier, de l’impact du numérique et d’un possible engorgement post-pandémique, lors d’une conférence avec Le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), ce mardi.
La conférence «Faire rayonner notre culture et nos valeurs dans le monde», organisée par le CORIM, en collaboration avec Les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), arrive presque un an jour pour jour après le début de la pandémie. Le but était de prendre le pouls de l’écosystème culturel et artistique du Québec et du Canada.
L’industrie des arts et de la culture, autant au Canada qu’à l’international, est toujours sur le respirateur artificiel. Une endémie persistante causée par les confinements risque d’être présente encore longtemps, même après un retour à la normale, explique le directeur et chef de la direction au Conseil des arts du Canada, Simon Brault.
Une programmation monopolisée
«Il va y avoir un engorgement [dans la programmation des spectacles]sur notre territoire et aussi à l’international», précise aussi la présidente et cheffe de la direction de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), Louise Lantagne. «Est-ce qu’on va aller vers des artistes plus établis et comment va-t-on faire pour que la relève prenne une place?», se questionne-t-elle.
Un engorgement dans la programmation signifie que lorsque l’industrie des arts et de la culture aura le feu vert pour rouvrir les salles, les artistes bien connus risquent de monopoliser les projecteurs au Québec, ce qui ne laissera guère de chance à la relève pour inscrire leur nom sur les billets de spectacles.
Cependant, «il y a un changement de génération dans ceux qui dirigent les institutions et les grands festivals dans le monde depuis le début de la pandémie. [La nouvelle génération] qui va prendre les nouvelles décisions de programmation, va probablement porter une attention plus grande à l’émergence et à la jeunesse», remarque sur une note optimiste, Simon Brault, qui est aussi président de la Fédération internationale des conseils des arts et agences culturelles (IFACCA).
Apprivoiser le numérique
«Au début de la pandémie, les artistes pouvaient donner généreusement [des prestations gratuites], mais à un moment donné, ce n’est pas bénéfique pour eux. Pour les diffuseurs, il faut aussi protéger les artistes», souligne la poète, autrice et artiste autochtone, Natasha Kanapé Fontaine.
De plus, le tournant numérique «n’était pas un choix» pour la communauté artistique, affirme M. Brault. Il ajoute toutefois que plus de 1000 artistes de la relève, «qui n’étaient pas connus en dehors de leurs villages ou de leurs communautés», ont réussi à profiter de subventions en création numérique accordées par le Conseil des arts du Canada.
«Le numérique permet de briser des barrières et de toucher des gens qui n’auraient jamais été en contact avec une œuvre ou un spectacle et ça permet de démocratiser et de rendre accessible la pratique à des espaces qui étaient insondés jusqu’à [maintenant]», ajoute la fondatrice et responsable des partenariats internationaux du Festival Afropolitain Nomade, Vanessa Kanga.
Il est à noter que malgré tout, l’offre numérique a su pallier la demande puisque selon un sondage du Centre national des Arts, une personne sur deux dit avoir regardé un événement culturel en ligne depuis le début de la pandémie.