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Les NFT ou le buzz de l’art intangible

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Image du projet Tangible Data de l'artiste Johann Baron Lanteigne qui illustre sa perception du phénomène des NFTs. Photo: Gracieuseté

Les NFT (Non-Fungible Tokens, littéralement jetons non fongibles) sont en train de révolutionner le milieu de l’art. On ne parle pas ici de tableaux concrets, mais plutôt de certificats d’authenticité numérique associés à une œuvre numérique et qui lui confère sa valeur. Ouin. Métro vous explique.

L’usage le plus commun des NFT est pour l’art numérique. Ça marche en fait avec la même technologie que la cryptomonnaie. En achetant un certificat virtuellement, on a la preuve qu’on possède l’œuvre originale d’un artiste, même si cette œuvre peut être partagée à l’infini sur le Web. D’où le terme «non fongible», puisqu’elle est unique, même si en apparence, elle pourrait ressembler à une autre. 

«L’art numérique n’a jamais pu établir sa valeur. On pouvait juste sauvegarder un fichier dans notre ordinateur et dire qu’il nous appartenait. Il n’existait pas de façon de confirmer que c’était l’original. Les NFT viennent régler ce problème. Maintenant, on peut associer valeur et rareté à cet art», explique Yannick Folla, co-fondateur du centre 0x Society, premier musée NFT au Canada. 

Les NFT existent dans leur forme actuelle depuis 2017. Si la technologie a peu changé depuis, sa popularité a, elle, explosé, métamorphosant son utilisation et sa valorisation par la bande. 

Un boom récent 

Une fulgurante montée des prix des cryptomonnaies a d’abord permis l’enrichissement de leurs détenteurs, qui ont voulu réinvestir dans ces monnaies virtuelles profitables. Leur nouvelle cible? L’art NFT.  

En constatant cet engouement des investisseurs, plusieurs artistes importants se sont lancés dans les NFT et ont fait des ventes impressionnantes. Par exemple, en mars dernier, l’artiste numérique américain Beeple a vendu une œuvre numérique pour 69 millions de dollars. 

De grandes entreprises et des célébrités ont rejoint le mouvement. Pas question de manquer une chance de faire la piastre. Ainsi Visa, Square et Stripe ont adopté la cryptomonnaie, et des vedettes telles que Snoop Dogg, Eminem, Paris Hilton, Lindsay Lohan, Ellen DeGeneres, ont rejoint les rangs des collectionneurs d’art NFT.  

Et ne croyez pas que c’est réservé qu’à la crème d’Hollywood ou qu’aux dirigeants de la Silicon Valley. Il y a même des artistes et collectionneurs au Québec. 

«Montréal est le centre culturel du Canada et la ville numéro un au pays en termes de concentration de talents dans le domaine des effets visuels, du design de jeux vidéo et du graphisme. Il s’agit d’amener les artistes à croire en ce mouvement», croit Yannick Folla.  

Collectionnez-les tous! 

Le fondateur de 0x Society est lui-même collectionneur d’art NFT. Il y voit le même intérêt qu’avec l’art traditionnel. L’estimation de la valeur des œuvres est également semblable.  

«La valeur est basée sur l’esthétique de l’œuvre et la qualité du travail. Ensuite on regarde ce qu’a accompli l’artiste, où il a été exposé, son historique de prix, qui le collectionne, etc.» 

La différence entre l’art numérique et l’art traditionnel réside notamment dans le fait que tout le monde peut apprécier une œuvre NFT, car elle circule sur le Web. Les collectionneurs y gagnent, puisque plus de gens voient une œuvre, plus sa valeur est appréciée.  

«Tu peux vendre et réinvestir dans ce marché facilement et rapidement», se réjouit le collectionneur.  

Selon lui, les œuvres numériques s’exposent mieux également. «Chez moi, je télécharge toutes mes œuvres dans un cadre et elles roulent comme une playlist tout au long de la journée. Ça s’expose aussi sur la télé, le cellulaire, l’ordinateur, en réalité virtuelle, etc.» 

Les artistes gagnent 

Établi à Montréal, Martin Lukas Ostachowski indique que les NFT ont changé sa carrière. Il a fait la transition de l’art traditionnel au numérique en 2018 en découvrant les NFT.  

«C’est plus facile pour les artistes émergents de percer. On n’a plus besoin de passer par les galeries qui n’exposent que les artistes établis et prennent une commission sur les ventes. On est en contact direct avec nos collectionneurs», explique-t-il. 

Installé à Québec, Johann Baron Lanteigne indique que les NFT lui ont apporté un nouveau public et quelques bidous en plus, lui qui compte maintenant plusieurs ventes de quelques milliers de dollars à son actif.  

L’envers de la médaille 

Les œuvres NFT sont vendues à des prix très variables, allant de quelques centaines de dollars à des millions. Elles sont achetées par les tripeux d’art friands d’investissements nouveau genre. 

À ce titre, le milieu n’est pas à l’abri de la spéculation, notamment dans la vente et la revente de petits avatars créés seulement pour générer des profits. 

Autre côté négatif: la technologie n’est pas verte du tout. La majorité des NFT fonctionnent sur le protocole d’échanges décentralisés Ethereum, dont les transactions nécessitent beaucoup d’énergie. 

Il existe des options plus écolos, mais qui n’ont pas fait leurs preuves, ce qui peut comporter un risque pour les artistes. Ethereum travaille sinon à verdir sa technologie pour 2022.

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