Idylle hors du commun
Dans Le goût des merveilles, la comédienne belge Virginie Efira tombe sous le charme d’un trentenaire brillant et sensible, atteint du syndrome d’Asperger. Elle nous parle de cette idylle hors normes.
Avez–vous rencontré des spécialistes de l’autisme pour préparer le rôle?
Mon partenaire Benjamin Lavernhe et le réalisateur Éric Besnard l’ont fait. Moi pas. Ni par fainéantise ni par manque de curiosité, mais le rôle ne le demandait pas. Au contraire : ça aurait été contre-productif, car mon personnage ne connaît rien du syndrome d’Asperger et le découvre en rencontrant cet homme. Mais j’avais conscience que l’autisme dépassait le cadre de Rain Man.
Avez-vous été «bluffée» par Benjamin Lavernhe, dont le rôle était assez «casse-gueule»?
Benjamin m’épate depuis la première fois que je l’ai vu au cinéma dans Radiostars. Il joue à la Comédie-Française, a une grande technique, mais ne cherche jamais la performance. Quand nous avons fait des essais pour le film, il y a eu une forme de connivence entre nous. De la complicité, mais aussi quelque chose de physique : j’ai un côté solide, terrien, et lui est au contraire long, aérien. Cette opposition servait nos personnages.
«Quand on a peur, quelle meilleure réponse que l’espoir et la beauté?» –Virginie Efira
Ce film est-il une histoire d’amour différente de celles que vous avez précédemment tournées?
Ce n’est pas une «vraie» comédie romantique. Éric Besnard regarde les choses différemment, sort du conformisme du genre. J’aime d’ailleurs les films qui trouvent la beauté dans la difficulté : cette histoire d’amour n’est pas évidente, personne ne sait si elle marchera, mais il y a de l’espoir, des possibilités.
Le personnage masculin a une capacité d’émerveillement hors du commun. Et vous?
Je le crois. C’était d’ailleurs très fort chez moi pendant l’enfance et l’adolescence. Et puis, dans le monde où nous vivons, j’ai presque eu honte d’assumer. Jusqu’à ce que je réalise qu’avoir une conscience du monde n’empêchait pas de déceler le bonheur et la beauté là où ils se trouvent. C’est d’ailleurs presque un acte politique en ce moment : quand on a peur, quelle meilleure réponse que l’espoir, l’ouverture aux autres, l’émerveillement et la beauté?
Le goût des merveilles
En salle dès vendredi