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Montréal-Est: le projet de terminal de carburant n’est plus le bienvenu

Vue aérienne du deuxième site du projet. Photo: Gracieuseté, CIAM

Le projet de terminal maritime de kérosène de la Corporation internationale d’avitaillement de Montréal (CIAM) n’est plus désiré à Montréal-Est, car il ne cadrerait plus avec la nouvelle vision de développement du conseil. La Ville étant tenue de respecter le décret gouvernemental autorisant le projet, la mairesse Anne St-Laurent affirme négocier certains paramètres du projet pour qu’il soit acceptable socialement.

«On veut changer cet historique qui nous suit. On veut que Montréal-Est ne soit plus la ville de la pollution, la ville des raffineries», affirme Anne St-Laurent, en entrevue avec Métro.

L’ancienne administration montréalestoise était pourtant favorable à accueillir le projet de terminal maritime, où sera transbordé et stocké du carburant d’avion destiné aux aéroports de Toronto, Ottawa et Montréal. Le projet compterait un terminal doté de huit réservoirs en bordure du fleuve, un espace de chargement ferroviaire et autoroutier, et un nouvel oléoduc d’environ sept kilomètres reliant les réservoirs aux Pipelines Trans-Nord.

Le projet de 150M$ avait d’ailleurs obtenu un avis favorable du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) en 2018. Le gouvernement du Québec avait pour sa part autorisé le projet par décret l’année suivante.

Anne St-Laurent concède que Montréal-Est ne possède pas les leviers pour s’opposer au décret gouvernemental. Ainsi, la mairesse explique négocier présentement avec la CIAM afin de trouver une «acceptabilité citoyenne» au projet, par exemple par la mise en place de buttes de verdissement qui cacheraient la zone de transbordement.

Le président de la CIAM, Robert Iasenza, indique par courriel que le «le projet conserve la même définition, le même objectif et la même vocation» qu’autorisé par Québec, et ajoute que l’entreprise continue de travailler «avec toutes les parties prenantes […] afin d’obtenir tous les permis».

Une nouvelle vision pour l’Est

Bien que l’ancienne administration – au sein de laquelle Anne St-Laurent était conseillère municipale – avait appuyé le projet, la mairesse indique que les choses ont changé dans les dernières années, notamment avec la signature par Québec et Montréal de la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal en 2018.

«On veut vraiment une vision commune, innovante pour le développement de l’est de Montréal, qui inclut la Ville de Montréal-Est» affirme la mairesse. Une tangente que le nouveau conseil a entamée cet hiver en modifiant son plan de zonage industriel afin de réduire les autorisations pour implanter des industries lourdes sur son territoire.

Abondant dans le même sens et invitant même Québec à retirer son décret, le responsable du développement économique au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin, indique dans une déclaration écrite croire que «les retombées économiques et sociales seraient beaucoup plus intéressantes» si on faisait du secteur «une utilisation stratégique, qui s’inscrit dans la vision partagée par la Ville de Montréal-Est, notre administration ainsi que les partenaires de l’Est».

Un mauvais message, selon Robert Coutu

De son côté, Robert Coutu, maire de Montréal-Est de 2009 à 2021, ne cache pas son désaccord face à la position adoptée par le nouveau conseil.

Il soutient qu’on a «encore besoin de kérosène pour les avions» et que le projet créera des emplois de qualité. Le projet créerait selon lui des «gains au niveau des gaz à effets de serre», son objectif étant de remplacer le transport du carburant qui se fait présentement par trains, camions et barges de la ville de Québec vers le réseau de Pipelines Trans-Nord à Montréal.

Celui qui a travaillé au projet croit que la sortie de Mme St-Laurent, d’abord publiée par le quotidien Le Devoir, «envoie un mauvais message» au port de Montréal, à la CIAM, mais aussi aux entrepreneurs qui voudraient venir s’installer à Montréal-Est qui est «encore une ville industrielle».

À son avis, étant donné l’avancement du projet, il aurait été beaucoup plus judicieux que le conseil municipal approche la CIAM pour voir en amont si le projet pouvait être bonifié, plutôt que de s’opposer publiquement à un projet sur lequel plusieurs personnes ont travaillé.

«C’est un manque de respect envers l’administration et les citoyens qui ont voté a l’époque. C’est inquiétant. Je ne reconnais plus notre ville», déplore-t-il.

Risques environnementaux

Bien que le projet ait été approuvé par le BAPE, le rapport de 2018 énonce toutefois des réserves quant au nouvel oléoduc, «qui longerait un quartier résidentiel de la ville de Montréal-Est, pourrait représenter un risque d’accident avec des conséquences graves pour la sécurité des résidents à proximité». Plusieurs groupes et citoyens avaient par ailleurs émis des inquiétudes quant à la vétusté de l’oléoduc Trans-Nord lors des audiences.

Le Collectif en environnement Mercier-Est avait déposé un mémoire lors des audiences du BAPE. Raymond Moquin, président de l’organisme, partage entre autres les craintes de déversement de kérosène. Selon lui, l’Est accueille déjà suffisamment d’activités industrielles et de nuisances. Ainsi, il souhaiterait que Québec rejette complètement le projet, qui «n’a pas sa place dans l’Est, point».

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