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«C’est pas grave, dans le fond», nous rappelle Virginie Fortin

Virginie Fortin Photo: Denis Germain/Métro

Dans Mes sentiments, son deuxième spectacle solo, Virginie Fortin poursuit ses réflexions mi-existentielles, mi-nounounes sur le sens – ou plutôt le non-sens – de la vie. Rencontre avec une humoriste non conventionnelle et drôlement utile.  

Le titre de ton spectacle porte à croire qu’il sera plus personnel. Pourtant, tu n’es pas le genre d’humoriste qui raconte des anecdotes de sa vie sur scène. Quels sont ces sentiments?

Je savais que le titre aurait cet effet! Je me suis rendu compte que tout est un sentiment. Même si le show ne s’appelait pas Mes sentiments, il parlerait de mes sentiments. Toutes les chansons du monde pourraient s’appeler Mes sentiments. Toutte, toutte, toutte pourrait s’appeler Mes sentiments. On pense que c’est un show plus personnel et il y a une part de vérité là-dedans. Mes sentiments principaux, qui sont la nostalgie et la notion de pourquoi-on-existe-c’est-bizarre, partent de l’enfance. Je n’ai donc pas le choix de parler des premiers moments où j’ai posé ces questions à mes parents.

Te dis-tu que «c’est bizarre être quelqu’un» depuis la tendre enfance?

Oui, et je me le dis encore tous les jours. Je suis capable de fonctionner, mais toutes les heures de ma vie, je réalise que je suis prise dans un corps humain. C’est tellement bizarre. Tout le monde est quelqu’un! Nos vies sont organisées dans des routines qui ne nous permettent pas de nous perdre longtemps dans ces questionnements.

Est-ce que l’humour te permet de donner du sens à ce non-sens?

Je pense que c’est à ça que sert l’humour… Quand j’ai commencé dans ce métier, je faisais des jokes pour faire des jokes. Avec l’expérience, on dirait que je n’ai plus tant de pudeur, que je suis capable et que j’ai les outils pour parler de ce qui m’intéresse et qui m’inquiète vraiment. L’humour est un mécanisme pour se protéger de ce qui nous hante. Après, je ne vis pas dans une grande angoisse. Ces questionnements m’ont troublée longtemps, mais quand j’ai accepté que je ne comprendrais jamais, ils sont devenus ludiques.

Après tout, ce n’est que Du bruit dans le cosmos, pour citer le titre de ton premier spectacle…

Exactement! Autant on sortait de mon dernier show un peu stressé, autant on sort de celui-ci en se disant: «Ah, c’est pas grave dans le fond», même si je parle des problèmes qui font que le quotidien est stressant.

Tu qualifiais ton premier spectacle d’«existentialiste et niaiseux»; est-ce qu’on peut en dire autant de celui-ci?

Ça s’applique aussi à Mes sentiments. C’est mon style d’humour. Je me pose des questions irrésolues, mais je ne cite pas Nietzsche quand même! Je suis profondément conne dans la vie. (Rires.) En impro, je n’étais pas celle qui arrive avec une proposition super intelligente, du genre: «On va faire ça à la manière du théâtre de Ionesco»; j’étais tout le temps la madame qui arrive dans le coin et qui dit: «Qui c’est qui a pété dans mon frrrigidairrre?» Après, quand j’ai découvert le stand-up, je me suis intéressée à des humoristes qui amenaient mon cerveau à des places où il ne serait pas allé par lui-même, comme Stewart Lee, Bridget Christie et Daniel Kitson.

Ça a l’air d’une grande œuvre sérieuse, mais on niaise, la gang. Ça reste de l’humour!

Virginie Fortin, à propos de son spectacle
En 2018, tu nous avais fait part de ton intention de compléter une maîtrise en philosophie avant tes 40 ans. Comment avance ce projet?

J’ai encore l’intention de retourner aux études, mais la maîtrise va attendre. Quand la pandémie a commencé, je me suis inscrite comme étudiante libre à Concordia. J’y ai suivi des cours de portugais sur Zoom. Je veux retourner à l’école juste parce que ça me tente. Je suis installée dans une carrière qui va pas pire, je n’ai pas la pression de faire des études qui vont déboucher vers quelque chose. C’est vraiment exigeant quand on est jeune de faire des choix dans le but de devenir quelqu’un plus tard. Je parle justement dans mon show de la nécessité de faire quelque chose qui va nous rendre «utile». Moi, j’ai étudié des affaires inutiles, qui me sont finalement utiles parce que j’en parle sur scène et que ça fait de bonnes jokes. J’ai l’impression qu’aucun apprentissage n’est réellement inutile.

Parmi tes autres projets, tu seras de la distribution de 23 décembre, un film écrit par India Desjardins et réalisé par Miryam Bouchard. Est-ce un genre de Love Actually québécois?

India a dit que c’est comme Love Actually, mais pas problématique! C’est un film choral de Noël. Mon personnage s’appelle Elsa Lévesque, on la décrit comme une célibataire endurcie qui veut trouver l’amour. C’est une comédie romantique très drôle. Je n’en reviens pas, c’est mon premier film! On m’a offert ce rôle sur un plateau d’argent.

Virginie Fortin présentera Mes sentiments au Théâtre National du 8 au 10 mars, puis en tournée partout au Québec.

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