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Osons l’école de demain

Photo: Archives
Ugo Cavenaghi - Collaboration spéciale

Une année scolaire s’achève, qui fut vécue, comme la précédente, dans un contexte inédit. L’enseignement à distance a occupé une place de premier plan, avec plus ou moins de succès selon les établissements. Les écoles québécoises avaient accumulé un retard en matière d’utilisation des technologies numériques, que la pandémie n’a fait qu’exacerber.

J’ai une pensée pour les enseignantes et les enseignants qui ont dû se démener seuls, sans préparation, privés de l’accompagnement de qualité auquel ils avaient droit. Cette situation de crise équivaut à courir un marathon sans entraînement préalable. Vous allez évidemment finir la course sur les genoux et détesterez dorénavant cette activité.

Des syndicats de l’enseignement montent actuellement au créneau pour exprimer leur rejet en bloc de l’enseignement à distance, au prétexte que l’aventure fut éprouvante. Ils adoptent une posture de refus, avant même que nous ayons eu le temps de faire le bilan de cette expérience collective qui nous a emmenés hors des sentiers balisés.

Je fais partie de ceux et celles qui croient depuis longtemps que les technologies sont indispensables à la réussite éducative. Bien utilisées, elles montrent un grand potentiel pour une éducation plus inclusive, mieux adaptée aux besoins de chaque élève. Imaginez que cette pandémie soit survenue il y a 20 ans, sans les moyens technologiques dont nous disposons aujourd’hui ! Le système éducatif a par ailleurs la responsabilité de préparer les jeunes à se former tout au long de leur vie, en leur donnant la capacité d’apprendre dans différents contextes : en classe, en ligne, en équipes, etc.

Maintenant que les élèves ont connu d’autres façons d’apprendre et ont gagné en autonomie, nous devons nous poser la question suivante : en classe, leur offrons-nous toujours une expérience qui vaut le déplacement ? Comme pour le télétravail et la télémédecine, nous avons réalisé que le « 100%

présentiel » n’est pas toujours optimal. Le recours à l’enseignement à distance aura permis de mieux saisir quelles activités d’apprentissage peuvent être avantageusement réalisées hors des murs de l’école. Pas seulement à la maison, mais au musée, dans un parc-nature ou ailleurs. Or, le Québec est la seule province canadienne qui n’autorise pas les écoles à offrir l’enseignement à distance, en temps normal. Une règle rigide qui limite la possibilité de continuer d’explorer ces avenues prometteuses.

Au public comme au privé, le personnel a déployé une grande créativité pour s’adapter, pour faire évoluer ses pratiques pédagogiques à vitesse grand V. Pourquoi ne lancerions-nous pas un grand chantier d’innovation, en collaboration avec la recherche universitaire, où nous pourrions partager notre expertise et profiter de cet élan ?

Je me refuse à laisser des groupes de pression court-circuiter encore une fois l’ouverture au changement qui anime la communauté éducative. Laissons-nous la chance d’apprendre de la crise sanitaire, afin d’offrir à nos élèves un système éducatif plus innovant. Nous le devons aux jeunes générations, surtout après les turbulences qu’elles viennent de traverser.

Par Ugo Cavenaghi

L’auteur est le président-directeur général du Collège Sainte-Anne et le co-auteur de l’essai Osons l’école d’après : apprendre de la crise pour innover en éducation (2020).

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