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Vin urbain : la cuvée des toits de Montréal

Vin urbain toits de Montréal
Véronique Lemieux, chargée du projet Vignes en ville compte séduire les montréalais avec son vin produit sur les toits de la ville. Elle veut convaincre les agriculteurs des vertus du verre broyé pour remplacer le sable dans le terreau. Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

Cette année verra l’arrivée du premier vin urbain montréalais produit à partir de raisin cultivé sur un toit d’immeuble et planté dans du terreau mélangé à du verre broyé. On promet une centaine de bouteilles, dont une cinquantaine seront vendues aux enchères.

Véronique Lemieux qui développe des vignobles en milieu urbain, produira ses premières bouteilles de vin buvables en 2020. «On vise une cuvée symbolique pour les cent ans de la SAQ», indique-elle. Elle promet au moins cent bouteilles produites dans son chai urbain installé à Ahuntsic. La moitié des bouteilles seront vendues aux enchères et les profits seront versés à des œuvres de bienfaisance.

Mme Lemieux porte avec beaucoup d’enthousiasme Vignes en ville, un projet d’étude de l’organisme Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/Lab). Il est mené en partenariat avec la Société des alcools du Québec (SAQ) pour une durée de quatre ans.

Le raisin de ce vin montréalais écologique provient des 80 vignes plantées sur le toit du Palais des congrès et de 165 autres pieds cultivés sur un terrain adjacent au siège de la SAQ. C’est du Frontenac blanc et noir, du Marquette ainsi que des Petites Perles, des cépages rustiques adaptés au climat et au terroir québécois.

200 vignes

«Cette année nous allons planter 200 pieds de vigne sur le toit de la Centrale agricole», annonce Mme Lemieux. La Centrale agricole est un incubateur d’entreprises en agriculture urbaine situé à Ahuntsic. Avec ces vignes, Mme Lemieux croit que sera le plus grand vignoble sur toit dans le monde.

Des vignobles sur les toits il en existe déjà en France, notamment au-dessus de la mairie de Paris et bientôt à l’université de Lille. Ce sont des tests à grande échelle qui n’ont d’objectifs de production.

Toutefois, l’expérience commerciale la plus aboutie est celle de Rooftop Reds de Brooklyn, à New York. Cet organisme produit six vins différents à partir d’une cinquantaine de pieds de vigne sur le toit du Brooklyn Navy Yard. Les bouteilles produites depuis 2017 sont destinées à des collectionneurs et sont vendues pour certaines à plus de 1000$.

Les grains de raisin seront pressés et mis en bouteilles à Ahuntsic, là où Vignes en ville dispose d’un pressoir de grande capacité, d’une pompe haute pression avec filtres ainsi qu’un dispositif d’embouteillage.

Pour ne pas rater son coup, Vignes en ville a déjà mené un essai en produisant une trentaine de litres de vin en 2019. Mais elles sont destinées plus au laboratoire que pour la table. «Il n’y aura quasiment rien à boire une fois qu’on aura testé tous les échantillons», admet Mme Lemieux.

Les vignes en plein sol sont cultivées dans une terre mélangée à du verre broyé qui remplace le sable. «Le sol près du siège de la SAQ est très argileux et compact», explique Mme Lemieux. Le verre broyé allège le sol.

Des vignes dans le circuit

Vignes en ville est en train de multiplier les vignobles. En 2021, entreront aussi en production les 60 vignes plantées sur le toit de l’ITHQ et 40 autres sur le toit de Ubisoft.

Toutefois, le projet d’agriculture urbaine est surtout un laboratoire à grande échelle qui teste des solutions en économie circulaire.

«Un projet de culture sur les toits a plusieurs vertus notamment celle d’utiliser des surfaces qui sont inemployées. Cela favorise des circuits de production courts et valorise des ressources inutilisées», assure Daniel Normandin, directeur de l’Institut environnement, développement durable et économie circulaire (EDDEC) de Polytechnique Montréal.

Le fait de recourir au verre broyé est un second atout pour Vignes en ville. «L’objectif est de démontrer que le verre dans un terreau peut remplacer le sable et qu’au final cela donne le même résultat», souligne Mme Lemieux.

«Dans l’économie circulaire, on vise le surcyclage, relève M. Normandin. Il s’agit de donner au produit dans sa deuxième vie plus de valeur qu’il n’en avait au départ. Utiliser le verre comme additif à un terreau, cela a une valeur ajoutée intéressante.»

Mme Lemieux veut convaincre les agriculteurs de restructurer le sol de cette manière. «Me rendre jusqu’à la production alimentaire prouvera la pertinence du processus.»

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