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Des libraires indépendants en deuil du livre

MONTRÉAL – Refusant de lâcher prise sur le dossier du prix réglementé du livre, une soixantaine de libraires indépendants de partout au Québec ont lancé l’offensive «Sauvons les livres», afin de presser le gouvernement à agir.

Vendredi, des libraires québécois indépendants ou scolaires ont recouvert une partie de leurs présentoirs et vitrines d’un linceul blanc, afin de démontrer ce qu’il restera des librairies, selon eux, si le gouvernement n’agit sur le prix des livres.

En août et septembre, une commission parlementaire s’est penchée sur les différentes positions concernant la question du prix unique des livres.

Des acteurs du milieu du livre québécois réclament une loi qui imposerait un prix plancher et interdirait tout rabais supérieur à 10 pour cent sur les livres neufs pendant les neuf mois suivant leur parution.

Selon certains, cela sauverait les libraires indépendants et contribuerait à préserver la qualité de la littérature; selon d’autres, cela ferait baisser davantage les ventes, les acteurs de la chaîne du livre devant plutôt s’adapter aux nouvelles réalités du marché.

L’Association des libraires du Québec, qui compte mener une série d’actions au cours de la semaine prochaine, a tenu le premier «geste d’éclat» vendredi à la librairie Paulines, rue Masson, à Montréal.

La directrice générale de l’Association des libraires du Québec, Katherine Fafard, a affirmé n’avoir eu aucune nouvelle vendredi du cabinet du ministre de la Culture, Maka Kotto, qui a indiqué en août qu’il voulait trancher la question «rapidement», d’ici la fin de l’année.

«L’urgence, c’est qu’il y a des fermetures de librairies qui s’accélèrent, a fait valoir Mme Fafard en entrevue avec La Presse Canadienne. Il y en a eu neuf en 2012 et quatre en 2013, dont la Librairie générale française, à Québec. Ça faisait 40 ans qu’ils étaient dans le Vieux-Québec, c’était une institution.»

La libraire spécialisée en ouvrages scolaires Guérin fermera aussi ses portes à Montréal le 20 décembre, rapporte-t-elle.

Mme Fafard souhaite faire comprendre aux consommateurs que la non-intervention du gouvernement sur le prix du livre ne serait bénéfique qu’à très court terme.

«C’est sûr qu’à court terme, les consommateurs vont penser qu’ils n’ont plus accès à de grands rabais. Mais rapidement, si les librairies indépendantes ferment, il n’y aura que des multinationales américaines, qui proposeront des traductions de livres américains.»

Et comme ces grandes chaînes auront le plein plancher, elles ne proposeront plus de rabais non plus, affirme Mme Fafard.

«Les éditeurs auront moins de points de vente, donc le prix unitaire va devoir augmenter de toute façon. C’est ce qui s’est passé en Angleterre: les indépendants sont presque inexistants, Amazon fait presque toutes les ventes. Même les chaînes sont en faillite. Donc Renaud-Bray et Archambault, ici, ne seront pas à l’abri», souligne-t-elle.

L’Association des libraires du Québec promet d’autres actions surprises la semaine prochaine dans le cadre de l’offensive «Sauvons les livres».

Mme Fafard espère que le ministre Kotto agira dès cet automne et qu’il utilisera «la tribune du Salon du livre pour nous annoncer une bonne nouvelle».

L’attaché de presse du ministre de la Culture et des Communications a simplement affirmé, vendredi, que le dossier «chemine de façon normale vers la prise de décision au conseil des ministres».

Marc-André de Blois a indiqué par courriel que le gouvernement présenterait des solutions «à court et moyen termes».

Il a souligné que la tenue de la commission parlementaire sur la pertinence d’une loi sur le prix unique du livre était un engagement électoral du Parti québécois.

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