L’étudiante et Monsieur Henri: une histoire en miroir
Le réalisateur et dramaturge français Ivan Calbérac adapte au grand écran sa pièce de théâtre à succès L’étudiante et Monsieur Henri.
Avant de faire carrière dans le domaine des arts, Ivan Calbérac a longtemps fait des maths. Pas par choix, mais pour faire plaisir à ses parents. Et c’est en partie ce qui a inspiré l’histoire de la pièce L’étudiante et Monsieur Henri, dans laquelle Constance, une étudiante qui ne sait pas encore ce qu’elle veut faire dans la vie et qui se sent étouffée par ses parents, loue une chambre chez Monsieur Henri, un vieil homme bougon à la santé vacillante qui ne peut plus vivre seul. Mais celui-ci espère surtout se servir de la jeune femme pour faire dérailler le mariage de son fils, qu’il n’approuve pas.
«L’histoire est construite un peu en miroir, en mettant en scène cette jeune fille qui veut s’affranchir de ses parents et trouver sa voie, et qui va du même coup transmettre quelque chose à ce vieux monsieur qui est en guerre contre le monde entier, et contre son fils en particulier, décrit le réalisateur. En l’aidant à s’apaiser et à retrouver son fils.»
Si Ivan Calbérac n’avait pas envisagé de faire un film avec sa pièce («le théâtre me semblait la meilleure façon de raconter cette histoire»), quand, après le succès de celle-ci, ses producteurs lui ont suggéré de l’adapter, il s’est réjoui à cette perspective. «Une pièce, quand on la joue, c’est génial, mais après, il n’y a plus rien, fait-il remarquer. Alors qu’un film, on peut encore le regarder des années après, il peut traverser les frontières aussi.»
«Pour le film, j’ai tenté de conserver tout l’humour de la pièce tout en précisant certains éléments psychologiques des personnages, parce que le cinéma exige plus de réalisme alors qu’au théâtre, on peut se permettre certains raccourcis pour favoriser la comédie.» -Ivan Calbérac, dramaturge et cinéaste
Un gros travail d’adaptation a été nécessaire – l’action ne se déroulant pas en une soirée, comme dans Le prénom ou Un air de famille, le cinéaste a pu se permettre d’ajouter des lieux et d’éviter l’aspect «théâtre filmé» –, notamment dans le choix des comédiens. «J’avais eu des acteurs super au théâtre, mais il nous en fallait des plus connus au cinéma», explique Ivan Calbérac, qui a rapidement pensé à Claude Brasseur (La boum, Fauteuil d’orchestre) pour jouer Monsieur Henri : «Je voulais un visage familier, quelqu’un qui pourrait faire partie de notre famille; et Claude Brasseur, on le connaît depuis tellement longtemps, c’est comme s’il faisait partie de notre patrimoine.» À l’inverse, Noémie Schmidt, la jeune actrice suisse qui joue l’étudiante et qu’on a vue depuis dans la série Versailles, n’avait que peu d’expérience au moment de tourner ce film. «Je l’ai découverte en audition, et je trouve qu’elle a une fraîcheur, et en même temps l’aplomb qu’il fallait pour jouer face à Claude Brasseur, lance le réalisateur. Son personnage, c’est une fille qui ne se laisse pas démonter, même si elle n’a pas confiance en elle; elle a beaucoup d’énergie, beaucoup d’enthousiasme et un bon sens de la répartie.»
Guillaume de Tonquédec (Le prénom) et Frédérique Bel (Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?), le fils de Monsieur Henri et son épouse, se sont aussi imposés comme une évidence. «Je voulais des acteurs qui puissent jouer autant le drame que la comédie, note Ivan Calbérac. L’équilibre entre la comédie et l’émotion, c’est ce que je recherche en permanence. Passer de l’émotion au rire et du rire à l’émotion sans arrêt, c’est ce que je préfère au cinéma en tant que spectateur, donc c’est ce que j’essaie de faire en tant que réalisateur. Je trouve ça jubilatoire.»
L’étudiante et Monsieur Henri
En salle vendredi