Les membres du C.A. de l’UNEQ démissionnent en bloc
Les membres de l’Union des écrivaines et écrivains du Québec (UNEQ) ont rejeté mercredi soir, lors d’une longue assemblée générale extraordinaire, la proposition controversée de «résolution sur les cotisations syndicales» émise par le conseil d’administration. En tout, 56 % des membres s’y sont opposé.e.s, contre 40 % en faveur. Face à ce rejet majoritaire, les sept administrateur.trice.s du C.A. ont annoncé leur démission collective ce vendredi.
L’UNEQ proposait de prélever une cotisation syndicale de 2,5 % sur les revenus de ses membres et de 5 % sur ceux des auteur.trice.s non membres. Ces sommes auraient servi à financer des négociations collectives avec les maisons d’édition dans le but d’améliorer globalement les conditions de travail et la rémunération des écrivain.e.s de la province.
En s’opposant à cette résolution, «les membres manifestent un désaveu de la vision stratégique portée par le conseil d’administration, indique l’UNEQ dans un communiqué. Depuis 2018, celui-ci poursuivait l’objectif prioritaire d’établir et de mettre en application un cadre collectif de conditions de travail minimales pour les artistes de la littérature, et il considère toujours que l’implantation de cotisations syndicales serait le meilleur moyen de financer la mise en place des négociations collectives qu’a permise l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le statut de l’artiste».
La démission entrera en vigueur lors de la prochaine assemblée générale annuelle, le 31 mai. Il a été demandé au directeur général de procéder rapidement à un appel de candidatures afin de pourvoir les sept postes.
«Il reviendra à une nouvelle équipe d’élus de bâtir une autre proposition pour atteindre cet objectif tant attendu depuis des décennies. La nouvelle loi sur le statut de l’artiste est une grande victoire et demeure, à nos yeux, l’élément le plus précieux pour de futures avancées», indique la présidente de l’UNEQ, Suzanne Aubry, qui quittera ses fonctions.
Enjeux qui mobilisent
Si l’UNEQ déplore «la violence de certains propos tenus ces derniers mois sur les réseaux sociaux ou dans des échanges privés», elle se réjouit en revanche «de la mobilisation des autrices et des auteurs lors de ce rendez-vous historique, qui témoigne de l’intérêt porté à ces enjeux», déclare Mme Aubry.
En effet, la proposition d’instaurer des cotisations syndicales suscitait des réactions mitigées depuis des mois au sein du milieu littéraire, dont la chaîne du livre est fort complexe à encadrer.
«Les propositions de l’UNEQ proviennent d’un idéal louable, très noble: donner aux auteur.es ce qui leur revient, soit un statut de respectabilité qui fait souvent pâle figure à côté du statut des comédiens, humoristes, chanteurs et autres vedettes dont la face passe à la télé», a indiqué l’auteur et enseignant Steve Laflamme sur Facebook au lendemain de la réunion extraordinaire, qui a duré plus de six heures, précise-t-il.
«[J]e partageais ces derniers mois la grogne de plusieurs de mes collègues à propos de ce réflexe facile de piger encore une fois dans les poches de celles et ceux qui constituent le maillon le plus vulnérable de la chaîne du livre — les auteur.es, écrit-il également. Je suis toutefois plus nuancé que d’autres en ce qui concerne l’ensemble de ce dossier. […] Je ne partage cependant pas les sentiments antisyndicalistes de certain.es de mes collègues. Il faut faire attention aux amalgames.»