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Dominique Fils-Aimé, guérir par la musique 

Dominique Fils-Aimé.
Dominique Fils-Aimé. Photo: Andréanne Gauthier/Gracieuseté

Depuis cinq ans, l’autrice-compositrice-interprète Dominique Fils-Aimé est sur une réelle lancée, ce qui lui a mérité mardi soir le prix Gilles-Vigneault du gala de la Fondation Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ) décerné à un artiste dont la carrière est en marche. Un an après la sortie de son dernier album, elle est déjà en studio pour enregistrer un nouveau projet guérisseur.  

Après sa participation à La voix en 2015, où elle s’est rendue jusqu’en demi-finale dans l’équipe de Pierre Lapointe, éliminée par Matt Holubowski, Dominique Fils-Aimé s’est surtout fait connaître avec sa trilogie d’album: Nameless en 2018, Stay Tuned! en 2019 et Three Little Words en 2021.  

L’artiste qui n’a jamais étudié la musique voit aujourd’hui le prix Gilles-Vigneault comme un encouragement à poursuivre son art. «J’ai toujours reçu ce genre de moment comme une confirmation que je suis sur la bonne route et que je fais ce que je suis supposée faire», indique celle qui est l’une des révélations artistiques marquantes des dernières années. 

Mais quand on lui apprend qu’elle est la seule lauréate du gala de la Fondation SPACQ à être issue des minorités culturelles, Dominique Fils-Aimé ne cache pas sa surprise.   

«Il y a beaucoup de bonne musique faite par des personnes issues de différents horizons, mais pas assez de représentation. Ça fait écho, selon moi, à un problème plus large, à une réalité sociétale plus large. C’est comme si c’était un miroir de cette réalité qu’on essaie de changer progressivement», analyse-t-elle en entrevue avec Métro.  

Cependant, la chanteuse aux textes engagés se dit heureuse de pouvoir être celle qui fraie un chemin aux autres, surtout considérant le peu de modèles qu’elle a eu en grandissant au Québec. «La prochaine étape, ça va être de mettre en avant des personnes qui le méritent autant, sinon plus, que moi», pense la Québécoise de descendance haïtienne.  

La musique comme outil de guérison 

Présentement en studio, Dominique Fils-Aimé travaille sur un tout nouvel album qui, selon elle, se distingue de ce qu’elle nous a présenté jusqu’à maintenant avec sa trilogie.  

Si les trois précédents projets étaient davantage ancrés dans l’histoire et le passé, ce nouveau projet devrait prendre racine dans la modernité, dit-elle sans trop en dévoiler.  

«Je me permets d’être un peu plus vulnérable, que ce soit plus par rapport à mes émotions et mes ressentis. Une fois qu’on a fait tout le passé, je m’ancre bien dans le présent, dans mon présent à moi. J’ai hâte de présenter ce côté-là, même si ça fait toujours peur quand on se met plus à nue», explique celle qui s’est retrouvé sur la courte liste du prix Polaris en 2021 pour Three Little Words.

L’écriture des chansons de ce prochain album a été thérapeutique pour Dominique Fils-Aimé, qui s’y est mise alors qu’elle souffrait d’une blessure au dos ayant forcé l’annulation de plusieurs spectacles de sa dernière tournée européenne. 

«Je me suis retrouvée au lit à ne rien pouvoir faire. C’est la première fois que je vivais vraiment de la douleur au long terme. Dès que j’ai pu bouger un peu, on dirait que tout ce que je voulais faire, c’était écrire. L’album est sorti tout seul», se rappelle-t-elle. 

En ce sens, l’artiste voit cette œuvre comme son «outil de guérison» lui ayant permis de «déposer [sa] douleur», mais aussi de se connecter à celle-ci.  

«J’ai souvent pensé à la musique comme outil de guérison mentale, mais il y a aussi ce côté où, physiquement, ça m’a fait du bien d’être enfin assise devant un micro et de pouvoir sortir tout ce qui avait macéré en moi durant ce mois et demi où je ne pouvais pas bouger», précise-t-elle.  

Celle qui était dans le domaine de la psychologie avant de se lancer dans une carrière de chanteuse pense que sa musique peut aussi faire du bien aux autres. 

Je veux juste créer avec ce qui vient de mon cœur et ce qui vient de mon âme. Tout ce qui compte, c’est que quelqu’un ressente ce que j’essaie de lui faire ressentir, ressente que je lui parle de cœur à cœur. 

Dominique Fils-Aimé, autrice-compositrice-interprète et lauréate du prix Gilles-Vigneault de la Fondation SPACQ

Une artiste jazz et hors norme 

Chacun des trois opus de sa trilogie est associé, respectivement, aux genres blues, jazz et soul.  

Questionnée à savoir quelle saveur aura son prochain disque, Dominique Fils-Aimé répond avoir réalisé, à travers la création de la trilogie, qu’elle était profondément une artiste jazz.  

«Parce que le jazz représente la liberté de créer comme on veut. C’est autant mélanger des styles que prendre des avenues qui, pour certains, ne se font pas. Pour moi, quand on dit que ça ne se fait pas et qu’on le fait, c’est du jazz», déclare-t-elle.  

Celle qui a l’habitude de donner la consigne de ne pas applaudir avant la toute fin de ses spectacles se plaît à défier les codes.  

Il faut dire qu’on considère souvent Dominique Fils-Aimé comme une artiste hors norme. Et elle se dit en accord avec cette affirmation, surtout considérant le fait qu’elle n’a pas de formation musicale. 

«Je ne suis pas vraiment consciente des normes, alors déjà c’est facile de créer sans quelque chose qu’on ne connaît pas, pense-t-elle. Au début, j’avais le sentiment qu’il me manquait de l’information, parce que je n’avais pas étudié. Mais maintenant, je suis vraiment à l’opposé: je ne veux rien savoir». 

Les 16 et 17 mai prochains, Dominique Fils-Aimé présentera la Trilogie symphonique, un concert en collaboration avec l’orchestre symphonique de Montréal

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