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Mettre Montréal sur la «mappemode»

Anastasia Lomonova, Touch of me, Myco Anna, Valérie Dumaine… Autant de designers qui, s’ils sont bien connus des initiés, ne font que peu ou pas d’écho dans la tête de Monsieur et Madame Tout-le-monde.

Le constat est clair : en dépit d’initiatives plutôt réussies, comme la Semaine de mode de Montréal ou le Festival mode et design, l’industrie de la mode d’ici reste mal connue. Que manque-t-il alors pour qu’elle prenne définitivement son envol tant sur la scène locale qu’internationale? «De la visibilité», répondent en chÅ“ur divers intervenants du milieu.

Malgré tout, le secteur «se défend bien dans le contexte actuel», croit l’une des membres fondateurs de la Fondation de la mode de Montréal, Michèle Boulanger-Bussière. La coprésidente de Sensation Mode, Chantal Durivage, décrit pour sa part la mode d’ici comme une industrie ayant su rebondir et se trouver une niche pour se démarquer : «La qualité supérieure de nos produits et la créativité de nos designers sont des atouts certains», fait-elle valoir.

«Le talent est là!» acquiesce Annick Chabonneau, fondatrice de la boutique virtuelle Chiccane.com, ouverte il y a un an à peine et dédiée exclusivement aux créations canadiennes comme celles des Montréalais Nadya Toto, Denis Gagnon, Judith Desjardins ou Barilà.

Notoriété recherchée
Le talent ne suffit pas. Pour croître, l’industrie a aussi grand besoin de la reconnaissance de consommateurs avides de nouveauté, de qualité, d’originalité et d’exclusivité. «Le secteur a besoin d’aide, et ce, tant sur le plan financier que marketing», avance Katia Dion, qui a créé l’Agence KA il y a cinq ans pour représenter, diffuser et promouvoir de jeunes griffes québécoises. Parmi ses clients, elle compte sur des noms comme Eve Gravel, Dinh Bà, Ruelle et Rachel F.

«Ce n’est pas facile de s’habiller québécois, déplore Mme Bélanger-Bussière. En boutique, souvent, on ne sait pas ce qui est fabriqué ici parce que ce n’est pas clairement indiqué. On pourrait aider beaucoup de détaillants et de designers d’ici si on développait une fierté de porter nos produits, tout comme nous avons développé la fierté de nos humoristes et de nos musiciens.»

«Pour ça, il faut en parler et montrer les créations de nos designers», suggère Mme Durivage. À la barre de Sensation Mode, elle participe notamment à l’organisation de la Semaine de mode de Montréal deux fois par année, où acheteurs et médias sont invités à découvrir les collections de designers triés sur le volet.

Selon Annick Charbon­neau, cette notoriété passe d’ailleurs par les médias. C’est incontournable. «Le contenu éditorial doit être plus représentatif des designers d’ici, renchérit-elle. Certains magazines proposent de très beaux reportages au printemps et à l’automne, mais deux fois par année, ce n’est pas assez!»

La présidente de Chic­cane.com rappelle notamment l’exemple du Vogue américain, qui a pris sous son aile des griffes émergentes dans le but d’en faire la promotion. Une entreprise qui a obtenu son lot de succès en surfant sur la vague environnementaliste. «Nous revenons aux bases de l’achat local, continue-t-elle. C’est un premier pas.»

«Les gens sont de plus en plus conscientisés, constate sur le terrain Katia Dion, mais il faudra aussi aller chercher les bonnes personnes, les bons gestionnaires, qui sauront lever des fonds pour mettre Montréal sur la « mappemode ». Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud; le produit est prêt à prendre son envol!»

Soutenir la relève
C’est bien beau de faire connaître les designers d’ici, mais il faut aussi s’occuper de la relève, souligne Michèle Boulanger-Bussière. C’est un peu ce qui l’a poussée avec quelques collaborateurs à fonder, il y a 20 ans, la Fondation de la mode de Montréal, qui attribue des bourses d’études supérieures et des subventions pour, entre autres, financer des stages à l’étranger, la recherche et le développement au moyen d’une levée de fonds annuelle.

Depuis ses débuts, l’organisme a octroyé quelque 2,6 M$ en bourses. «Je suis fière de mes boursiers et de voir que, oui, on a réussi à aider de jeunes talents à se démarquer», ajoute-t-elle.
D’autres projets se proposent aussi de mettre en valeur le talent des jeunes créateurs. C’est le cas du concours Télio, qui s’adresse aux étudiants en design de mode de 20 écoles canadiennes. La finale nationale, un défilé présentant les créations de 25 finalistes, dont 15 Québécois, sera présentée la semaine prochaine dans le cadre de la Semaine de mode de Montréal.

En ligne
La Ville de Montréal développe aussi de son côté certaines initiatives pour faire connaître les acteurs de la mode. La dernière en date : un site web de type .TV qui devrait être mis en ligne ce printemps. Le développement de ce portail s’inscrit dans le cadre de la stratégie mode Montréal Style libre, lancée en mars 2009.

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