Machete, le truand repenti
Quand Hollywood a besoin d’un Mexicain dur à cuire, l’homme à appeler est invariablement Danny Trejo.
Avec son visage buriné, sa queue de cheval et le tatouage de femme coiffée d’un sombrero qu’il a sur sa poitrine, c’est l’hombre qui fera reculer jusqu’à la frontière ces gringos pâles et grassouillets qui viennent faire la fiesta à Tijuana.
Et non seulement Trejo a l’apparence idéale pour ces rôles, mais il a aussi le curriculum vitæ pour le faire. On pense, notamment, à son passé de toxicomane et à ses multiples séjours en prison. Il a fait du temps à San Quentin dans les années 1960, et, pendant une révolte, a même lancé une pierre qui a atteint un officier de la prison – ce qui était à l’époque passible de la chambre à gaz.
Mais l’acteur a fait du chemin depuis ces jours sombres, et la suite de Machete – le premier film dont il tient le rôle principal – arrive en salle. Dans Machete Kills (Machete tue) Trejo (le Machete du titre) est à l’emploi d’un président des États-Unis blagueur (Charlie Sheen). Sa mission? Anéantir un trafiquant d’armes milliardaire (Mel Gibson) qui a l’intention de faire exploser la planète.
C’est un programme en 12 étapes et une série de concours de circonstances heureuses qui ont mené Trejo vers sa nouvelle vie – un changement qu’il attribue à «la grâce de Dieu». «Chaque matin, je me réveille dans un état de bénédiction absolue; chaque soir, je vais au lit dans un état de bénédiction absolue», résume-t-il au bout du fil depuis sa résidence à Los Angeles, dans la vallée de San Fernando.
À 69 ans, Trejo est passé des bagarres en prison au golf et aux chiens. Aujourd’hui, il supervise une équipe qui fait des travaux dans sa cour arrière pour installer un parcours. «Je tourne une sitcom avec George Lopez qui s’appelle Saint George, et il m’a donné des bâtons de golf, alors… j’apprends à golfer!» dit-il.
Une pause, un bruit tonitruant et des jappements se font soudainement entendre. «HÉ! ARRÊTEZ ÇA!» Une minute plus tard, l’acteur est de retour au téléphone. «J’ai les chiens les plus désobéissants au monde. J’en ai six. Je les recueille. Je pense que, sinon, ils auraient eux aussi été destinés à la chambre à gaz», ricane-t-il.
Mais revenons à Machete et à tous ses autres personnages, notamment au lanceur de couteaux de Desperado qui liquide Steve Buscemi et signe presque l’arrêt de mort d’Antonio Banderas. «Cette scène était infiniment cool», lançons-nous avec enthousiasme. Il rigole encore. «Je peux lancer un couteau, mais il faut se souvenir que c’est la magie du cinéma, répond-il. Et Robert Rodriguez, le réalisateur, est clairement le meilleur.»
Apparemment, Machete est meilleur pour lancer des haches à double tranchant. «J’ai un vrai talent pour ça», insiste-t-il.
Mais malgré sa grande réputation de dur à cuire, Machete n’est pas invincible. «Je devais jouer un combat à l’épée avec Mel Gibson, et quand Robert Rodriguez a dit : “On tourne”, j’ai déposé mon épée. Il m’a demandé : “Qu’est-ce qui se passe, Danny?” J’ai répondu : “Je ne me battrai certainement pas contre William Wallace! Il a sauvé l’Écosse, ça va pas la tête?”»
Président Charlie
Charlie Sheen livre une interprétation assez singulière du président des États-Unis dans Machete Kills, un rôle qu’il est le seul à pouvoir assumer. Mais son «président» arrive-t-il à la hauteur de celui interprété par son père Martin Sheen dans la série West Wing? «Mon président est plus intéressant, croit le plus jeune Sheen. Vous voterez pour moi après avoir vu le film.»
Charlie a quelques trucs dans sa manche, en matière de présidence : «Je n’ai peut-être pas toutes les connaissances qu’a le président Bartlett (de West Wing) à propos de l’histoire du monde et toute cette merde, mais je comprends la condition humaine, vous voyez?» dit-il.
Et pourquoi donc le dirigeant interprété par Charlie est-il plus intéressant que celui qui a été à la tête des États-Unis pendant sept saisons dans la série d’Aaron Sorkin? «En un jour dans le Bureau ovale, j’ai couché avec trois femmes, tiré de la mitraillette, bu, fumé, juré, énumère-t-il. En sept ans, papa n’a rien fait de tout ça.»
Mais ne cherchez pas le nom de Charlie Sheen dans le générique de Machete Kills, il y apparaît sous son nom de naissance : Carlos Estevez. Pourquoi? Il aurait souhaité apparaître le dernier dans le générique de début de la façon suivante : «Et Charlie Sheen dans le rôle du président.» «Mais Mel Gibson avait déjà ce créneau, et comme il a déjà quelques Oscars, alors il gagne, explique-t-il. Et j’aime bien Mel. C’est un mec super tant qu’il ne conduit pas après avoir bu – désolé, Mel.»
Heureusement, une autre solution s’est présentée. «Puisque c’est un film de Robert Rodriguez, pourquoi ne pas jouer ma carte latino et écrire : “Et pour la première fois à l’écran, Carlos Estevez dans le rôle du président”?» dit-il. Mais non, amis médias, je n’ai pas changé de nom!»
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Machete Kills
En salle dès vendredi