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«Dialogues pour un homme seul»: un film opposé à la masculinité toxique

Un exemple de masculinité douce, sincère et positive, tout ça en poésie
Dans le film, Edgar Bori dialogue avec le spectateur sur des sujets aussi poétiques que philosophiques. Photo: Capture d’écran, Jean-Pierre Gariépy, FunFilm distribution, Productions de l’onde

Dans son nouveau long métrage, Dialogues pour un homme seul, le réalisateur de Villeray Jean-Pierre Gariépy souhaite donner une image différente des hommes, loin de celle offerte par Will Smith dimanche dernier, lors de la cérémonie des Oscars.

Avec la voix et la douce poésie de Michel Garneau, et le talent du musicien-dramaturge Edgar Bori, il livre un message d’amour et de bienveillance.

Le long métrage est une adaptation cinématographique de la pièce Garneau/Bori, créée en 2017 par Edgar Bori et mise en scène par Michel Bruzat. Dans un grand théâtre vide, Edgar Bori incarne un acteur en résidence qui prépare sa prochaine création.

Il navigue parmi des thèmes aussi simples et variés que l’amour, la vie et la mort, et les transcende en poésie. Pour cette nouvelle œuvre, Jean-Pierre Gariépy s’est aussi entouré de Jean-François Groulx et de Josianne Paradis.

Qu’est-ce que vous avez voulu transmettre avec ce film?

J.-P. Gariépy: C’est un essai cinématographique en hommage à la poésie. J’ai voulu donner la parole d’un homme pacifique. Une parole d’homme qui soit basée sur les émotions avec de la générosité. C’est particulier, car il est rare que les hommes parlent comme ça. Je voulais aussi que le public prenne connaissance des artistes Edgar Bori et Michel Garneau, un des plus grands poètes québécois.

Comment parlent les hommes?

J.-P. G.: Comme Will Smith [le soir des Oscars]… Je suis tout à fait en opposition à la masculinité toxique, à la guerre en Ukraine, au comportement des hommes violents. Je m’oppose aux hommes qui ne s’expriment pas. Là, on a affaire à une poésie, à une parole intérieure. C’est un homme qui parle de ses émotions, de ses attitudes, de ses relations, des difficultés de la vie. Tout cela d’une façon généreuse, allant vers l’autre. C’est le total contraire de ce geste absurde et autodestructeur [en référence à la gifle portée par Will Smith au présentateur Chris Rock]. C’est un extrême, mais dans la vie quotidienne, les hommes ont beaucoup de mal à faire face à leurs émotions avec nuance.

Le film aborde des thèmes simples et profonds, comme la mort. Comment avez-vous voulu les aborder?

J.-P. G.: Michel Garneau, c’est le poète de la vie ordinaire, de la simplicité, de la générosité. Il peut aborder des sujets graves et lourds, toujours avec un humanisme extraordinaire qu’on n’entend pas souvent. Je le considère comme le plus grand poète. Sa poésie est accessible et belle, elle nous force à réfléchir à la mort, la vie, l’amour.

Ce sont pour vous des sujets tabous dans la masculinité?

J.-P. G.: Très tabous. On peut toujours entendre parler là-dessus, mais la manière dont c’est présenté dans le film est différente.

C’est une pièce de théâtre d’Edgar Bori. Comment avez-vous fait pour l’adapter au cinéma?

J.-P. G.: Je lui ai proposé de faire un film [après avoir vu] son spectacle. On a travaillé pendant presque deux ans sur l’adaptation de la pièce, que l’on a coscénarisée. Il y a deux grosses différences avec le spectacle. La première, c’est la voix de Michel Garneau. […] On a aussi des extérieurs dans le film qui n’existent pas dans la pièce où Edgar Bori déambule dans Montréal.

Comment fait-on de la poésie sur grand écran?

J.-P. G.: Bori nous parle pour que chaque mot, chaque texte conté ou chanté s’adresse à quelqu’un. À chaque fois, il fallait avoir un personnage auquel il s’adresse. Cela donne beaucoup d’incarnations au personnage; il ne parle jamais dans le vide, ni à une assistance. […] Quand on voit le film, on se sent interpellé. Ce n’est plus de la poésie, mais un dialogue.

D’où le titre?

J.-P. G.: Exactement. Ça veut s’adresser à tout le monde. Le personnage dans le film est tout seul. Il est dans une salle vide. Il est accompagné par son musicien, mais il parle d’une manière solitaire. Le personnage à qui il s’adresse est imaginaire. C’est dans une solitude comme celle qu’a amenée la pandémie. C’est l’isolement des hommes dans la parole. Ça marche très bien avec le sujet.

Des projections de Dialogues pour un homme seul auront lieu les 29 et 31 mars à la Cinémathèque québécoise de Montréal, ainsi qu’au Clap de Québec le 1er avril.

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