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Rachid Taha: La fureur de dénoncer

Photo: Festival Nuits d’Afrique\Collaboration spéciale

Le roi du raï, Rachid Taha, débarque à Montréal et promet de faire danser les foules! Le dandy apparaît plus rebelle que jamais.

Avec neuf albums studio à son actif, des lives endiablés, des compilations, des trames sonores de films, des participations à de nombreux groupes et même un livre, le musicien algérien est plus actif que jamais. Et il n’a toujours pas la langue dans sa poche.

Vous êtes invité dans le cadre de Nuits d’Afrique, qui fête cette année son 30e anniversaire. Vous pensez souvent au passé?
Très peu. Je ne sais pas si j’ai évolué, mais je garde le cap. J’aime de plus en plus ce métier que je commence à  dompter. Ce n’est pas facile, mais j’espère y arriver.

Plus jeune, c’était difficile?
Quand on est jeune, on est un peu fougueux. On fait parfois un peu n’importe quoi aussi. Et ça nous permet d’arriver au stade où on est maintenant.

Vous êtes une bête de scène. Je me rappelle d’un concert où vous sembliez être dans un autre univers…
La scène me met en transe. Ce n’est pas naturel comme métier. Il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent le faire. Ça demande beaucoup de mégalomanie. Devant le public, on a l’impression d’avoir tous les pouvoirs. On se crée un personnage, on devient le roi de la planète, on se prend pour Dieu.

«Quand je vois la réalité politique et la réalité du monde, je réagis. Je réagis avec mes émotions qui m’obligent, à la limite, à devenir encore plus punk.» –Rachid Taha


Malgré l’âge et l’expérience, vous ne semblez pas vous être calmé.

Quand j’entends des conneries politiques, ça me renforce dans ma façon d’être. Je pense qu’à la limite, tout ce qui se passe me rajeunit. Ça me donne la fureur de vivre, de continuer et de dénoncer l’extrémisme, le racisme, le fascisme.

C’est quelque chose que vous faisiez déjà dans les années 1980, alors que vous participiez à des marches pour la tolérance…

Oui. Pour moi, ça n’a pas changé. Rien n’a changé. Ce que je trouve dommage. J’étais en Angleterre le jour du Brexit. Tous mes amis musiciens anglais étaient endeuillés et j’étais en colère. C’est quand même grave.

Et on sent que ça ne va pas en s’améliorant non plus.
C’est ce qui me fait peur. Ça m’oblige à être sur mes gardes et à défendre la démocratie, la liberté d’expression. Quand je vois qu’en Algérie, on a emprisonné trois acteurs parce qu’ils critiquaient le gouvernement, ça me met hors de moi. Le combat continue. Surtout que j’étais à l’aéroport d’Istanbul le jour des attentats.

Vous sentez avoir un certain pouvoir en tant que célébrité?
On a un petit pouvoir quand on voit le public. Mais le lendemain, si ça se trouve, il m’a oublié… Donc, on essaie de refaire des chansons pour lui rappeler la situation, pour lui rappeler la tolérance. C’est un boulot quotidien.

Rachid Taha
Mercredi à 20 h 30
Au Metropolis

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