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André Vander: partir du réel pour pouvoir y revenir

Après des années de douleur à la suite de la disparition tragique de Dédé Fortin, avec qui il créa l’album culte Dehors novembre, l’ancien bassiste des Colocs, André Vander, décida un jour de changer sa façon d’appréhender la vie.

Le résultat de ce changement? French toast et peines perdues. Comme le dit Leonard Cohen, « il suffit parfois d’une fissure pour laisser pénétrer la lumière »…

Sur votre album, on retrouve des ambiances de bar, des sonorités tomwaitsiennes, des élans à la Brel, de la bédé musicale et beaucoup d’autres choses. Qu’aviez-vous en tête au cours du processus créatif?
Après mes années de dub et de reggae, je cherchais dans quel type de projet m’embarquer. Or, l’idée de faire un album de chansons est apparue lorsque j’ai repris la pièce Marie-Jeanne (Joe Dassin), qui parle de post suicide, mais sans colère. J’ai remarqué qu’il y avait de la colère dans tous les textes que j’écrivais depuis six ou sept ans. Ce qui m’était très néfaste. Donc, à l’origine, je souhaitais composer un album où il n’y aurait pas de colère, histoire de retrouver une certaine paix intérieure.


Peut-on dire que le socle musical de l’album est constitué de reggae dancehall, auquel on aurait greffé diverses influences arabes, jazz, slaves…?

Cet exercice de style avait pour objectif de m’éloigner du reggae pur. J’ai beaucoup donné là-dedans et je pense que pendant ce temps, j’ai négligé mon côté auteur. À la fin de ce projet, j’ai fait parvenir un CD au Festival en chanson de Petite-Vallée, et j’ai remporté le prix de la meilleure chanson.


On a parlé des Colocs. Est-ce que l’on retrouve du Pat Esposito di Napoli, l’ex-harmoniciste décédé du sida, dans la pièce La Poussière qui raconte, façon bouddhiste comme lui, comment les choses se transforment?

J’ai vécu une longue histoire qui s’est terminée et on a toujours l’impression de perdre quelque chose lorsque cela se produit. Mais « rien ne se perd, rien ne se créer ». Cet amour-là, il va simplement ailleurs. Le côté Pat, on le retrouve dans Le Marginal qui, à l’origine, part d’un couplet que j’avais écrit pour la pièce Tassez-vous de d’là. Comme j’arrivais d’Europe à cette époque, mon écriture était trop française pour le joual à Dédé. Il y a eu un clash. J’ai donc repris cette chanson. Si ça parle des problèmes de dépendance à la drogue? Je préfère conserver un côté mystérieux aux chansons. Car, comme le disait Dédé, «il faut partir du réel pour pouvoir y revenir».

Parcours musical

  • 1992. Fondation en Belgique du groupe Les Frères Brozeur, avec lequel il officie en qualité de bassiste. Il participe à trois albums.


  • 1996. Installation à Montréal pour se joindre aux Colocs. Son style imprégné de reggae dub procure une saveur particulière à l’album Dehors Novembre (1998).


  • 2001. avec Mike Sawatzky, ancien membre des Colocs, il coréalise à titre posthume l’album Suite 2116.


  • 2006. André Dédé Vander se consacre à un projet de remix dub composé de collaborations, qui débouchera sur l’encodé Bass ma Boom Sound System vol. 1.


  • 2007. Création avec Michel Vézina du spectacle Dub et Litté et cap sur le Québec, Haïti, la France, la Belgique et le Sénégal.


  • 2010. Le projet «André Dédé Vander» est cristallisé par la parution de l’album French toast et peines perdues, en mars 2012.

French toast et peines perdues
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