Ottawa se vante de réductions de GES… dues à la pandémie
Le Canada aurait réalisé des progrès dans la lutte aux changements climatiques d’après Environnement et Changement climatique Canada. Un rapport rédigé par l’agence fédérale évoque une diminution de 9,3% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2020 par rapport à 2005.
Or, cette diminution s’observe surtout entre 2019 et 2020, moment où elle a été de 8,9%. Cette période correspond à la pandémie, alors que l’activité économique et les déplacements en voiture ont été substantiellement réduits. Si on exclut cette période pour ne garder que celle allant de 2005 à 2019, la baisse des émissions de GES a été de seulement 1%.
Cette baisse de 2020 peut difficilement être attribuée à l’action gouvernementale. Dans un communiqué, Environnement et Changement climatique Canada affirme pourtant que les progrès du pays sont dus à «l’intensification de ses actions».
Par ailleurs, les émissions des Canadiens et Canadiennes restent beaucoup trop élevées. Le rapport évalue que les émissions annuelles de GES par habitant se situaient à 19,4 tonnes en période prépandémique. Le Groupe d’expert intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC) recommande que ce chiffre d’émissions par habitant se situe à deux tonnes.
Le gouvernement Trudeau estime tout de même que grâce aux mesures mises de l’avant, le pays serait en bonne voie pour couper de 40% ses émissions de GES par habitant en 2030 par rapport à 2005.
Le Canada, mauvais élève?
Ottawa se félicite de plusieurs actions qu’il aurait posées en faveur de la lutte aux changements climatiques. Environnement et Changement climatique Canada met ainsi de l’avant la tarification du carbone depuis 2019, l’obligation de la vente d’automobiles carboneutres en 2035 ainsi que divers soutiens et financements accordés.
Cependant, le gouvernement fédéral s’est aussi illustré en 2022 par l’approbation en avril du projet d’exploitation pétrolière Bay du Nord. Dans son dernier rapport, le GIEC fustigeait pourtant l’augmentation de la production pétrolière et insistait sur le nécessaire coup d’arrêt aux nouvelles infrastructures d’hydrocarbures. De leur côté, les autorités canadiennes affirment dans leur rapport uniquement vouloir plafonner les émissions liées à la production d’hydrocarbures, mais n’évoquent pas de moratoire sur ces nouvelles infrastructures.
Le GIEC rappelait aussi en 2022 l’importance de modifier les habitudes alimentaires de sorte à réduire la consommation de viande et à consommer davantage d’aliments locaux. Dans son rapport et ses plans, Environnement et Changement climatique Canada ne présente aucune directive qui suit cette voie.