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Le gamin au vélo: l'enfance nue

Sur le plan international, les frères Darden­ne font partie de l’élite cinématographique. Rares lauréats de deux Palmes d’Or, Luc et Jean-Pierre Dardenne pratiquent un septième art naturaliste où les comédiens et l’émotion sont constamment à l’avant-plan.

Grand Prix au dernier Festival de Cannes, Le gamin au vélo traite également de ces milieux désœuvrés où la violence et la pauvreté risquent de corrompre la jeunesse. Le protagoniste est encore une fois un enfant, Cyril (Thomas Do­ret), 11 ans, qui préférerait revoir son père (Jérémie Renier) que d’accepter l’amour d’une inconnue (Cécile de France).

«Un moment, le gamin va se dire qu’il n’y a qu’une seule personne au monde qui puisse l’aider et c’est elle, explique Jean-Pierre Darden­ne, joint en Belgique. Il va lui falloir du temps pour comprendre ça, parce que c’est difficile d’admettre que votre père ne veut plus de vous, qu’il ne veut plus vous voir.»

Devant l’adversité, son passé trouble et son futur incertain, Cyril se dresse, contre vents et marées, à l’image des autres héros des cinéastes qui sont tous des battants. «Nous, on aime bien raconter des histoires où les personnages sont vraiment obsédés par quel­que chose, admet le réalisateur. Ici, le gamin est obsédé par le fait de retrouver son père, d’habiter avec lui de nouveau. S’il pense autre­ment, il s’écroule, il arrête de vivre.»

Le gamin au vélo semble cependant opérer une rupture dans le cinéma social des frères Dardenne. Le long métrage est tourné l’été, il comporte de la musique, et l’histoire s’apparente à une fable, noire mais peut-être plus optimiste que Le fils et Le silence de Lorna. «On fait des films durs, mais on n’a jamais eu le sentiment de faire des films désespérés, nuance Jean-Pierre Dardenne. On n’a jamais conclu en disant que c’est fichu, qu’on ne peut rien changer, que personne ne peut changer. Ce n’est pas notre vision du monde, notre vision des choses.»

Oracles de talent
Les frères Dardenne sont passés maîtres dans l’art de faire découvrir de nouveaux visages. C’est ce qu’ils font de nouveau dans Le gamin au vélo, où le jeune Thomas Doret brille de mille feux en vivant sa première expérience cinémato­graphique. «On a répété un mois et demi avant le tourna­ge, se rappelle Jean-Pierre Dardenne. Thomas a compris que le boss du film, c’était lui. Cet enfant a une maturité étonnante pour son âge. Il a amené quelque chose de formidable sur le plateau. Il est arrivé, tous les jours, de bonne humeur. C’était la première fois que nous avions un plateau aussi détendu. On n’était pas habitués à ça.» 

Le gamin au vélo
En salle dès vendredi

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