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Fabien Cloutier et l’humour citoyen

Photo: collaboration spéciale

Entré dans le monde du spectacle par la porte du théâtre, celui qui s’est fait connaître du public du Zoofest surtout pour son personnage de Chabot, à la verve dénonciatrice, monte cette année sur scène en tant que lui-même, Fabien Cloutier.

«J’avais envie d’élargir la vision qu’on peut avoir du monde», explique-t-il à l’autre bout du fil. Son personnage a fait bien de la route depuis le conte Ousqu’y é Chabot, qui l’a vu naître en 2005, avant qu’il réapparaisse quelques années plus tard dans Scotstown, puis Cranbourne. Manuscrit en main, l’auteur et comédien, qui ne peut se détourner de son engagement social, partagera dans En laboratoire ses tourments, ses points de vue et son mépris de la bêtise humaine.

Par le passé, il admet que le panache de son personnage a aidé le public à accepter d’être remis en question dans ses jugements et son confort quotidien. Se montrer sous un nouveau jour ne semble pourtant pas effrayer Fabien Cloutier. «Plusieurs humoristes, plusieurs monologuistes le font. Je pense par exemple à Yvon Deschamps : ce gars-là va dire des choses au public qu’il ne dirait pas nécessairement à ses proches. Alors, je serai Fabien Cloutier sur scène, mais je ne dirai pas les mêmes choses que je dirais dans un souper!»

Fabien Cloutier aime jouer sur l’ambiguïté. Le spectateur peut d’abord approuver une réplique crue et en rire, puis,  alors même qu’il rigole, en venir au doute et à l’interrogation. «J’espère être capable de faire en sorte que les gens n’aient pas le choix de prendre position, et c’est sûr que je commence à y parvenir», dit-il d’un ton assuré. Dans Billy, pièce de son cru pour laquelle il a reçu le prix Gratien-Gélinas 2011, Fabien Cloutier dénonçait l’immobilisme en mettant en scène des situations du quotidien. Pour Sacrifice, c’est le climat social du printemps dernier qui l’avait particulièrement inspiré. «Ça peut devenir de l’humour dans la façon de traiter les choses. On peut parler d’immobilisme dans une thèse, mais pourquoi pas aussi dans le théâtre ou l’humour?» La prise de position lui vient naturellement lorsqu’il écrit. En fait, rectifie-t-il, il peut difficilement s’en défaire. «L’actualité nous ramène constamment en plein visage la preuve qu’on ne peut pas tout laisser entre les mains des décideurs et se dire que ça va aller parce qu’il y a des lois. J’espère, dans ce sens-là, que je vais faire de l’humour citoyen. Et pour y arriver, ça se peut que je picosse les gens dans leur réalité», prévient-il.

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Avec ce one man show présenté au Zoofest dans une version laboratoire, l’auteur se lance dans un exercice de ré-écriture. «J’avais déjà fait ça un peu avec Sacrifice, explique-t-il. Entre la première et la sixième représentation, il y a eu un monde. Et après, quand on a fait le show à Québec, c’était vraiment une réécriture.» L’homme de théâtre avoue avoir hâte de prendre le pouls du public. «Le quatrième show va être… je ne veux pas dire meilleur, ricane-t-il, mais il va assurément être différent.»

L’univers de Fabien Cloutier  rallie un public plutôt varié. Dans une vidéo promotionnelle diffusée pour En laboratoire, il rigole en parlant de faire l’unanimité. Quand on lui demande si c’est là quelque chose d’important pour lui, le comédien répond qu’il s’en soucie peu, du moment où il a son espace de parole, quoiqu’il ne faudrait pas pour autant dire qu’il fait de «l’humour sérieux».

Fabien Cloutier – En laboratoire
Au Théâtre La Chapelle
Ce mardi, mercredi, vendredi et samedi à 22 h

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