Smoke and Mirrors: Mise à nu
Après le couple de Pour le meilleur et pour le pire, un autre duo homme-femme s’amène à «Montréal complètement cirque» dans le spectacle Smoke and Mirrors.
On les devine homme et femme d’affaires à leurs complets qui jurent avec l’impressionnant numéro de trapèze qu’ils exécutent et à l’argent qui résonne autour d’eux. Puis, peu à peu, les vêtements tombent et le couple s’affranchit de ses liens avec la société capitaliste… jusqu’au lendemain, quand les cheveux sont remontés en chignon et que veston et tailleur sont enfilés de nouveau.
Voilà comment on pourrait résumer Smoke and Mirrors (expression qui évoque l’écran de fumée des illusions) de la troupe du Nouveau-Mexique The Ricochet Project. On l’aura compris, on est davantage dans le spectacle contemplatif à saveur engagée que dans le pur divertissement acrobatique.
Smoke and Mirrors plaira d’ailleurs davantage au public amateur de danse contemporaine qu’à celui qui préfère le rythme effréné du cirque, plusieurs numéros se rapprochant plus de la première discipline. À ce chapitre, on soulignera que la scène de l’Espace Go n’était peut-être pas le meilleur choix pour un spectacle où les acrobates sont souvent au sol, la vue de la majorité des spectateurs étant obstruée par la rangée devant eux.
Enveloppés dans une trame sonore éthérée et mélancolique, les deux interprètes, à mesure qu’ils se dévêtent et se montrent fragiles et vulnérables, émeuvent. Et si une impression de répétition et de longueur teinte certains moments du spectacle, particulièrement ceux en solo, les numéros de danse en duo, hypnotisants, les rachètent bien : on pense entre autres à un duo acrobatique accompagné de la musique de Philip Glass et d’un extrait de discours tiré du film The Dictator de Chaplin.
Si tous les spectateurs ne seront pas forcément charmés par Smoke and Mirrors, ceux qui s’abandonneront à la mise à nu de ce joli couple auront du mal à réintégrer les rangs le lendemain matin.
Smoke and Mirrors
À l’Espace Go jeudi, vendredi et samedi à 21 h