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Les nuances pas grises de Misteur Valaire

Photo: Yves Provencher/Métro

Le quintette sherbrookois Misteur Valaire brille à nouveau par son éclectisme musical avec son quatrième album, Bellevue. À l’occasion de la rentrée musicale, Métro a attrapé au vol quatre de ces drôles de moineaux avant qu’ils prennent la route.

S’ils n’ont pas chômé ces derniers temps, les gars de Misteur Valaire n’affichaient aucun signe de fatigue, ou presque, à quelques jours du grand dévoilement de leur quatrième album. Au contraire, pleins de vivacité, ils répondaient du tac au tac dans un entretien aussi coloré que leur musique.

Pop, électro-jazz, funk : les qualificatifs qui leur sont accolés sont multiples… à la grande satisfaction des principaux intéressés. «On ne voulait pas un album qui soit monochrome», a dit le bassiste François-Simon Déziel, visiblement confiant que le groupe ait rempli sa mission. Bellevue ratisse-t-il plus large dans le panorama déjà vaste des influences de Misteur Valaire? «C’est sûr qu’en trois ans, on a eu le temps d’en écouter pas mal, de la musique!, répond le saxophoniste du groupe, Jonathan Drouin, amusé.

Avec des refrains accrocheurs, des synthétiseurs débridés et des samplings des plus variés, Bellevue transporte tant par ses envolées seventies que futuristes. «Je dirais plus que l’album offre un voyage dans l’espace plutôt que dans le temps, rectifie Jonathan Drouin. Par exemple, Banana Land, qui est vraiment plus une toune de plage, Space Food ou Bellevue, ça évoque plus des couleurs de lieux, de mood.»

Mais définir leurs nuances musicales n’est pas leur tasse de thé. Ils préfèrent de loin les peindre que les dépeindre. Quoi qu’il en soit, pour nourrir leur éclectisme, la formation en jazz de quatre de ces cinq originaux leur sert assurément. «Je pense que c’est un genre qui permet d’explorer d’autres styles musicaux, lance le seul de la meute qui n’ait pas étudié en jazz, Louis-Pierre B. Phaneuf. Par exemple, si on pense à The Jimi Hendrix Experience, poursuit-il, ce sont des musiciens de jazz qui ont formé l’histoire du rock et ça s’est vu avec beaucoup d’autres groupes aussi. C’est un bagage qui te permet d’explorer et de mélanger les instrumentations plus cuivrées du jazz avec les sonorités électroniques notamment.» Ensuite, l’échantillonnage multiplie les possibilités. Un discours, un slogan publicitaire : tout, ou presque, peut s’avérer inspirant. «On essaie d’aller puiser au-delà du vintage, mais aussi dans des trucs plus actuels ou intergénérationnels», ajoute François-Simon Déziel. Par exemple, des extraits tirés d’une émission de pêche sportive à RDS ponctuent la pièce La nature à son meilleur.

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Misteur Valaire a d’ailleurs misé sur l’échantillonnage pour rehausser les lignes mélodiques de Bellevue, qui sont moins guidées par des leads vocaux que sur Golden Bombay. Les membres de la formation expliquent cette nuance par le fait qu’ils ont limité les collaborateurs sur leur nouvel album. Le résultat n’est pas pour autant plus instrumental, insiste Louis-Pierre B. Phaneuf. «C’est un peu ce qu’on souhaitait avec cet album dès le départ, de réduire les collaborateurs, renchérit son comparse Julien Harbec. On s’est tellement gâtés avec Qualité Motel, dont toutes les chansons avaient un ou même deux collaborateurs chacune.» Sorti en février et réalisé en un temps record, le premier album du projet entièrement électro du quintette lui a servi d’exutoire dans sa création. «On avait environ deux jours pour enregistrer chacune des tounes. On a lancé des idées sans retenue même si ça pouvait être quétaine, explique le bassiste du groupe. On se permettait d’avoir une esthétique très dance et nineties et ça marchait parce que c’était Qualité Motel et c’était ça l’ambiance. On  ne se permettrait pas d’aller dans cette direction-là avec Misteur Valaire sans se poser de questions», ricane-t-il.

Si Bellevue regroupe un moins grand éventail d’artistes invités, Misteur Valaire s’est tout de même fait le plaisir de quelques collaborations, notamment celle du rappeur Heems de l’ancienne formation Das Racist. «C’est un groupe culte de notre génération et ç’a été pour nous une bonne influence, raconte Louis-Pierre B. Phaneuf, enthousiaste. Ce groupe-là a un peu révolutionné à sa façon la scène hip-hop avec le joke rap, avec leur manière d’écrire sans se prendre au sérieux.» Le chanteur londonien Jamie Lidell a également ajouté son grain de sel à Bellevue.

Le quatrième opus de Misteur Valaire sera également l’occasion pour la formation d’effectuer sa plus importante tournée européenne jusqu’à maintenant. Mais avant, le groupe sera au Festival de l’Outaouais Émergent le 6 septembre, à Sherbrooke le 11 et à Montréal le 13. À en croire ces originaux Misteur, leur spectacle, mis en scène par Brigitte Poupart, sera aussi coloré que leur musique.

Albums prometteurs
La musique de Misteur Valaire étant métissée, ses influences sont nécessairement multiples. Voici plusieurs albums à paraître en cette rentrée musicale qui risquent de jouer dans leur van de tournée.

  • Kill de Hook de Random Recipe, qui sort le 8 octobre.
  • Le quatrième album d’Arcade Fire, qui sort en novembre.
  • Le EP de Dear Criminals, disponible dès le 30 août.
  • Maladie d’amour de Jimmy Hunt, qui sort le 1er octobre.
  • Optimizer de MGMT, disponible dès le 17 octobre.
  • Nouvel album de Beck, «qu’il devrait sortir sans nous avertir! Il faut tout le temps le surveiller, celui-là!»

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Bellevue
En magasin dès le 9 septembre

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