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M’entends-tu: du changement qui fait du bien, malgré tout

M'entends-tu
M'entends-tu Photo: Télé-Québec

Tout d’abord, avant de parler de la nouvelle série de Télé-Québec, il faut saluer la méthode de distribution de cette nouveauté.

L’intégrale est disponible en ligne sur le site de la chaîne en exclusivité jusqu’au 6 janvier, puis il y aura une diffusion traditionnelle chaque semaine à la télé. En inversant l’habitude, Télé-Québec annonce qu’il y a un réel intérêt à satisfaire les internautes tout en offrant aux abonnés du câble traditionnel la même qualité de production.

Ça semble banal à première vue, mais ce ne l’est pas puisque le web, chez les diffuseurs d’ici, est trop souvent la «poubelle» de la télé qui reçoit des restants et du contenu déjà mastiqué. Télé-Québec prend le pari que son dévoilement en exclusivité sur le web aura un impact positif sur les visionnements en ligne tout en conservant l’auditoire à la télé. Il y a des précédents avec les options payantes de Tou.TV et du Club Illico, mais Télé-Québec ne mise pas sur un mur payant afin de quantifier et monnayer son innovation. Tout est au service de l’auditoire, purement et simplement, et juste pour cela M’entends-tu vaut le détour.

Maintenant, qu’en est-il de cette comédie dramatique signée Florence Longpré? On se tourne vers un milieu défavorisé de Montréal avec, pour une fois, des protagonistes qui n’habitent pas dans des lofts tout blancs et décorés comme un long fil Pinterest. On suit trois jeunes femmes dans leur quotidien avec un entourage coloré, des petites magouilles et des problèmes flottants de consommations, d’amour-propre et de violence. C’est différent, pour notre télé, mais il ne faudrait pas tout de suite crier à la révolution – même qu’on pourrait être déçu de la livraison d’un tel potentiel.

Premièrement, impossible de ne pas faire le lien direct avec la production Shameless, autant sa version britannique que la reprise américaine. Sans dire que s’inspirer de la télé d’ailleurs pour le faire à notre sauce est un défaut, ça peut devenir un irritant quand la réalisation, le montage et la structure narrative sont pour ainsi dire calqués avec l’ajout de sacres d’Hochelaga-Maisonneuve. Si Shameless vous a fait rire, M’entends-tu vous tombera vite dans l’œil.

Je vous épargne les clichés pour vous dire que la distribution est talentueuse et les textes bien livrés. C’est un peu une évidence quand on ouvre les portes de nos écrans à une nouvelle plume comme celle de Longpré qui, forcément, va y mettre beaucoup d’elle-même et de ses influences. C’est à la fois une qualité et un défaut, par exemple quand on utilise beaucoup trop la musique pour rythmer l’action. Ça devient vite agaçant dans l’ensemble, même si les moments sont individuellement intéressants.

J’ai aimé les quatre premiers épisodes, mais je ne partage pas l’enthousiasme de plusieurs collègues qui voient dans cette série quelque chose comme le meilleur coup de l’hiver sur nos écrans. Je pense surtout qu’on nous sert tellement toujours la même recette dans nos fictions que dès qu’on change quelques épices, nos papilles s’emportent. Comme une histoire d’amour naissante après une difficile séparation.

Avec un peu de recul, M’entends-tu est gratuitement vulgaire pour l’effet comique, un peu trop approximatif dans sa définition de personnage et il n’y a pas de réel récit – mais ça fait changement alors ça se prend bien.

Profitez-en pendant que tout est en ligne gratuitement.

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