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Violence conjugale: cri du cœur des maisons d’hébergement

Le projet de centre d’hébergement pour femmes à LaSalle commence à prendre forme. Un comité de travail a été mis sur pied.
Les maisons d'hébergement pour femmes lancent un cri du coeur. Photo: Deposit photos
Annick Brazeau, Sabrina Lemeltier et Manon Monastesse - Collectif d'organismes regroupant des maisons d'hébergement pour femmes

LETTRE OUVERTE – Gisèle, 29 ans, poignardée le 9 septembre. Viergemene, 42 ans, poignardée le 16 septembre. Synthia, 38 ans, et ses deux garçons assassinés le 26 septembre. Les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence lancent un cri du cœur aux futurs premier ministre et ministres de la condition Féminine et de la Santé et des Services sociaux. Beaucoup a été fait depuis 3 ans, des budgets conséquents ont notamment été injectés dans les services d’aide communautaires, pour l’implantation de tribunaux spécialisés et de cellules de crise.

Gisèle et Viergemene avaient pourtant fait tout ce que la société demande aux victimes de violence conjugale : demander de l’aide, quitter l’agresseur, déménager, etc. Leurs ex-conjoints étaient assujettis à des conditions strictes, mais l’analyse de leur dangerosité a d’évidence été défaillante. L’ex-conjoint de Synthia n’était pas connu des services de police mais, selon notre expérience, la décision d’enlever la vie dans un contexte de contrôle coercitif ne survient pas par hasard, il y a toujours des signes avant-coureurs.

«Il faut bien comprendre que dans chaque situation de violence conjugale, il y a des signes précurseurs et un modus operandi similaire de la part des conjoints violents. Une vision et compréhension même de la problématique est nécessaire afin de protéger réellement ces femmes. Une formation obligatoire et continue doit être offerte aux personnels afin que le concept de contrôle coercitif soit compris et évalué de la bonne façon», indique Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF).

Besoin d’aide? Numéro de téléphone de SOS violence conjugale: 1 800 363-9010
Ligne ouverte 24 heures sur 24

Synthia était une professionnelle d’un milieu aisé, elle avait certainement accès aux services de santé, ainsi que ses enfants. N’y avait-il pas autour d’eux des professionnels qui auraient pu déceler les risques?

L’action 23 du Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale 2018-2023 prévoit depuis 4 ans la formation des professionnels de 1e ligne sur le dépistage de la violence conjugale, une formation de 6h est disponible sur le web, non-obligatoire. La Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer la violence sexuelle, la violence conjugale et Rebâtir la confiance dévoilée en juin dernier est muette à ce sujet.

Aucune action ne vise la formation systématique du personnel de la santé (médecine familiale, périnatalité, urgences, etc.) et des services sociaux en cette matière.

Comme cette stratégie se veut évolutive, nous demandons le suivi, l’évaluation et le renforcement des efforts visant à rendre les professionnels plus alertes et réactifs face aux signes de violence conjugale.

«Il est inutile de multiplier les cellules de crise si le personnel de 1e ligne n’est pas formé au dépistage, ce sont bien souvent eux qui sont à la base de toute première étape du déclenchement du mécanisme de gestion de crise», selon Annick Brazeau, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. «Il est impératif que le nouveau gouvernement poursuive l’implantation de ces actions de façon déterminée et efficace», ajoute-t-elle.

Pour Sabrina Lemeltier, présidente de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, «les maisons d’hébergement sont disponibles pour faire plus que leur part dans la mise en œuvre des recommandations des experts, le MSSS doit de son coté prendre la situation à bras le corps : financer les maisons d’hébergement ne suffira pas à la tâche, le réseau de la santé doit outiller adéquatement son personnel de 1e ligne, et s’assurer du développement de leurs compétences dans le déploiement des centres de services intégrés avec le ministère de la Justice, en complémentarité des tribunaux spécialisés».

En cas de danger ou même de simple de questionnement, toute femme peut trouver du soutien auprès d’une maison d’aide et d’hébergement, avec ou sans séjour sur place.

Annick Brazeau, Présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Sabrina Lemeltier, Présidente de l’Alliance des maisons d‘hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.
Manon Monastesse, Directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF).

L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (AMH2) compte 35 maisons membres dans 14 régions du Québec dont l’objectif principal est la prévention de l’homicide conjugal. Elles offrent des services spécialisés en violence conjugale postséparation, Le premier critère d’admission est la dangerosité de l’ex-conjoint; 8% des femmesau départ d’un refuge d’urgence, vivent des enjeux de sécurité majeurs et auront besoin d’un hébergement de 2e étape.

De par sa mission d’éducation, de sensibilisation et d’action, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC) contribue à faire évoluer les lois et les politiques afin de rendre plus adéquates les mesures de protection pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale. Dans une perspective de prévention, il déploie un éventail de stratégies pour aider tous les acteurs de la société québécoise à mieux comprendre, dépister et agir en matière de violence conjugale.

La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) représente 36 maisons d’hébergement d’urgence ainsi que 23 maisons de 2e étape à travers le Québec. L’objectif premier ? La promotion et défense des droits des femmes violentées et de leurs enfants. Les maisons membres de la FMHF accueillent chaque année 3 000 femmes et 1 500 enfants victimes de violence familiale et conjugale, d’agressions et d’exploitation sexuelles, de traite et de violences basées sur l’honneur, avec des enjeux de consommation, de santé mentale, d’itinérance et autres.

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