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Lisa LeBlanc, la reine du groove avec «Disco Chiac»

Lisa LeBlanc Photo: Josie Desmarais/Métro

On dirait que Lisa LeBlanc a pris au pied de la lettre l’appel des gouvernements demandant aux artistes de se réinventer durant la pandémie. L’autrice-compositrice-interprète acadienne a troqué son banjo pour le disco, se transformant même le temps d’un EP en Belinda, la reine du bingo! Sur son nouvel album Chiac Disco, elle confirme plutôt son statut de reine du groove.

Ce nouvel album est jubilatoire! As-tu eu autant de plaisir à le créer qu’on en a eu à l’écouter?

J’espère! Moi j’ai vraiment eu un blast! Cet album m’a apporté beaucoup de joie, c’était ça le but aussi. Les dernières années ont été difficiles pour tout le monde. Pour moi, la façon de survivre a été de rire et de faire des affaires qui me font du bien. Ça a démarré avec le bingo. J’ai eu assez de fun à faire ça, c’était tellement niaiseux! Ça m’a ouvert plein de portes parce que je n’arrivais plus à écrire; j’avais le classique writer’s block! Je trouvais que je sonnais comme une caricature de ce que je faisais avant, mais en moins bon. Avec Belinda, soudainement je chiais des tounes! On a pris le keyboard, on a fait des affaires nounounes, on a ri! Ça a redémarré la machine créative.

Après avoir exploré plusieurs genres comme le folk, le rock et le bluegrass, tu révèles maintenant une nouvelle facette de ta personnalité musicale. D’où vient ton amour pour le disco?

J’ai toujours adoré le disco, mais pour moi ce n’était pas envisageable d’en faire un album parce que je ne comprenais pas les codes ni les techniques. Je suis habituée de jouer de la guitare acoustique et d’écrire seule, alors que le disco se crée en gang. C’est pourquoi je suis allée chercher des musiciens – Léandre [Bourgeois] et Mico [Roy] des Hôtesses d’Hilaire et mon partner Ben [Benoît Morier, coréalisateur de l’album] – qui adorent la musique des années 1970 et le disco. Ça a été un bel exercice, on a écouté plein de stuff, on a fait plein de recherches…

Cette recherche musicale s’entend lorsqu’on écoute l’album, comment t’y es-tu prise?

J’aime vraiment faire des playlists, creuser, trouver des affaires un peu weird. Ça me passionne de faire des découvertes. C’était vraiment un trip. On a été à 150%, pas juste à moitié. Finalement, ça a donné un album disco, mais aussi funk et psych. Aussi, j’ai tellement de bons souvenirs de disco dancing avec mes meilleures amies, ce sont les best soirées! J’ai écrit les chansons avec elles en tête.

As-tu hâte de présenter cet album sur scène? Il semble avoir été conçu pour être joué devant public!

J’ai assez hâte, je me peux plus! Je n’ai pas fait de show depuis 2018, car j’avais pris une sabbatique en 2019… J’ai eu le temps de m’ennuyer vraiment, là je suis prête à tout donner. Crisse oui! 

J’aime être dans le feu de l’action, que ça bouge et feeler que le monde a du fun.

Lisa LeBlanc

Chiac Disco est ton premier album en français depuis 10 ans. Qu’est-ce qui te plaît de marier ces deux univers?

Je trouvais ça plus le fun chanter du disco en français et en chiac qu’en anglais. Tellement de monde font déjà ça! J’ai aussi passé beaucoup plus de temps par chez nous, à Moncton, pendant la pandémie. J’ai donc été imbibée par la culture, les expressions et l’accent ces dernières années. Les chansons Gossip et Gossip II sont d’ailleurs inspirées des expressions que j’ai entendues dans mon village, à Rogersville. Aussi, le disco est glam, mais moi, je ne suis vraiment pas glam dans la vie! Je viens d’un village de 50 habitants, donc je me reconnais plus dans ce disco rural.

Malgré leur rythme dansant, quelques chansons abordent des thèmes lourds comme le burnout et la langueur. Sur Entre toi pi moi pi la corde de bois, tu chantes: «Si ça continue de même, je me perdrai peut-être dans les craques du couch, j’irai rejoindre les miettes de chips et les mottons de poussières». Qu’as-tu voulu exprimer ainsi?

J’ai voulu être en réponse à la productivité excessive qui nous est demandée. Quand je checke autour de moi, je réalise que tout le monde ou presque a fait un burnout! En ce moment, il y a un mouvement nommé The Great Resignation; beaucoup de monde quitte leurs jobs parce que ce n’est pas facile pour la santé mentale. Ce sont des choses que je vivais et j’ai voulu les mettre en tounes sans que ça devienne trop dramatique, d’où la musique up-tempo. J’ai tout le temps peur de tomber dans la victimisation, donc j’essaie d’avoir une petite twist.

On vit dans un univers de gourous et de lifestyle. Ark! Ça me dégoûte, j’haïs ça! Le self-help, ça me fait chier! Je peux-tu juste vivre ma vie et ne pas être obligée d’être heureuse all the time?

Lisa LeBlanc

Il y a aussi beaucoup d’humour sur Chiac Disco, notamment sur les deux Gossip et Le menu acadien, une chanson à l’instrumentation très langoureuse qui énumère les plats alléchants de ton coin de pays! Était-ce important pour toi d’offrir cet équilibre?

C’était ça le but! J’aime avoir une grosse musique cochonne seventies et nommer des plats zero foodie, tellement pas sexy! C’est juste drôle. Et je dis ça avec tellement d’amour, ce sont tous des plats avec lesquels j’ai grandi, que je mange encore et que j’adore. Donc oui, ça crée une balance sur l’album.

La scène acadienne en pleine effervescence
Il y a 10 ans, on découvrait Lisa LeBlanc avec Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde. Depuis, plusieurs jeunes artistes acadiens se sont taillé.e.s une place de choix sur la scène musicale francophone, dont Les Hay Babies, Les Hôtesses d’Hilaire et P’tit Belliveau. Parmi ses coups de cœur récents, Lisa LeBlanc recommande Menoncle Jason, «qui est fucking bon, son dernier album a aucun bon sens», et Maggie Savoie, «une guitariste qui écrit de super bonnes tounes».

Chiac Disco: en vente et sur les plateformes ce vendredi.
Lisa LeBlanc sera en spectacle au MTELUS le 16 juin dans le cadre des Francos de Montréal.

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