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Quand les planètes s’alignent pour Paupière

Paupière
Le duo Paupière pour la sortie de «Sade sati» Photo: Josie Desmarais/Métro

Le groupe montréalais Paupière, formé de Julia Daigle et de Pierre-Luc Bégin, propose Sade Sati, un deuxième album à la pop ultra stylisée et haute en couleurs. Rencontre.

Retour aux sources. Avec Sade Sati, Paupière réapparaît dans son état originel – un duo. «Nous sommes redevenus une entité», souligne Pierre-Luc Bégin, à la suite du départ de l’ancienne membre Éliane Préfontaine. Celui-ci s’enthousiasme d’une «collaboration très fluide» avec sa partenaire artistique et amie pour cet opus. «Paupière pourrait être un artiste solo. Nous avons une vraie démarche», ajoute-t-il.

Le titre du disque, qui fait référence au retour de Saturne dans l’astrologie indienne, prend ici tout son sens. «Sade Sati revient aux sept ans et demi, et c’était l’âge exact de Paupière au moment où nous sommes entrés en studio», confie Julia Daigle. Et de poursuivre «il s’agit d’une époque de grands bouleversements, mais aussi d’accomplissements et de récoltes».

De cette période tout en mouvement, il était donc temps pour Paupière de sceller le cycle créatif. C’est ainsi qu’a vu le jour cet album conçu comme un triptyque expérimental ponctué d’interludes. Tout commence avec l’agitation, l’attente de quelque chose de presque tempétueux, qu’on ressent bien dans les morceaux Sade Sati et Coeur Monarque.

Puis des morceaux comme En ce matin, avec ses ritournelles entêtantes, relatent un constat, un certain abattement aussi. Enfin l’affirmation de soi, la résilience et l’émancipation brillent dans les remarquables Singe et New Balance, dont les airs détonnent.

«Il n’y a pas de compromis artistiques. Sade Sati capture très bien où nous en sommes dans notre évolution musicale, explique Pierre-Luc Bégin. Son histoire s’est dessinée malgré nous».

La famille Paupière

Si l’osmose de la paire emballe si bien notre ouïe, Vincent Lévesque, qui signe la réalisation de Sade Sati et un troisième partenariat avec Paupière, n’y est pas étranger. «Pierre-Luc et Vincent jouent ensemble dans We Are Wolves, donc c’est un peu une histoire de famille», raconte Julia Daigle.

Et bien plus encore. «On peut dire que Vincent Lévesque est l’autre membre du groupe, car son travail est rempli de créativité, considère-t-elle. Il a donné sa couleur à l’album. Il amenait nos chansons, qui contiennent notre signature avec des structures très pop, vraiment plus loin.»

Pour se surpasser, Paupière a aussi invité un percussionniste lors de cette première étape qui a couvé tout le temps qu’il faut. Selon Julia Daigle «avoir une batterie qui est live, c’est plus chaleureux et ça apporte une profondeur au son».

Quant à Pierre-Luc Bégin, il pense que les mélodies de Paupière n’en sont que«plus organiques». «Cela peut sembler minime, mais il n’y a aucun drum machine qui peut émuler la dynamique d’une vraie batterie. Ça donne quelque chose de plus mouvant aux morceaux . Nous avons encore beaucoup de synthés pour rendre le tout épique, magistral et grandiose, mais nous sommes un peu descendus de nos grands chevaux», plaisante-t-il.

«Nous aimons beaucoup chanter ensemble, quand nos voix se chevauchent. Cela nous donne plus de coffre.» Julia Daigle

Le musicien se souvient d’ailleurs très bien de ce long moment, où après les enregistrements, Vincent Lévesque «est parti pour faire du ménage dans tout ça». «Il a pris soin de ce qu’on avait et il a amené sa touche», dit-il.

«Nous étions excités à chaque fois que nous allions voir Vincent. Il est très exigeant. C’est précieux qu’une chanson ait l’opportunité de passer entre les mains d’une personne qui la chérit comme si c’était son bébé», détaille-t-il encore.

Encyclopédie sans bémol

Autre bond dans la genèse de Sade Sati, pour évoquer les mots de Paupière cette fois. «Nous nous plaisons à partir de sujets ésotériques ou factuels. Ça m’est arrivé de prendre un mot au hasard et de faire des recherches pour une chanson. Nous nous mettons ensuite à en parler, à en discuter», rapporte Julia Daigle.

Pour elle, «même si on part de quelque chose qui nous est extérieur, cela va au final toujours refléter nos émotions. Au lieu de commencer au « je », nous choisissons un contexte. J’ai l’impression que cela rend les choses plus poétiques et intrigantes». L’artiste estime que cela permet aux autres de s’approprier les morceaux. «Il y a peut-être des flous, mais les auditeurs peuvent s’identifier», croit-elle.

«Ce que l’on dit avec Paupière est souvent une prise de position. Je n’aime pas que cela soit entre deux eaux, complète Pierre-Luc Bégin. Les pièces deviennent plus concrètes quand Julia a un sparkle pour les paroles.»

Ce fut le cas notamment pour Cœur monarque. «Pendant longtemps, je n’ai pas accroché, révèle Julia Daigle. Puis, j’ai réécouté ce que Pierre-Luc m’avait envoyé et je me suis dit « wow! » En une journée j’ai écrit et le soir même je lui ai partagé ce que j’avais fait. C’est devenu le premier single. Elle m’était passée sous le nez parce que ce n’était pas le moment. Cela vaut la peine d’être patient.»

Énergie visuelle

Pour sa part, Pierre-Luc Bégin trouve son inspiration dans l’action. «Lorsque je compose, j’arrive plutôt avec une énergie et je laisse mes doigts aller sur le clavier. Quand j’enregistre, je bouge comme si j’étais en show et j’essaie de capturer le mouvement du corps pour le mettre en musique. Il faut être libre.»

Être dans cet élan intuitif lui permet ainsi d’établir un courant entre toutes les phases de Paupière.

Ceux qui ont déjà vu le groupe en concert ne seront donc pas surpris, tant ce qu’il dégage et joyeusement intense et éclatant. «Parfois, la musique accompagne simplement le visuel. Je me suis même déjà dit que c’était un prétexte pour pouvoir m’habiller sur une scène. C’est tout aussi important d’aller dans des espaces qui font transparaître notre ton, notre présence», s’amuse Pierre-Luc Bégin.

Paupière présentera Sade Sati au Ministère le 21 mai

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