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«L’écoute d’une émotion»: le désir, entre perte et libération 

Photo: Gracieuseté, Marlene Gelineau Payette

Le désir, un sentiment qui nous sort de la répétition de notre quotidien et nous transforme. C’est un peu le sujet de la pièce L’écoute d’une émotion, mettant en vedette Larissa Corriveau et présentée à l’Espace Go du 9 au 20 mai. 

La nouvelle pièce de l’autrice-metteuse en scène Marie-Laurence Rancourt repose donc sur les épaules de Larissa Corriveau, qu’on a pu voir en 2022 dans les films Viking et Un été comme ça. Un défi que la comédienne relève haut la main, livrant ce monologue avec aplomb et d’une voix charmante et parfaitement adaptée au rôle qu’elle incarne, celle d’une animatrice radio. 

D’entrée de jeu, la comédienne est dos à la scène, assise devant la table d’un studio de radio sur laquelle trônent trois micros. Un cadran donnant l’heure est fixé en haut de la scène, cadran que Larissa Corriveau surveille comme du coin de l’œil pour calculer ses temps d’intervention. 

La proposition est claire, Marie-Laurence Rancourt veut faire un parallèle entre une émission de radio qui débute et une histoire d’amour – et d’infidélité – naissante. L’animatrice est en direct, elle est donc en roue libre, avec tous les risques que cela comporte: un invité qui ne se pointe pas, une question qui tombe à plat, une chanson qui ne débute pas au bon moment… 

Pendant toute l’introduction, on ne voit pas le visage de la comédienne. Elle lève le doigt, une musique s’amorce en sourdine, elle termine son intervention, puis elle se tourne vers le public en souriant. La musique s’accélère, un générique est projeté au-dessus de la scène. Nous ne sommes plus à la radio, nous plongeons pendant un instant dans le monde du cinéma. 

Une entrée en matière, avouons-le, drôlement efficace… 

Photo: Gracieuseté, Marlene Gelineau Payette

Magnéto 

L’écoute d’une émotion est la deuxième proposition théâtrale de l’organisme de création et de production sans but lucratif Magnéto. Comme son nom le suggère, le langage, la parole et l’écoute sont au cœur de la création de cet organisme, d’abord connu pour son travail en art sonore et radiophonique (AALAAPI, La punition, La nuit Myra Cree). 

Malheureusement pour les amoureux de ce média, l’univers de la radio n’est pas le sujet de la pièce, mais plutôt un prétexte de mise en scène – d’ailleurs peu à peu abandonné en cours de route – où une femme raconte une passion vécue avec un homme que tout semble opposer à elle. 

Oui, comme une émission de radio, le monologue est entrecoupé de pièces musicales allant des Rita Mitsouko à Soft Cell. Oui, la comédienne parle parfois dans un micro comme si elle était véritablement en studio. Mais, peu à peu, elle repousse ces artifices, la table de studio est enlevée de la scène et les musiques préenregistrées sont remplacées par une chorale – une idée qui, au demeurant, s’avère très ludique.  

Photo: Gracieuseté, Marlene Gelineau Payette

La proposition reste malgré tout intéressante, se concentrant davantage sur l’émotion que la réflexion, ce qui n’est pas un défaut en soi, mais risque de laisser indifférent certain.e.s spectateur.trice.s venu.e.s – peut-être à tort – chercher autre chose. 

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